Face à un taux d’accidents élevé, le CEB lance un audit complet de sa sécurité. Les 248 accidents survenus entre 2016 et 2022 ont mis en évidence des défaillances dans la gestion des risques. Cet audit vise à améliorer les pratiques de sécurité, réduire les coûts et protéger les employés.
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De 2016 à 2022, le Central Electricity Board (CEB) a enregistré 248 accidents du travail, un chiffre qui démontre des lacunes dans la gestion de la sécurité au sein de l’organisme. Le CEB a, en début du mois de septembre, décidé de procéder à un audit complet de ses pratiques en matière de santé et de sécurité. Ce processus s’impose non seulement en raison de ce lourd bilan, mais aussi dans le cadre d’une réorganisation structurelle, qui intègre de nouvelles filiales et technologies.
Les activités du CEB, qui incluent la production, la transmission et la distribution d’électricité, sont liées à de nombreux dangers. Des employés travaillent quotidiennement avec des équipements à haute tension, effectuent des interventions dans des zones difficiles, et manipulent des outils potentiellement dangereux. L’audit en question concernera l’ensemble des opérations du CEB, à Maurice comme à Rodrigues, ainsi que ses filiales. Il évaluera l’adéquation des évaluations des risques en place, en examinant notamment les sites de production d’électricité, les infrastructures, les bureaux, les entrepôts, et les interventions réalisées par des sous-traitants. Cette révision doit permettre de vérifier si les mécanismes actuels de gestion des risques sont réellement adaptés.
Cet audit s’inscrit également dans un contexte où le CEB a reconnu que ses normes de sécurité devraient aller au-delà des exigences fixées par l’Occupational Safety and Health Act (OSHA) de 2005. L’intégration des nouvelles filiales (CEB Facilities) ainsi que l’introduction de technologies modernes visant à améliorer la fiabilité de l’approvisionnement posent également des défis en matière de sécurité. « Le CEB est en pleine mutation, et son Safety and Health Management System doit suivre cette transformation structurelle. L’audit devra tenir compte de ce contexte d’évolution pour garantir un environnement de travail sûr et sain dans un cadre opérationnel en constante mutation », fait ressortir un cadre de l’organisme, qui ajoute que l’arrivée de nouvelles technologies, dont les systèmes intelligents de gestion de l’énergie ou les infrastructures automatisées, complique encore plus la donne.
« Ces innovations, tout en augmentant l’efficacité et la fiabilité des services, introduisent de nouveaux risques qui n’existaient pas auparavant. Il est donc crucial que l’audit examine comment le CEB adapte ses mécanismes de sécurité pour faire face à ces nouveaux défis », dit-il.
Révision des programmes internes
Outre l’évaluation des risques, cet audit s’accompagnera d’une révision des programmes de formation interne. « La gestion des risques ne peut être effective que si les employés sont correctement formés pour identifier les dangers et adopter les bonnes pratiques de sécurité », fait part un membre de la direction. Ainsi, le CEB entend restructurer ses politiques de formation, incluant des programmes de sensibilisation, des séances d’induction sur la sécurité, et des formations continues pour maintenir un haut niveau de vigilance.
La formation devra notamment être adaptée à cette nouvelle organisation, en veillant à ce que tous les employés, qu’ils soient issus des anciennes structures ou des nouvelles filiales, soient informés des protocoles de sécurité actualisés. L’on insiste aussi sur le fait que cette formation soit concrète, et non théorique, pour garantir une prise en compte réelle des risques sur le terrain.
Par ailleurs, les accidents de travail ont non seulement un coût humain considérable, mais aussi des conséquences financières non négligeables. Le CEB, avec cet audit, cherche à réduire à la fois les risques d’accidents et les coûts associés, que ce soit en termes d’indemnisation, d’arrêts de travail, ou de réparation des infrastructures endommagées. En procédant à une révision complète de ses pratiques, l’objectif est d’éliminer les failles qui ont pu entraîner des accidents dans le passé.
L’audit s’intéressera également aux procédures de signalement d’accidents et d’incidents évités de justesse, ainsi qu’à l’efficacité des enquêtes menées pour identifier les causes profondes des accidents. « Le CEB devra non seulement améliorer ces mécanismes de gestion des incidents, mais aussi veiller à ce que les recommandations faites à l’issue de l’audit soient effectivement mises en œuvre pour éviter des répétitions », explique pour sa part une source au ministère des Services publics et de l’Énergie.
Le CEB est aussi confronté à des défis spécifiques liés à la sécurité incendie et à la gestion des situations d’urgence. En raison de la nature de ses installations, les risques d’incendie sont une préoccupation majeure. L’audit devra vérifier si des plans d’évacuation et des procédures de gestion de crise efficaces sont en place et régulièrement testés. Il est impératif que l’audit identifie les lacunes dans ces dispositifs et propose des solutions pour améliorer la réactivité en cas de catastrophe.
Un cas d’amputation pour un technicien du CEB
Le dernier accident grave ayant marqué le CEB est celui d’Emrith Gaurav, un jeune homme de 26 ans résidant à Forest-Side. Alors qu’il effectuait des travaux de réparation à Robinson, Curepipe, sur une ligne électrique, il a été frappé par une puissante décharge lorsqu’il a touché un câble. Les membres de son équipe ont rapidement réagi, le ramenant au sol avant de l’évacuer d’urgence vers l’hôpital Artemis. Les médecins ont constaté des blessures sévères causées par un courant de 2 021 volts, endommageant gravement ses muscles et ses os, notamment au niveau des coudes et des mains. Pour lui sauver la vie, ses deux mains ont dû être amputées.
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