La 28e Assemblée Générale Annuelle de l’Association of Mauritian Manufacturers (AMM) a eu lieu, le mercredi 26 avril, aux Kocottes à Saint-Pierre. L’occasion pour les représentants de l’association et du Made in Moris d’évoquer les facteurs susceptibles de permettre à l’industrie locale de franchir un palier.
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La contribution du secteur manufacturier à Maurice en 2022 s’élève à Rs 68 M, un montant supérieur à celui enregistré lors de la période prépandémique (Rs 53 Md). Ce qui pousse le président de l’Association of Mauritian Manufacturers (AMM), Yannick Applasamy, à dire que le secteur manufacturier est à nouveau à son niveau prépandémique et a largement dépassé les chiffres de 2019.
Cependant, l’industrie locale, notamment le secteur manufacturier, fait face à divers défis. Selon Yannick Applasamy, ces défis doivent être surmontés « ensemble ». Le président de l’AMM faisait référence à toutes les parties prenantes, dont le gouvernement. « Nous sommes fiers de notre contribution à la croissance économique de notre pays, à la création d’emploi et à l’innovation dans nos industries respectives. Mais nous sommes également conscients des défis auxquels nous sommes confrontés, des défis qui nécessitent une collaboration étroite et soutenue avec les autorités gouvernementales et le soutien d’un réseau de partenaires engagés et investis », laissait-il entendre lors de son allocution suivant l’Assemblée Générale Annuelle de l’AMM le 26 avril.
Le ministre du Développement industriel, des PME et des Coopératives, Sunil Bholah, dit reconnaître le travail abattu par l’AMM depuis sa création en 1995. « Tout en défendant les intérêts du secteur manufacturier local, vous avez placé la barre plus haut en développant le label Made in Moris en 2013. Le succès est donc retentissant pour la promotion du savoir-faire mauricien. Ce savoir-faire mauricien que vous avez su défendre, préserver, développer ou parfois complètement réinventer contre vents et marées », a-t-il souligné.
Besoin pressant de recrutement
Toutefois, le contexte économique a mis en lumière une nécessité : celle de replacer le secteur manufacturier au cœur des stratégies de développement et de croissance. Car, selon Yannick Applasamy, les chamboulements entraînés par la pandémie et la guerre ukrainienne ont démontré que le secteur manufacturier « a été un atout vital lors de la plus grande crise que le pays ait connue depuis son indépendance ». D’où l’importance de réévaluer de manière urgente les priorités et sd’instaurer les conditions pour consolider la production locale par « l’investissement, l’innovation industrielle et le renforcement de la coopération entre les industries de la région océan Indien et de l’Afrique de l’Est ».
L’un des principaux freins à l’avancement du secteur manufacturier et de l’industrie locale demeure incontestablement le manque de main-d’œuvre. C’est dans cette optique que l’AMM a d’ailleurs soumis un plaidoyer urgent au ministre Bholah : « Celui de revaloriser l’emploi dans l’industrie locale. Le métier d’industriel, aujourd’hui, porte sur l’innovation et l’agilité. Menons campagne ensemble pour valoriser les métiers du secteur manufacturier. Cette crise nationale de l’emploi nous touche aussi. Il est clair que ce ne sont pas des sujets que nous pouvons traiter de façon isolée. Il faut définir une stratégie et une réponse nationales afin de maintenir nos activités ».
Fidèle aux répliques des membres du gouvernement, le ministre a fait comprendre qu’en vue de répondre à la demande et afin d’assurer que les usines maintiennent leurs chaînes d’approvisionnement, la question de la main-d’œuvre doit « définitivement être adressée ». Se référant aux récentes consultations budgétaires, Sunil Bholah a argué que « nul doute que toutes les associations du privé qui y ont participé ont pu apporter leurs suggestions en ce sens. D’ailleurs mon collègue, le ministre des Finances, s’est engagé à accélérer le processus d’octroi de permis ».
Atelier de prospective stratégique
Sébastien Vauzelle, Senior Economist auprès du bureau des Nations Unies à Maurice et aux Seychelles, a animé un atelier de prospective stratégique le 26 avril au siège de l’AMM à Saint-Pierre. Selon lui, les échanges entre les différents acteurs de l’économie et de la société mauricienne ont toute leur importance pour avancer dans les objectifs nationaux et internationaux de développement. « C’est pourquoi l’ONU s’intéresse à ce dialogue entre secteurs et acteurs et l’appuie dès que possible. Le secteur manufacturier est un poids lourd de l’économie mauricienne, puisqu’il pesait, en 2019, 12,5 % du PIB, 16,5 % des emplois et 21,4 % des investissements directs », a-t-il argué.
Pour Sébastien Vauzelle, l’avenir du secteur présente diverses opportunités de transformation, par l’entremise de la nouvelle politique industrielle du pays, les initiatives comme celle de Made in Moris et les grandes tendances globales émergentes. « Le secteur manufacturier a beaucoup à apporter à la profonde transformation économique que Maurice est en train d’entreprendre », dit-il.
TexteBholah prévoit une rencontre PME-AMM
C’est dans l’optique d’encadrer et de soutenir les PME, permettant à celles-ci de consolider l’industrie locale, que le ministre envisage une réunion entre les PME et l’AMM. « Je me souviens du plan d’aide opéré par SME Mauritius à l’intention des PME qui souhaitent intégrer le label Made in Moris. Je comprends que le label dispose d’un cahier des charges très précis. La qualité est primordiale. J’espère pouvoir réunir les PME et l’AMM bientôt sur une plateforme commune pour dégager des pistes d’intervention pour faciliter leur intégration », a-t-il expliqué.
Les secteurs dans lesquels le label Made in Moris est aujourd’hui octroyé
Production industrielle, textile, agro-alimentaire, agricole, culturel, créatif et numérique, services hôteliers et industrie des services.
Trois démarches pour le renforcement de l’interdépendance des secteurs industriels
Shirin Gunny, CEO de l’AMM et directrice générale du label Made in Moris a énuméré : un espace dédié au Made in Moris à l’aéroport de Plaisance, le Made in Moris Pledge et la création d’un observatoire de l’achat local. « Nous sommes tous au service d’une seule et même industrie locale. Chaque porte que l’on ouvre pour le Made in Moris, on l’ouvre aussi pour toutes les autres entreprises locales », dit-elle.
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