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Santé publique - Auto-isolation à domicile : comment l’adapter à la réalité  

Dr Catherine Gaud et Dr Kursheed Meethoo-Badulla.

Pour plus d’un, s’isoler chez soi est plus réconfortant que de se retrouver dans un centre de quarantaine. Cependant, comment s’assurer du respect de la période d’auto-isolation de 10 jours ? Comment protéger son entourage ? Faisons le point avec les doctoresses Catherine Gaud et Kursheed Meethoo-Badulla du ministère de la Santé et du Bien-être. 

Avant d’arriver à la décision de l’auto-isolation à domicile, plusieurs cas de figure ont été considérés. On a pris en compte qu’à Maurice, les maisons ne disposent pas des mêmes facilités, explique la Dr Catherine Gaud, épidémiologiste et Senior Advisor au ministère de la Santé et du Bien-être. « L’auto-isolation est stricte à l’origine. Il y a des règles à respecter. Il faut tout désinfecter régulièrement, il faut se laver les mains et porter un masque », explique-t-elle. 

Cas de figure 1 : Une personne vivant seule

« Dans le cas d’une personne vivant seule dans une maison, un appartement ou un studio, il suffit que la personne respecte les gestes sanitaires et surtout ne sort pas de chez elle, que ce soit pour aller acheter du pain ou aller à la rencontre de ses amis. Il faut qu’elle soit confinée chez elle pendant les 10 jours », tient à faire ressortir la Dr Catherine Gaud. 

La Dr Kursheed Meethoo-Badulla abonde dans le même sens. « La personne doit comprendre qu’elle est en isolation et surtout ne pas se mêler aux autres », précise-t-elle. Pour ses achats et sa nourriture, il faut qu’elle s’arrange pour qu’une personne puisse venir déposer ce dont elle a besoin. Et ce, en prenant les précautions sanitaires et en laissant le colis devant sa porte, ajoute-t-elle. 


Cas de figure 2 : Une personne qui vit avec sa famille (conjoint(e) et enfants) dans plusieurs pièces

Afin de diminuer le risque de contamination lorsqu’il s’agit d’une personne testée positive à la Covid-19 et qui est en couple et a des enfants, on lui recommande de s’auto-isoler dans une seule pièce de sa maison et d’éviter de se balader. « Il ne faut surtout pas dormir dans le lit avec quelqu’un d’autre. Pendant la nuit, il y a beaucoup de possibilités de contamination », indique la Dr Catherine Gaud. 

Cependant, s’il n’y a pas d’autres pièces dans la maison et que la personne positive est obligée de cohabiter dans la même pièce avec une autre personne, la doctoresse conseille de laisser les fenêtres ouvertes pour qu’il y ait une bonne aération tout en gardant au moins une distance de deux mètres entre les deux personnes. « La personne qui est positive doit toujours porter son masque. Cela aide à protéger les autres de ses sécrétions. Pour plus d’efficacité, il faut de préférence porter un double masque », explique la Dr Catherine Gaud. 

En ce qu’il s’agit de la prise du repas, la doctoresse recommande à la personne positive de manger dans sa chambre. « Une autre personne peut déposer son repas devant la porte et par la suite venir récupérer le plateau pour le laver et le désinfecter. Ou sinon la personne positive peut informer sa famille de l’heure qu’elle va manger dans la cuisine ou dans la salle à manger et à cette heure précise les autres personnes doivent être ailleurs. La personne positive peut manger et ensuite désinfecter partout avant de regagner la pièce où elle est en auto-isolation. »

Pour sa part, la Dr Kursheed Meethoo-Badulla souligne que l’idéal serait que les toilettes et la salle de bain soient attachées à la chambre dans laquelle s’auto-isole une personne positive, cela afin de limiter le déplacement de la personne dans la maison. « Si tel n’est pas le cas, la personne doit autant que possible rester dans sa chambre ou la pièce où elle est confinée. Il faut établir un accord sur l’heure qu’elle va manger, aller se doucher et autre, cela afin d’éviter que les autres résidants soient en sa présence », avance-t-elle. 

Cas de figure 3 : Une personne positive avec plusieurs membres de sa famille dans une maison étroite

L’épidémiologiste précise que si une personne positive habite une maison étroite avec plusieurs personnes, le port du masque est primordial, non seulement pour la personne positive, mais également pour les autres résidants de la maison. 

L’aération est aussi de mise, ajoute la Dr Catherine Gaud. Ce quatrième geste barrière, dit-elle, est moins connu, mais très important. « Là où il y a une bonne aération, la charge virale est moindre », enchaîne la Dr Kursheed Meethoo-Badulla. De plus, la doctoresse préconise de se désinfecter les mains à chaque fois. « Car, il se peut qu’on ait été en contact avec un objet touché par la personne positive. Il ne faut surtout pas partager les mêmes assiettes, cuillères, verre, tasse etc. C’est mieux que chacun ait ses propres couverts. Une fois le repas terminé, la personne positive peut nettoyer ses couverts avec du savon, car le virus ne supporte pas le savon qui détruit sa membrane. Ensuite, il faut tout désinfecter et se laver les mains. » 

La Senior Advisor du ministère de la Santé estime que « si tout est fait correctement, il n’y a aucun moyen de contamination. Le virus se transmet par voie respiratoire. Sauf si la personne positive a le virus sur la main et touche des objets. D’où l’importance que tout un chacun se lave et se désinfecte les mains aussi souvent que possible ».

S’agissant de la salle de bain et des toilettes, il est conseillé que la personne positive soit la dernière à s’en servir. « Après s’être lavée, elle doit tout nettoyer, du robinet à la douche, la cuvette des toilettes, les poignets de portes et autres. Il est aussi recommandé que la personne qui passe après la personne positive désinfecte partout avant de s’en servir. Toutefois, il faut attendre plusieurs minutes après que la personne positive soit sortie de la salle de bain et toilettes », lance la Dr Catherine Gaud. 

Suivi médical

La personne positive est sous la responsabilité de la Domiciliary Monitoring Unit (DMU) du ministère de la Santé et du Bien-être. Une première visite sera effectuée pour évaluer l’état de santé de la personne. Il y aura une hotline disponible en cas d’urgence. Il y aura aussi une visite le lendemain de la fin de période d’auto-isolation.

Symptômes inquiétants : la hotline

Si une personne en auto-isolation présente des symptômes inquiétants, il faut tout de suite appeler la hotline, tient à préciser la Dr Catherine Gaud. « 95 % des cas sont asymptomatiques. Néanmoins, il faut savoir que plus la Covid-19 est sévère, plus la personne est contaminante », affirme notre interlocutrice. Elle ajoute que « la vaccination réduit de 50 % le risque de contracter le variant indien (Delta) dont la charge virale est plus élevée que les autres variants. Ce qui veut dire qu’il y a moins de risque de contaminer les autres ».

Une moyenne de sept jours 

En sus d’être moins contaminant avec la vaccination, on guérit aussi plus rapidement de la Covid-19, ajoute la Dr Catherine Gaud. « En moyenne, au bout de sept jours, on n’est plus contaminant. Si on porte le masque comme il le faut, il n’y a quasiment pas de risque de contamination. Par exemple, en Angleterre, on ne demande plus aux gens de s’auto-isoler. On leur recommande de porter leur masque et de bien se désinfecter les mains. Maurice n’est pas loin de cela, car nous avons un taux de vaccination pratiquement le même qu’en Angleterre », estime-t-elle. 

Appel aux personnes vulnérables

La Senior Advisor lance un appel aux personnes âgées et vulnérables (comorbidités, obésité) de se faire vacciner. « Notre effort est vers ces personnes. On voit la différence des pronostiques quand une personne est vaccinée. L’enjeu est d’encourager ces catégories de personnes à se faire vacciner », souligne-t-elle. 

Fiches avec des règles distribuées 

Toutefois, pour que l’auto-isolation à domicile se passe dans les meilleures conditions possibles, le ministère de la Santé donne des fiches aux personnes avec les règles à respecter. « Certes, on est conscient qu’il se peut qu’il y ait un cas exceptionnel. En général, on est ferme sur les consignes. Dans des cas exceptionnels, on verra avec bienveillance », souligne la Dr Catherine Gaud.  

Famille malade

Si pendant ces 10 jours, des résidants de la maison se sentent mal, il faut appeler la hotline 8924 ou la 114 et expliquer qu’il y a une urgence. « Il faut bien préciser qu’on vit avec une personne positive à la Covid-19. Sinon, la personne peut se rendre à l’hôpital, mais encore une fois il faut que la personne explique qu’elle vit avec une personne en auto-isolation », conseille Dr Kursheed Meethoo-Badulla. À savoir qu’à partir de septembre, il y aura une ligne spéciale.

L’équipe mobile tranchera

Quand une personne est recommandée de s’auto-isoler, il y a la Domiciliary Monitoring Unit (DMU) qui lui rendra visite et lui remettra des fiches pour que son auto-isolation se passe sans anicroche. « Cette équipe prendra en compte si la personne est asymptomatique, si la maison est adaptée, s’il y a assez d’espace ou s’il y a trop de personnes pour peu de pièces. Suite à quoi, une décision sera prise si la personne peut poursuivre son auto-isolation ou si elle doit être envoyée dans un centre de quarantaine », précise Dr Kursheed Meethoo-Badulla. 

 

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