Roubina Juwaheer est « Associate Professor » en Marketing à la faculté de « Law & Management » de l’Université de Maurice. Elle se consacre actuellement à deux recherches sur l’économie numérique et le « mobile marketing ». Pour elle, il est important de trouver l’équilibre entre les traditions et la modernité, afin d’inculquer des valeurs à la nouvelle génération.
De nombreux étudiants la reconnaîtront. Roubina Juwaheer a occupé plusieurs postes à l’université de Maurice, à Réduit. Elle côtoie quotidiennement des jeunes de diverses parties de l’île. En tant que chargée de cours, femme et mère, elle n’hésite pas à transmettre ses connaissances. L’éducation est la clé du succès, dit-elle.
Roubina Juwaheer, 52 ans, pense qu’il faut vivre avec son temps, tout en respectant les traditions et les valeurs. « Nous avons hérité de nos parents, nous empruntons de nos enfants. Nous devons nous assurer que les valeurs soient transmises pour protéger les générations à venir. Nous vivons une révolution informatique et dans une ère dominée par l’intelligence artificielle. Les jeunes s’adaptent aux valeurs du millénaire, mais il ne faut pas oublier les valeurs traditionnelles », estime-t-elle. Elle ajoute qu’il faut œuvrer pour la responsabilité sociale parmi les étudiants et encourager le volontariat. Elle cite Dieter F. Uchtdorf, qui disait : « As we lose ourselves in the service of others, we discover our own lives and our own happiness ».
Recherche
Pour justement aider dans l’évolution avec le temps, elle fait partie de deux groupes de recherches. La première est réalisée pour le Mauritius Research Council (MRC) et le thème est Is our economy going cashless ? L’objectif étant de montrer que l’économie numérique prend de l’ampleur à Maurice, par exemple avec le paiement par carte bancaire ou encore le porte-monnaie électronique (e-Wallet). La deuxième recherche est financée par la Tertiary Education Commission (TEC). Elle est axée sur le mobile marketing.
Cette habitante de Curepipe a toujours soif d’apprendre. D’ailleurs, elle vient d’une famille où l’éducation a occupé une place importante. Issue d’une fratrie de cinq enfants, son père était enseignant d’histoire au Queen Elizabeth College (QEC), avant de travailler au Mahatma Gandhi Institute (MGI) comme Deputy Director.
« Papa a toujours cru dans une citation du Mahatma Gandhi : Éduquer un homme, c’est éduquer un individu, mais éduquer une femme, c’est éduquer toute une nation. Il a cru dans l’égalité des droits et des chances à l’éducation. Ses filles comme ses fils devaient avoir les mêmes chances. »
Ainsi, elle fait sa scolarité à Notre-Dame-de-la-Visitation R.C.A School, à Vacoas. Puis, elle poursuit ses études secondaires au MGI. « On m’a inculqué des valeurs catholiques, ainsi que la richesse de la culture indienne », dit-elle. Au collège, elle découvre l’histoire de l’Inde, notamment à travers Mahatma Gandhi, Indira Gandhi et Jawaharlal Nehru.
Après son Higher School Certificate (HSC), elle obtient une bourse de l’Inde pour commencer un Bachelor of Commerce à l’université de Delhi. Puis, elle décroche une deuxième bourse pour un Masters in Business Administration and Marketing. « Dans tous les secteurs, le service client domine. J’était curieuse de savoir comment être à son écoute et lui offrir un excellent service. »
Embauche
Elle décroche son MBA à l’âge de 23 ans. Elle retourne à Maurice et suit un stage à Union Bank (maintenant Bank One). De janvier à mars 1991, elle est embauchée comme Administrative Assistant à la Banque de Maurice. Mais elle est plutôt intéressée par la recherche académique.
Donc, le 1er avril 1991, elle devient chargée de cours à l’université de Maurice. Quelques années plus tard, elle devient Senior Lecturer. En 2002, elle est Head of Department of Management et décroche son doctorat en 2004 avec un papier sur Measuring Service Quality in the hotel industry of Mauritius. Ainsi, elle devient la première femme à détenir un doctorat à la Faculty of Law & Management.
En 2005, elle est promue Associate Professor. De mars 2008 à mars 2011, elle est Dean of the Faculty of Law & Management. En 2014, elle devient Pro vice-chancelière de l’université de Maurice. Du 1er avril 2014 au 31 mars 2017, elle est Pro vice-chancelière de Planning & Resources.
Actuellement, elle est Associate Professor et enseigne le marketing écologique et social, le tourisme et la satisfaction de la clientèle. « En 2004, j’ai complété mon doctorat. Les études ont duré cinq années et j’ai mis au monde deux enfants. De plus, de 1999 à 2001, j’ai accompagné mon époux au Shell Kenya, à Nairobi, dans le cadre de son travail. Mon époux et ma famille m’ont beaucoup soutenue tout au long de mon parcours professionnel. C’est difficile de maintenir l’équilibre entre la vie familiale et professionnelle. Mais quand on veut gravir les échelons, il faut redoubler d’efforts et faire des sacrifices. » Elle encourage les femmes à ne pas baisser les bras. Elle confie qu’il faut compter sur une bonne organisation et cultiver une attitude positive.
Elle est mariée à Kiran Juwaheer, qui est l’Indian Ocean Business Development Manager chez Vivo Energy depuis le 1er avril de cette année. Il a été le CEO du groupe pendant treize ans. Le couple a trois enfants. Ashutosh, le fils aîné, a 24 ans et étudie la médecine à Melbourne, en Australie. Cet ancien étudiant du Royal College de Curepipe a été lauréat et a décroché la bourse SSR dans la filière scientifique. Le cadet, Abhishke, a 22 ans et a aussi été étudiant au Royal College de Curepipe. Il a été classé dans la cuvée 2016. Il étudie la comptabilité à Melbourne. La benjamine, Ruchika, 18 ans est en HSC au SSS Forest-Side (Girls) et compte étudier la psychologie plus tard.
Passe-temps
La natation, le yoga, la marche dans la nature, la cuisine et la lecture sont les principaux passe-temps de Roubina Juwaheer. Elle aime dévorer les biographies, surtout celles axées sur les combats menés par les femmes. Elle retient le titre Afghanistan, Where God Only Comes To Weep, de Siba Shakib.
« Il y a trois semaines de cela, j’étais à Prague, en République tchèque. J’ai beaucoup appris sur la culture et les sites historiques. Ashutosh, mon aîné, est venu me rejoindre là-bas. Nous avons rencontré des enfants de 9 ou 10 ans qui visitaient le château Karlstejn. Le guide faisait l’historique de ce lieu et les petits prenaient des photos. Ils ont une matière axée sur la culture à l’école. En classe, quand je parle de l’histoire de Maurice, peu la connaissent. Il est donc important de préserver le passé, tout en s’alignant avec la modernité. »
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