« Il y a un contraste éloquent par rapport à ce qu’on avait vu il y a un an, où il y avait le sourire dans la population. Un an après, on voit des larmes sur le visage des syndicalistes dans le cadre des discussions sur la compensation salariale. C'est sous la pression de Paul Bérenger que le gouvernement a accordé [une hausse de] Rs 250 aux pensionnés ».
C’est ainsi que le député et président de la commission économique du MMM Reza Uteem a débuté sa conférence de presse lundi 21 décembre pour résumer le bilan concernant la performance économique du gouvernement en 2015.
Reza Uteem a brossé un « sombre tableau » de la performance économique du gouvernement après une année au pouvoir :
« Tous les indicateurs économiques sont au rouge ; ce qui prouve la faillite du gouvernement. La dette publique était annoncée à 61 % [du Produit intérieur brut] et Vishnu Lutchmeenaraidoo avait promis de la faire baisser. Mais en juin elle a atteint 63 %. Roshi Bhadain avait dit en septembre qu'il fallait trouver Rs 16,3 milliards pour payer les détenteurs de la police d’assurance Super Cash Back Gold et de Bramer Asset Management ; ce qui alourdira la dette publique », estime-t-il.
Selon Reza Uteem, « le secteur privé n'a pas confiance et n’investit pas » : « La CMT a failli délocaliser à Madagascar à cause de la lenteur administrative. »
« Nous sommes solidaires des entreprises en difficulté qui n'arrivent pas à renouveler le permis de travail des étrangers. Le gouvernement avait promis Rs 10 milliards aux PME. Un an après rien n'a été déboursé. La banque promise n'a pas été créée, mais le gouvernement a repris deux banques en difficulté pour en faire une banque dédiée aux PME », déplore Reza Uteem.
Et d’ajouter que « le Fonds monétaire international (FMI) estime que le taux de croissance sera de 3 % en 2015 et près de 4 % en 2016 contre 5,3 % comme annoncé par Vishnu Lutchmeenaraidoo pour 2015-16 ».
« Cela prouve la faillite du gouvernement », affirme Reza Uteem.
Autre chiffre avancé par Reza Uteem : les investissements directs étrangers sont passés de Rs 7,2 milliards entre janvier et septembre 2015 contre Rs 14 milliards en 2014. Selon lui, 90 % des investissements directs étrangers, soit Rs 6 milliards, sont dans le secteur de l’immobilier, et il n’y a pas assez d’investissements directs étrangers dans l’hôtellerie, les TIC et l'industrie.
« Il faut des investissements dans les secteurs productifs. Le gouvernement n'y arrive pas et cela prouve sa faillite », affirme-t-il.
Pour Reza Uteem, « l'une des raisons de cet échec économique est la gestion de l'affaire BAI ».
« Nous mettons l'accent sur la croissance pour lutter contre le chômage. Il y a une guerre des chiffres entre les syndicalistes et le gouvernement », ajoute-t-il.
Autre sujet abordé : l’emploi. Reza Uteem souligne que le gouvernement donne des chiffres sur le nombre de créations d'emploi : « Mais il faut aussi considérer les pertes d'emploi. Ce qui est inquiétant, c’est le chômage des jeunes et des femmes. »
Reza Uteem ajoute qu’il « y a des licenciements abusifs depuis le début d'année et le Premier ministre dit lui-même qu'il y a des recrues du PTr à licencier. Mais le gouvernement a fait pire en donnant la priorité aux familles des ministres, aux familles des députés et aux membres des partis au pouvoir ».
Commentant l’affaire BAI, Reza Uteem indique que les clients ayant investi plus de Rs 500 000 attendent toujours leurs « debentures ».
« La vérité est qu'il n'y a pas d'argent dans le National Property Fund. La vente d'Apollo Bramwell se fait toujours attendre. Les administrateurs et le gouvernement perdent de petites filiales comme Château. Nous les mettons en garde contre des actions légales si les clients ne récupèrent pas leur argent », prévient-il.
Autre sujet : le dossier de non double-imposition fiscale entre l’île Maurice et l’Inde.
« Le Cabinet avait annoncé la finalisation des négociations avec l'Inde dans le cadre du DTAA en juillet. Mais le Premier ministre a dû ensuite se rendre en Inde pour jouer la carte sentimentale. Conséquence : Singapour a dépassé l’île Maurice dans le cadre des investissements en Inde, car il n'y a pas de certitude à l’île Maurice à cause de la maladresse de Roshi Bhadain et du Premier ministre », soutient Reza Uteem ; ajoutant que « cela a des conséquences sur les emplois dans le secteur des services financiers ».
Le dossier des marchands ambulants a été aussi commenté par Reza Uteem :
« Le MMM a interrogé le ministre Husnoo sur les marchands ambulants dès le début d'année. Le ministre a demandé du temps. Il n'y a pas eu de dialogue et le gouvernement n'a rien fait. D'où la situation actuelle. »
Le président de la commission économique du MMM ne s’attend pas à une meilleure année en 2016 :
« Il y a des projets qui doivent démarrer en 2016, mais nous doutons que le gouvernement ait des ressources pour les réaliser, notamment à cause de la gestion de l'affaire BAI. Nous sommes pessimistes quant aux promesses faites par le gouvernement. »
Le gouvernement avait une marge de manœuvre avec notamment la baisse des cours des produits pétroliers. Cette baisse aurait pu avoir un meilleur impact sur les consommateurs. Il y avait une marge de manœuvre pour que la croissance soit de plus de 4% », estime Reza Uteem.
Il s’interroge aussi sur la volonté du gouvernement d’attirer des investisseurs africains :
« Malgré le nombre de voyages des membres du gouvernement, il n'y a pas eu de déplacements en Afrique. Quelle est la stratégie du gouvernement pour faire de l’île Maurice la passerelle vers l'Afrique ? Quelle est la stratégie pour attirer la classe aisée africaine à l'île Maurice ? »
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