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Compensation salariale : les consommateurs veulent améliorer leurs conditions de vie

Compensation salariale Des consommateurs se plaignent des hausses successives de certains produits.

C'est ce jeudi 6 décembre que le comité tripartite, présidé par le Premier ministre et ministre des Finances Pravind Jugnauth, décidera du taux de la compensation salariale pour aider les consommateurs à atténuer la perte de leur pouvoir d'achat, subie en 2018.

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Les consommateurs devront patienter jusqu’à jeudi prochain pour connaître le taux de compensation consenti pour la perte de leur pouvoir d'achat en 2018. On sait déjà que le calcul sera fait sur une inflation de 3,3 %.

Tout comme les dirigeants syndicaux, Suttyhudeo Tengur, le président de l'Association pour la protection des consommateurs et de l'environnement (Apec), n'est pas d'accord avec le taux officiel de l'inflation. Il avance que certains items du panier pour le calcul de l'inflation, dont les dépenses liées à l'éducation, ne reflètent pas la réalité sur le terrain.

Du coté des consommateurs, on se plaint des hausses successives des prix dans le commerce. Ainsi, ils souhaitent une compensation salariale appréciable qui leur permette de mieux faire face à la vie. Ils attirent l'attention sur le fait que certains items, considérés comme un luxe dans le passé, font aujourd'hui partie de la vie quotidienne. Parmi eux, l'achat des cartes de téléphone et d'Internet; les frais des leçons particulières pour les enfants et les dépenses vestimentaires. Parmi les consommateurs, on retrouve les personnes âgées qui réclament aussi une augmentation de la pension de vieillesse.


Potaya Kuppan : «Les personnes âgées sont des consommateurs à part entière»

Le président de la Southern Old People Association, Potaya Kuppan, explique que les vieilles personnes sont aussi des consommateurs et qu'elles ont aussi droit à une compensation salariale adéquate pour leur permettre de vivre aisément. Il a fait une demande auprès du ministère des Finances pour que le montant de la pension de vieillesse soit augmenté. « Nos aînés ont aussi droit à une compensation adéquate pour faire face au coût de la vie. Dans le commerce, ils achètent leurs commodités au même prix que les mieux lotis de la société. De plus, il faut ajouter leurs frais de médicaments et autres dépenses. Bon nombre de personnes âgées vivent dans le dénuement le plus total. »


Les attentes des Mauriciens

kreshanKreshan Jagayya : «Pour une compensation de Rs 800»

Kreshan Jagayya, un traffic officer de 56 ans, estime que le gouvernement doit octroyer une compensation d'un minimum de Rs 800. Cet habitant de Chemin-Grenier avoue qu'avec son salaire, il arrive difficilement à joindre les deux bouts après avoir payé ses factures. « Je débourse au moins Rs 15 000 par mois pour la nourriture et différentes factures, et finalement, il ne me reste presque rien en poche. En plus de l’impatience de la prochaine fin de mois… »


Anand Reddi Sitanna (chômeur) : «Pas de compensation salariale»

anandLe cas d’Anand Reddi Sitanna, 59 ans, est différent.  Après des années de travail comme marketing officer, dans une compagnie touristique, il est au chômage après la fermeture de la boîte. Il dépend actuellement des allocations du Workfare Program et en tant que tel, il n’a droit à aucune compensation. Il confie qu'il vit très difficilement cette situation. Il souhaite trouver un emploi le plus vite possible.


Reshma, 38 ans : «Rs 1 000 de compensation»

Mère de deux enfants, Reshma, dont le mari est chauffeur, travaille comme caissière dans une grande surface. « Je ne dis pas que le salaire de mon mari ne suffit pas pour vivre mais nous avons contracté un emprunt pour la construction de notre maison et je travaille pour aider à boucler le budget familial. » Reshma estime que la vie est de plus en plus chère à Maurice. Elle dit avoir remarqué que certains clients n’achètent maintenant que le strict nécessaire. Elle avoue n'acheter aussi que très rarement certains produits alimentaires.


Suttyhudeo Tengur : «Le taux de l’inflation ne reflète pas la réalité»

Le président de l'Association pour la protection des consommateurs et de l'environnement, Suttyhudeo Tengur, trouve que le panier pour le calcul de l'inflation par Statistics Mauritius est dépassé. Tout comme la loi sur la protection des consommateurs.

Le taux de l'inflation jusqu'à la fin de décembre 2018 est estimé à 3,3 %. Êtes-vous sur la même longueur d'ondes que Statistics Mauritius ?
Sans vouloir donner de leçon, je vous dirai que je ne suis pas du même avis. D'abord, j'estime que le panier utilisé par cette instance pour mesurer l'inflation est dépassé. Prenons, par exemple, l'éducation. La mesure dans le panier ne reflète pas la réalité sur le terrain quand on connaît le prix élevé des leçons particulières. Je ne vous parle que d'un seul item. C'est pour vous dire que j'estime que l'inflation est supérieure au taux officiel.

Comment voyez-vous l'évolution des prix dans le commerce ?
Je pense sincèrement qu'il y a un manque de compétition dans le commerce et ce sont les consommateurs, surtout ceux au plus bas de l'échelle, qui souffrent en premier de cette situation. Il est regrettable que l'Observatoire des prix, qui tombe sous la tutelle du ministère du Commerce, de l'Industrie et de la Protection des consommateurs, ne fonctionne plus. Cette instance avait le mérite de publier les prix dans les différents points de vente du pays et les consommateurs pouvaient ainsi savoir où ils étaient les plus bas afin d’en bénéficier. Je pense que pour une meilleure protection des consommateurs, on doit  réintroduire l'Observatoire des prix qui existe dans  plusieurs pays au monde.

Donc, vous pensez que les consommateurs sont lésés par la hausse du coût de la vie et qu'une compensation salariale est nécessaire pour rétablir le pouvoir d'achat ?
J'estime que comme pour les années précédentes, les  salariés doivent être compensés pour la perte de leur pouvoir d'achat. Les travailleurs doivent avoir l'estomac plein pour être productifs. Je pense surtout à ceux qui sont au bas de l'échelle salariale. Ils ont droit à une compensation salariale qui est en ligne avec l'inflation. C'est aberrant de dire que si l'inflation est inférieure à 5 %, on ne compense pas les travailleurs pour la perte de leur pouvoir d'achat. Le patronat trouve mille et une raisons pour ne pas payer la compensation salariale mais un gouvernement responsable doit s'assurer que son peuple vit décemment.

Pensez-vous que les droits des consommateurs sont bien protégés ?
La loi pour la protection des consommateurs est dépassée et les consommateurs en souffrent. Je ne vais pas entrer dans les détails mais j'attire l'attention sur le droit de retour. Logiquement, un client devrait pouvoir retourner un article qu'il a acheté. Ce droit n'existe pas à Maurice et c’est au détriment des consommateurs. Je souhaite qu'une clause soit incluse dans la loi afin que les consommateurs puissent avoir ce droit.

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