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Réforme - Canne : l’heure est à la raison

Canne La coupe 2018 a démarré le 1er juin. La production est estimée à 350 000 tonnes.

Alors que le tourisme se défend tant bien que mal et garde sa place au soleil, l’industrie cannière passe par des moments très difficiles pour les opérateurs, qui comptent plus de 10 000 petits planteurs.

«Nous avons un lien émotionnel avec le sucre. » Ces propos de Kevin Ramkaloan, Chief Executive Officer de Business Mauritius, résument pourquoi le secteur cannier provoque toujours des débats animés et des prises de position tranchées. Une réforme est urgente. Pour assurer la pérennité du secteur, les coûts doivent baisser et les revenus augmenter.

Durant la précédente semaine et le week-end, le dossier sucrier a été largement débattu dans la presse, avec des articles, des analyses, des déclarations et des commentaires politiques.

Afin de recadrer le débat, chiffres à l’appui, Jacqueline Sauzier, secrétaire générale de la Mauritius Chamber of Agriculture, Devesh Dukhira, Chief Executive Officer du Mauritius Sugar Syndicate, et Kevin Ramkaloan ont expliqué pourquoi c’est la raison qui doit prévaloir en amont d’une réforme que souhaitent les opérateurs. C’était lors d’une longue et riche interaction avec la presse le vendredi 8 juin à l’hôtel Le Labourdonnais, à Port-Louis.

La canne à sucre est la principale activité agricole du pays. Les 54 000 hectares sous cette culture représentent 75 % de la surface agricole du pays. D’un point de vue environnemental, la canne empêche l’érosion. Elle peut aussi être utilisée à des fins diverses. Il y a la mélasse qui est utilisée pour la production d’alcool et d’éthanol. La bagasse (764 459 tonnes en 2017) permet aux centrales thermiques de produire de l’énergie (60 % de la demande du pays). Cela démontre que, même si l’activité sucrière contribue à moins de 1 % au Produit intérieur brut, son apport économique ne peut être négligé et ignoré.

Reprises des discussions ?

Après la baisse drastique du prix du sucre sur le marché mondial, dont l’Europe (notre principal acheteur), un comité conjoint technique public-privé a été institué. Le comité a soumis ses recommandations au gouvernement, qui décidera de la marche à suivre.

Si le Budget 2018/2019 ne contient aucune mesure pour la relance, les discussions entre les partenaires de l’industrie et l’État sont appelées à reprendre, afin de déboucher sur du concret et du positif.

Sans la canne, l’identité de Maurice sera modifiée. Et, dans le monde, nous ne pourrons plus miser sur notre capacité à rebondir et à nous adapter au nouvel ordre sucrier qui passe par un excédent de 20 millions de tonnes. Qui plus est, les sucres spéciaux et raffinés de Maurice sont des gages de qualité…


Éclairage - Salaires : un sujet qui fâche…

Une réforme visant à rééquilibrer les revenus et les coûts de production entraîne une baisse de la masse salariale. Qui dit réduction de l’enveloppe des salaires dit nouvelles vagues de dégraissage. Dans la foulée, il y a l’adoption d’une nouvelle formule pour l’emploi de la main-d’œuvre par les grands et petits producteurs en période de coupe.  Mais nous n’en sommes pas là. Aujourd’hui, le secteur emploie de manière directe quelque 4 000 personnes. Leurs rémunérations représentent 60 % des coûts d’opération. Les employés de l’industrie ont pu négocier avec succès une majoration salariale de 62,2 % entre 2010 et 2017. Pendant cette même période, le cumul de l’inflation n’a été que de 26,2 %. Pourquoi évoquer une baisse des coûts quand les revenus permettent aux opérateurs de couvrir les frais et de générer des profits ? Le prix viable est de Rs 17 000 par tonne de sucre. Or, le prix net ex-Syndicat des Sucres, payé aux planteurs a pris une direction opposée à la hausse salariale. Le prix en 2018 est estimé à quelque Rs 10 000 la tonne alors qu’en 2012, il était de Rs 17 573 (voir tableau). Les prix en hausse des intrants et la récente majoration du prix de l’essence et du pétrole auront un impact sur le coût de production.


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Évolution de la production (2003 à 2017)

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En 14 ans, la superficie récoltée a chuté de 30%, une situation créée en particulier par un désintéressement des petits planteurs (ayant moins de 10 hectares). La production a suivi la même tendance, passant d’un pic de 572,316 tonnes enregistré en 2004 pour passer à 355,213 tonnes de sucres raffinées et spéciaux l’année dernière. En 2018, la production est estimée à 350,000 tonnes, ce qui est le niveau le plus bas sur les 14 dernières années. En sus d’une baisse de superficie, la récolte est influencée par les conditions climatiques défavorables à la canne, tant en phase de croissance que celle de la maturation.

 

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