Dans les discussions du comité sur la politique monétaire ce mercredi 6 septembre, s’invite une roupie forte qui fait mal à des opérateurs. Le comité présidé par Ramesh Basant Roi, Gouverneur de la Banque centrale, tranchera-t-il en faveur d’une décision favorable au pays?
Entre fin décembre 2016 et le 31 août 2017, la roupie s’est appréciée de 8,7 % face au billet vert pour des raisons hors de notre contrôle. C’est le marché mondial qui dicte le pas. Puisque 50 % de nos recettes à l’exportation sont en dollars, des opérateurs se retrouvent avec des revenus moindres, d’où l’appel pour que la Banque de Maurice intervienne afin de corriger ce déséquilibre.
« L’appréciation de la roupie et son impact sur les revenus des opérateurs économiques polarisent l’attention. Nos exportations sont en baisse alors que le déficit de notre balance courante, qui perdure d'année en année, représente un gros risque pour notre économie. Les exportateurs crient à une roupie surévaluée. L’excès de liquidités dans le circuit monétaire perdure malgré les efforts déployés par la Banque de Maurice, qui a aussi ses limites quant au niveau de ses interventions stérilisées », fait ressortir l’économiste Swadicq Nuthay.
Et d’ajouter : « Aujourd'hui, je constate qu'il existe un fort courant qui demande que la Banque centrale baisse le taux directeur davantage. Ce serait donc du 50-50 entre maintien du taux directeur à 4 % ou une baisse. Ladite baisse pourrait être de 0,25 % si l’on veut que ce soit symbolique ou bien 0,5 %. »
Faudrait-il favoriser ces opérateurs ? Dans le milieu du monde des affaires, certains observateurs sont catégoriques. On ne peut se permettre d’apporter des mesures correctives sur le court terme à chaque fois qu’un secteur se sente sous pression. Elle équivaut à donner des calmants au lieu de s’attaquer à la maladie, dit-on. Ce serait au détriment de la population qui, à la fin de la journée, paiera plus cher pour les produits importés. Parce qu’à l’opposé, le pays est un importateur net avec 67 % des factures en dollars.
« Le plus important est de dégager une stratégie sur le long terme où l’on discute de la compétitivité mauricienne. Il est essentiel de s’attaquer aux problèmes fondamentaux et structurels de notre économie. Les formules gagnantes d’il y a 15 ans ne font plus recette aujourd’hui », tient à souligner un observateur avisé de la place.
Qui plus est, le taux directeur est à son niveau historique le plus bas depuis l’entrée en vigueur du mécanisme de politique monétaire, après la baisse de 0,4 % intervenue le 20 juillet dernier. Avec l’excès de liquidités, le taux à l’épargne oscille entre 1,75 % et 2,6% en juillet 2017, selon le dernier relevé de la Banque centrale. Quand on ajoute la montée de l’inflation, l’équation est plus complexe.
« La tendance dans le monde est de revoir le taux d’intérêt à la hausse. À Maurice, ce n’est pas la baisse du taux directeur qui fera déprécier la roupie », résume l’économiste Éric Ng.
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