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Perspective 2022 : Action sociale : les attentes des ONG

Les associations jouent un rôle essentiel dans la société par les combats qu’elles mènent sur divers fronts. De la protection des enfants aux droits des handicapés en passant par la lutte contre la drogue, les ONG expriment leurs souhaits pour 2022.

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Me Mokshda Pertaub, directeur de Pedostop : «Une meilleure protection légale des enfants»

mokshda« Pedostop souhaite ardemment que la Children’s Act, la Children’s Court Act et la Child Sex Offender Register Act soient enfin promulguées en 2022. Ces trois nouvelles lois assureront une meilleure protection des enfants de la République de Maurice. Nous souhaitons également que tous les acteurs engagés dans la lutte pour la protection des enfants (les ministères concernés, la police, la Child Development Unit, entre autres) travaillent de concert. Il faut aussi l’implication des parents qui ont un grand rôle à jouer. Tout comme les enfants qui, bien souvent, ne connaissent pas leurs droits. On veut que cessent les abus et les violences sexuelles sur les mineurs. Pour cela, on demande aux enfants de dénoncer. »


Mélanie Vigier de Latour-Bérenger, psychosociologue, membre du Kolektif Drwa Imin : «Que la Children’s Act soit promulguée»

melanie« On souhaite que soit promulguée la Children’s Act, qui a été adoptée le 19 décembre 2020. Qu’aucun enfant de la République de Maurice ne puisse être marié ; que les châtiments corporels soient interdits dans les familles et les institutions ; que davantage de personnes puissent signaler des cas de suspicion de maltraitance… Ce sont des mesures qui figurent dans la Children’s Act mais elles ne sont pas applicables tant que la loi n’est pas promulguée.

L’État mauricien a ratifié plusieurs conventions internationales dans l’intérêt supérieur de l’enfant et a été interpellé plusieurs fois par les Nations unies pour ces ‘items’. Les ratifications ne suffisent pas. Nous attendons que les actes suivent et le passage par la loi est une première étape. La formation de toutes les personnes impliquées dans l’enfance, incluant les officiers des ministères, sont un autre axe essentiel à investir.

La loi sur l’adoption est également un impératif. Il y a un ‘draft’ qui a circulé mais qui doit être revu pour être aligné avec la Convention de La Haye et mieux respecter le bien-être des enfants. Nous avons envoyé des recommandations dans ce sens aux ministres concernés et à tous les parlementaires.

L’impact de la fermeture des écoles sur la santé mentale des enfants, parents et éducateurs est un autre sujet qui nous interpelle en ce moment. Un document faisant état de cet impact a été envoyé au Premier Ministre, ainsi qu’aux ministres de l’Éducation et de l’Égalité des genres et du Bien-être de la famille. Il faut vraiment revoir cette décision pour tous les enfants de la République. »


Edley Maurer, Project Manager de Safire : «Que l’école retrouve son fonctionnement normal»

edley« Je souhaite qu’on puisse surmonter la crise sociale qui perdure depuis un moment à cause de la pandémie de Covid-19. Au niveau de Safire, on travaille beaucoup avec des enfants de rue. Tout a été chamboulé pour ces enfants qui ont été pris au dépourvu. Je souhaite que l’école retrouve son fonctionnement normal. C’est une triste réalité mais beaucoup d’enfants n’ont pas la possibilité de suivre les cours en ligne. 

Notre plus grande crainte est que le nombre d’enfants qui abandonnent l’école prenne l’ascenseur. Pour que la situation ne se dégrade pas davantage, il est vital que tous les enfants retrouvent leur droit à l’éducation. Il faudrait aussi offrir des formations à ceux qui ne peuvent pas poursuivre leurs études. Déjà qu’on importe de la main-d’œuvre, on ne peut pas laisser ces jeunes sans formation car avec les fléaux qui les guettent, ils sont vulnérables. »


Noémie Barragan, fondatrice de l’Arche de Noé : «Sensibiliser à la cause animale» 

noemie« En 2022, l'Arche de Noé souhaite se développer encore plus sous la responsabilité de Célia Joubert, manager du parc de loisirs de Gros-Cailloux, et d’Estelle de Sornay, responsable du refuge, toutes les deux ayant des formations dans le domaine, de l'expérience mais surtout une vraie passion pour les animaux. Parmi les projets qui leur tiennent à cœur, un nouvel enclos plus adapté pour les singes. Pour cela, une cagnotte sera mise en ligne en ce début d'année. Toutes les semaines, nous avons des demandes pour de nouvelles « rescues ». Pour pouvoir y répondre, il nous faudra de nouveaux enclos. 

Notre deuxième but est de sensibiliser les personnes à la cause animale et surtout les futures générations. Le refuge est donc ouvert au public qui peut venir le visiter et rencontrer notre équipe. En 2022, des animations et des ateliers vont être mis en place afin d'en faire découvrir plus sur les animaux, leurs besoins, leur mode de vie et les bons gestes à avoir. »


Neha Thakurdas-Luximon, coordinatrice de Parapli Rouz : «Avoir le financement nécessaire»

neha« J’espère que cette année, on aura le financement nécessaire pour que Parapli Rouz puisse poursuivre ses activités. La Covid-19 a eu un effet néfaste sur les finances de l’association. Je souhaite ainsi avoir plus de financement pour aider encore plus les bénéficiaires. J’espère aussi reprendre les activités qui sont en berne, toujours à cause de la pandémie. Notamment les séances d’empowerment comme les classes d’alphabétisation. Nous allons également continuer notre lutte pour que les droits des ‘sex workers’ soient respectés. »


Saajidah Dauhoo, présidente de SOS Poverty : «Un retour à la normale»

saajidah« Nous souhaitons retrouver une certaine normalité après presque deux ans. Et surtout que les enfants puissent reprendre le chemin de l’école. Il est dommage qu’avec la pandémie de Covid-19, des enfants soient déscolarisés et désocialisés. Ils perdent leurs repères. Cela risque d’ailleurs de s’accentuer. On a aussi perdu la chaleur humaine. On ne peut pas enlacer un proche en détresse à cause du virus. Je souhaite vraiment un retour à la normale. Il y a aussi une crise sociale avec des personnes qui font des travaux saisonniers et qui peinent à joindre les deux bouts. J’espère que la Covid-19 sera du passé car beaucoup de gens souffrent et certains sombrent dans la dépression et dans des fléaux. C’est un cercle vicieux. »


Patricia Adèle-Félicité, secrétaire générale de Caritas Île Maurice : «On veut que les maisons soient accessibles»

patricia« Notre souhait est de pouvoir continuer à offrir nos services aux enfants et familles qui en ont besoin. Au niveau du cadre juridique, on attend que le fameux Children’s Bill soit promulgué. On veut aussi que les maisons soient plus accessibles et que les projets annoncés en ce sens prennent naissance. Avoir un toit améliorera la vie de beaucoup de gens. Étant une association bénévole, nous souhaitons avoir plus de personnes qui s’engagent en faveur des autres. Nous avons également des projets comme l’amélioration des formations pour les personnes en difficulté. Nous voulons former davantage de personnes pour qu’elles se professionnalisent. »


Anushka Virahsawmy, Country Manager de Gender Links : «Voir la concrétisation du Gender Equality Bill»

anushka« En 2022, la plus grosse part de ce que nous attendons est sur le plan politique. Cela concerne la promulgation de la Children’s Act. C’est une loi vraiment importante pour la protection des enfants. On l’attend depuis des années et elle devait être promulguée en décembre 2021. Nous espérons aussi que le Gender Equality Bill sera une réalité et qu’on ne commettra pas l’erreur de penser que le genre ne concerne que l’homme et la femme. Il est impératif de prendre en considération la communauté LGBT. 

Nous souhaitons par ailleurs poursuivre nos activités. Ce n’est pas si simple de faire tourner un refuge. De surcroît, on aimerait que les droits des femmes victimes de violence conjugale soient mieux respectés. On a eu plusieurs cas où des victimes n’ont pas reçu le soutien nécessaire de la police quand elles ont porté plainte parce que leur agresseur était un policier. Un changement est nécessaire à ce niveau. 

Il faut aussi plus de sévérité envers les auteurs de violence domestique. Par exemple, un conjoint qui menace de tuer sa partenaire et qui la violente ne devrait pas pouvoir aussi facilement être libéré sous caution.

On demande également qu’il y ait un ‘fast track’ pour que des femmes victimes de violence puissent avoir accès au logement plus facilement et non attendre pendant 10 ans. Ces femmes doivent pouvoir prendre leur envol. Elles ne peuvent pas rester éternellement dans des centres. »


Armoogum Parsuramen, fondateur de la Global Rainbow Foundation : «Que vienne enfin le Disability Bill»

armoogum« 2021 a été une année difficile avec la propagation de la Covid-19 et les décès de personnes infectées par le virus. Toutefois, malgré les difficultés et le confinement, on a pu continuer à servir les personnes en situation de handicap. On s’est réinventé avec la télémédecine et la distribution de colis alimentaires aux nécessiteux. En 2022, on espère que le projet de loi pour les personnes handicapées, que le gouvernement a promis depuis 2014, verra le jour. Le Disability Bill redonnera leur dignité aux personnes en situation de handicap et améliorera leurs conditions de vie. Cela est fondamental. La Global Rainbow Foundation se concentra encore plus sur l’accompagnement des personnes avec un handicap. Nous allons d’ailleurs consolider notre service de proximité. Nous souhaitons aussi que le pays puisse avancer et maintenir sa résilience face à la Covid-19. »


Jayen Chellum, secrétaire général de l'Association des consommateurs de l'île Maurice (Acim) : «Une extension du contrôle des prix»

jayen« Tout d’abord, je souhaite que cette pandémie soit derrière nous et qu’on retrouve une certaine normalité. Sur le plan de la protection des consommateurs, l’Acim poursuivra sa bataille contre l’inflation qui frappe principalement les plus démunis. La cherté de la vie appauvrit un bon nombre de personnes. La solution serait que le gouvernement vienne avec une extension du contrôle des prix. Cela aiderait à soulager ceux qui sont dans le besoin et qui ont du mal à joindre les deux bouts. Nous allons aussi intensifier notre lutte contre la corruption. On doit pouvoir exposer des problèmes par rapport à la corruption et il faut qu’il y ait des sanctions contre les corrompus. Nous allons par ailleurs œuvrer contre les tentatives d’affaiblir la démocratie. J’ose croire qu’en 2022, il y aura une cohésion entre les forces vives, les forces progressistes et tous les citoyens qui ont à cœur l’intérêt du pays et de la population. »


José Ah-Choon, responsable du Centre d’accueil de Terre Rouge : «Une table ronde sur la drogue qui gangrène notre société»

jose« C’est triste et désolant de voir le déferlement des jeunes au centre à cause de leur addiction aux drogues de synthèse. La situation est vraiment délicate et difficile. Il est important d’organiser une table ronde sur la drogue, surtout la drogue synthétique qui gangrène notre société. Depuis le début de la pandémie de Covid-19, la situation s’est envenimée. Si auparavant c’était un fléau qui touchait des régions spécifiques, ce n’est plus le cas. La drogue est devenue un phénomène national. Elle se vend comme des petits pains dans chaque petit coin. Le pays manque de centres de réhabilitation comme le nôtre pour encadrer tous ceux qui tombent dans ce fléau. Il y a tant de parents qui souffrent. Des parents qui sont frappés par leurs enfants pour qu’ils leur donnent de l’argent pour acheter de la drogue. L’heure est grave. Tous les acteurs concernés doivent s’asseoir autour d’une table et discuter de ce phénomène. »

 

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