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Me Bhavish Budhoo, directeur de DIS-MOI : «Les cas de traite des personnes augmentent à Maurice»

Me Bhavish Budhoo.

Contrairement à une idée reçue, la traite des personnes ne se limite pas au trafic d’organes ou à la vente d’individus. Selon le Combating of Trafficking In Persons Act 2009, ce délit englobe un spectre bien plus large, explique l’avocat Bhavish Budhoo, directeur de Droits Humains - Océan Indien (DIS-MOI) Maurice.

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« Il inclut le recrutement, la vente, l’achat ou la séquestration de personnes, par la force, la fraude, l’intimidation ou toute autre forme de contrainte. Qu’il s’agisse d’exploitation sexuelle, de travail forcé ou de mariages arrangés, toute situation où une personne est exploitée contre son gré constitue un acte de traite. » même l’adoption illégale d’un enfant entre dans le cadre de cette définition.

À Maurice, la traite des personnes est une réalité. L’ONG DIS-MOI en reçoit régulièrement la preuve à travers les nombreuses plaintes déposées à sa Pro Bono Law Clinic, mise en place depuis 2016, et qui offre des conseils juridiques gratuits à travers l’île. Les cas les plus courants concernent le travail forcé, l’exploitation sexuelle des enfants, la prostitution et des employeurs qui saisissent les passeports de leurs employés et qui leur font du chantage. « Ces personnes viennent à Maurice sans être en règle. Néanmoins, être en situation irrégulière ne signifie pas qu’elles ne sont pas victimes de la traite des personnes. » Il regrette qu’il n’y ait pas encore d’indicateurs clairs pour identifier les victimes de la traite des personnes.

Dans le passé, les victimes étaient souvent placées en cellule policière et la police les référait à des centres de rétention ou autres centres de détention. Cependant, l’article 7 du Combating of Trafficking in Persons Act permet aux organisations autorisées de fournir un hébergement temporaire aux victimes présumées jusqu’à l’examen de leur cas. En ce sens, DIS-MOI et Univers’ELLES ont mis en place un refuge pour les victimes.

Univers’ELLES accompagne les femmes étrangères victimes dans son centre, mais qu’en est-il des hommes ? « Nous travaillons dessus en ce moment pour qu’un centre soit mis à la disposition des hommes étrangers. Notre objectif est d’assurer une meilleure prise en charge des victimes étrangères de la traite des personnes et que justice soit rendue. » 

Néanmoins, il salue « les efforts du bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP) et de la police dans cette lutte ». Un département spécial a été mis en place pour traiter rapidement les cas et identifier les victimes afin d’expédier les cas en cour. La police bénéficie également d’une formation continue pour améliorer le système à tous les niveaux. 

La Pro-Bono Law Clinic de DIS-MOI collabore avec le bureau du DPP, la police et autres pour accompagner les victimes, leur offrir des conseils légaux et les représenter en cour. En 2022, trois victimes malgaches ont été rapatriées après avoir séjourné dans le pays pendant 2-3 ans. Parmi elles, il y avait des mamans dont les enfants étaient toujours à Madagascar. « Grâce à l’aide de l’International Organisation for Migration (IOM) et du bureau du DPP, les dossiers ont été traités en cour, permettant leur rapatriement », souligne-t-il. 

Toujours est-il que Me Bhavish Budhoo plaide pour davantage de sensibilisation. Car, prévient-il, le nombre de cas de traite des personnes augmente à Maurice. « Plus nous ouvrons nos portes aux travailleurs étrangers, plus ils deviennent vulnérables à l’exploitation, surtout s’ils arrivent ici en situation irrégulière », affirme-t-il. 

Il est pareillement crucial d’éduquer la population sur ce qu’est le Trafficking in Persons et d’informer les travailleurs et les enfants sur leurs droits. Il est également primordial de sensibiliser les agences de recrutement, de même que les employeurs. « C’est pour cela que DIS-MOI intervient pour éduquer la population à travers des cours sur les droits humains et la citoyenneté, car le Trafficking in Persons touche déjà notre société et nous devons agir. »

Des progrès mitigés

Le rapport américain de 2023 classe Maurice au niveau 2 en matière de lutte contre la traite des personnes. Cette classification indique que, malgré les efforts déployés par les autorités mauriciennes, le pays ne satisfait pas entièrement aux normes internationales en la matière. La présence continue de cas de traite sur le territoire mauricien souligne la nécessité de renforcer les actions entreprises.

 

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