Société

Lutte contre le trafic humain à Maurice: un pas en avant…

Après plusieurs réticences autour de la campagne de DIS-MOI intitulée «le trafic humain à Maurice», il semblerait que les choses bougent enfin. D’une part, DIS-MOI a pu réunir plusieurs organismes dans le cadre d’un atelier de travail tenu jeudi dernier à Port-Louis. De l’autre, le Conseil des ministres a mis sur pied un comité interministériel afin d’étudier le rapport américain sur le trafic humain. DIS-MOI annonce d’autres actions.
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/div> Trafic humain. Un concept encore méconnu pour la plupart des citoyens, il y a quelques jours encore. Désormais, les consciences s’éveillent et la presse, les politiciens, la police, les travailleurs sociaux et les citoyens en parlent. Il y a deux semaines de cela, certains prétendaient que ce fléau n’existait pas à Maurice, mais depuis que la définition a été clairement expliquée, les langues se délient. Alors qu’ils sont nombreux à ne pas s’aventurer sur la question de trafic d’organes, ils sont unanimes à parler de la traite des êtres humains lorsqu’on évoque la situation des travailleurs étrangers, des enfants vendus pour adoption ou encore des femmes et des filles forcés à la prostitution. Dans cette mini-entrevue le directeur de Dis-Moi revient sur la campagne de l’association et les tergiversations de l’État face au trafic humain. Racontez-nous comment DIS-MOI s’est lancée dans cette campagne... Vous savez, les concepts des droits humains sont dynamiques. Lorsque DIS-MOI a été créée il y a trois ans, nous n’avions aucune commission. Nous en avons créé une dizaine au gré de nos rencontres avec des spécialistes, au gré de nos lectures et de la réalité du terrain. Le trafic humain, cette forme ignoble d’esclavage, existe dans tous les pays et bien évidemment à Maurice. Ceux qui ne le savent pas ignorent une triste réalité. Qu’en est-il de cette fameuse réalité ? Par les journaux, les citoyens mauriciens ont appris avec stupeur qu’à Maurice des parents vendaient leurs enfants ! Pire, des hommes ‘achetaient’ des petites filles innocentes. Ce que nous entendons n’est que le sommet de l’iceberg. Il est temps que le pays se réveille. Et quid de l’État ? Aucun gouvernement à Maurice, aucun politicien n’a jamais prononcé le mot ‘trafic humain’, terme qui existe pourtant et qui définit des pratiques ressemblant à l’esclavage. L’État s’est semble-t-il réveillé après avoir nié le phénomène et critiqué le récent rapport du Départment d’État américain qui en faisait mention. Un comité interministériel a été formé pour étudier ce même rapport américain. Si DIS-MOI a pu sensibiliser la population et le gouvernement sur ce problème crucial des droits humains, tant mieux ! Mais nous attendons de l’État qu’il fournisse une réponse claire au fléau du trafic humain. Que fera DIS-MOI au cours de cette campagne ? D’abord, il faut dire clairement que s’il n’y a pas de campagne nationale (regroupant l’État, les médias, la société civile, le Conseil des religions) contre ce fléau, tout ce que nous entreprendrons sera un coup d’épée dans l’eau. DIS-MOI a déjà institué une commission, (présidée par l’avocate Indranee Boolell-Bhoyrul), organisé un atelier de travail au niveau national et rencontré le commissaire de police et son état-major. Nous lancerons bientôt le HumanTrafficking Watch et organiserons une plateforme ‘Déracinons le trafic humain’. Sans compter qu’en 2016 nous aurons un refuge (shelter) pour accueillir les victimes de ce fléau. Ce sera notre modeste contribution à la société mauricienne.
 

Karine, 20 ans: «Mon mari a tenté de me vendre pour se droguer»

En instance de divorce, Karine (prénom fictif), 20 ans, mère d’une petite fille d’un an et demi, est une jeune femme traumatisée. Elle a cependant décidé de ne pas se taire « pour encourager les autres victimes à briser le silence », dit-elle. « Mon petit ami m’a droguée en mettant une substance inconnue dans un verre de jus et puis nous avons eu des relations sexuelles. C’est comme cela que je suis tombée enceinte. Il m’a demandé de me faire avorter. J’ai refusé et il a fini par m’épouser. Ce n’est que six mois plus tard que j’ai appris qu’il se droguait. Il me quittait souvent chez mes parents durant le weekend. Je ne savais pas où il allait. Ce n’est que le dimanche soir qu’il revenait me chercher. Il se montrait alors violent à mon égard. Il voulait que j’obéisse à ses ordres, sinon il m’enfermait dans une pièce, ou alors il verrouillait les portières de la voiture et roulait à toute vitesse pour me faire peur.  Il s’en prenait également à mon enfant, la secouait de manière énergique et menaçait de la tuer. Le pire c’est quand il m’a emmenée un jour chez des personnes à Port-Louis. Sur place, il n’y avait que des hommes. Il m’a ensuite demandé de me prostituer pour qu’il ait de l’argent pour se droguer. J’ai refusé. J’ai peur qu’un jour, il essaie de vendre ma fille…» Karine raconte qu’à plusieurs reprises elle a dû s’enfuir avec son enfant pour se réfugier chez sa mère. « Mes beaux-parents ont alors tenté de kidnapper mon enfant. La dernière fois, ils sont venus avec du renfort, ils ont tout saccagé chez moi et endommagé la voiture de mon père. Nous  avons dû fuir et désormais, nous vivons cachés chez des proches », raconte-t-elle.  

Mise sur pied d’un comité ministériel

Le Conseil des ministres qui s’est réuni le vendredi 6 novembre a décidé de mettre sur pied un comité interministériel pour étudier le rapport américain. Le trafic humain à Maurice avait été dénoncé dans le Trafficking In Persons Report de 2015 du Département d’État américain rendu public en juillet dernier. Il indique que Maurice avait chuté d’un rang et faisait désormais partie des pays du Tier 2, donc sous haute surveillance. Ce comité interministériel sera présidé par Ravi Yerrigagoo, Attorney General.
 

Atelier de travail sur le trafic humain: campagne nationale de DIS-MOI

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[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"4190","attributes":{"class":"media-image size-full wp-image-6476","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1920","height":"1080","alt":"Florence Boivin-Roumestan -, pr\u00e9sidente de l\u2019ONG canadienne Justice \u0026amp; Equit\u00e9, experte internationale sur le trafic humain."}}]] Florence Boivin-Roumestan -, présidente de l’ONG canadienne Justice & Equité, experte internationale sur le trafic humain.

[padding-p-1 custom_class=""][/padding-p-1] Dans le cadre de sa campagne nationale ‘Déracinons le trafic humain à Maurice’, DIS-MOI a organisé un atelier de travail, avec la collaboration de l’organisation canadienne Justice and Equity. L’événement a été un succès. Il a réuni divers acteurs de la société, ainsi que des représentants d’organismes publics et privés. Policiers, officiers de l’Immigration, représentants du ministère de l’Égalité du genre, de la Family Protection unit, du ministère du Travail et des relations industrielles, ou encore d’organisations non gouvernementales, ou de l’ambassade américaine étaient tous réunis à la municipalité de Port-Louis le jeudi 5 novembre dernier. Objectif de cet atelier : la sensibilisation sur le trafic humain à Maurice. [padding-p-1 custom_class=""][/padding-p-1]
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[padding-p-1 custom_class=""][/padding-p-1] Lors de cet atelier, DIS-MOI a annoncé la mise sur pied d’un Human Trafficking Watch et  la création d’un centre de refuge pour les victimes. DIS-MOI souhaite également un plan d’action national afin de combattre ce fléau. Parmi les principaux intervenants à ce séminaire : Florence Boivin-Roumestan, présidente de l’ONG canadienne Justice & Equité, experte internationale sur le trafic humain, a longuement parlé du trafic humain dans le monde de ses répercussions sur l’économie de Maurice. Me Hervé Lassémillante, vice-président de la Commission nationale des droits humains, a évoqué la force des ONG et la responsabilité de la commission. Lindsay Rivière, président du Media Trust, a mis l’accent sur le trafic humain chez les femmes, avec une pensée pour les Rodriguaises. Il a aussi donné l’assurance que les journalistes collaboreront pleinement pour sensibiliser la population sur ce fléau. Jane Ragoo, syndicaliste de la Confédération des travailleurs du secteur privé, rappelé les nombreux cas de trafic humain à Maurice surtout parmi les travailleurs étrangers. Me Indranee Boolell-Bhoyrul, présidente de la Commission Trafic Humain de DIS-MOI,  a fait un exposé sur le cadre légal mauricien. Elle a rappelé les lois suivantes:  la Combating Persons in Trafficking Act (2006), la Child Protection Act et la Judicial Provisions Act. [padding-p-1 custom_class=""][/padding-p-1]

Travailleurs sociaux, officiers des ministères et haut gradés de la police ont participé à cet atelier de travail

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[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"2690","attributes":{"class":"media-image alignleft wp-image-3539","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"355","height":"169","alt":"DIS-MOI"}}]]DIS-MOI (Droits Humains-Océan Indien) est une organisation non gouvernementale qui aide à promouvoir la culture des droits humains dans la région du Sud-Ouest de l’océan Indien, notamment les Seychelles, Maurice, Rodrigues, Madagascar et les Comores. Fondée en 2012, l’organisation milite pour la défense et l’enseignement des droits humains. DIS-MOI, 11 Broad avenue, Belle-Rose, Quatre-Bornes - TEL : 5 440 45 01 - INFO@DISMOI.ORG - HTTP://WWW.DISMOI.ORG

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