Pour la première fois en 19 ans, ils ont eu droit à un dîner familial. Les quatre condamnés de l’incendie criminel de la maison de jeu l’Amicale, Sheikh Imran Sumodhee, Khaleeloudeen Sumodhee, Shaffick Nawoor et Naseeb Keramuth, ont retrouvé la liberté ce jeudi 23 août.
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«Je n'en croyais pas mes yeux. Je me sens comme un étranger dans mon pays. L'île a tellement changé. En arrivant à Port-Louis, près du Champ-de-Mars, je croyais en un rêve. Je me suis dis qu'on allait bientôt me réveiller et que j'étais toujours en prison», a déclaré Shaffick Nawoor sur le plateau du Grand Journal de Radio Plus ce jeudi après-midi.
Khaleeloudeen Sumodhee est du même avis : le pays a connu bien des changements ces 19 dernières années. Son frère Sheikh Imran, Shaffick Nawoor et lui-même ont répondu en direct aux questions de Jean-Luc Emile et de Florence Alexandre sur le plateau de Radio Plus. Ils ont raconté leurs premières heures de liberté.
Déjà en fin de matinée, plusieurs membres des familles des quatre condamnés se sont réunis à la prison de Richelieu où les frères Sumodhee, de même que Shaffick Nawoor et Naseeb Keramuth, purgeaient leur peine. Munis d'une banderole, ils ont accueilli les quatre hommes comme des héros après leur libération.
L'émotion était palpable au domicile des frères Sumodhee, à Vallée-Pitot, en début d'après-midi. Avant de rentrer chez eux, les frères Khaleeloudin et Imran ont participé à une prière dans une mosquée de la localité. Ils ont ensuite marché jusqu’à leur maison en compagnie de leurs proches. Ils clament toujours leur innocence.
Une fois chez lui, Imran Sumodhee était tout ému. Ses proches étaient là pour l’accueillir. Rosida, l'épouse de Khaleeloudeen, ne cache pas sa joie.
Nasrudin, le fils de Khaleeloudeen, est aujourd’hui âgé de 28 ans. « Malgré le fait que mon père et mon oncle purgeaient leur peine en prison, j’ai toujours suivi les conseils qu’ils m’ont prodigués », a-t-il confié.
Munira, la mère des frères Sumodhee, remercie le ciel de lui avoir rendu ses deux fils : « Mo ban zenfan in vini, kuma dir ene poids fin sorte depi mo leker. »
C'est au terme d'un long feuilleton judiciaire que les quatre condamnés ont été libérés. Les frères Sumodhee, de même que Shaffick Nawoor et Naseeb Keramuth, avaient été trouvés coupables d'avoir mis le feu à la maison de jeu, l'Amicale, à Port-Louis, le 23 mai 1999. Le drame avait fait sept morts.
Les victimes sont : Yeh Ling Lai Yau Tim (35 ans), et ses deux filles, Catherine (6 ans), Eugénie Louise (2 ans), ainsi que Jean-Noël Law Wing (34 ans), Mohamed Fawzee Abdool Hakim (42 ans) et Babooram Luckoo (69 ans) et Jeanette Ramboro (26 ans), qui attendait un bébé.
Du côté des proches des victimes, l'on se demande qui sont les vrais coupables. Jacqueline Ramboro, la mère de Jeanette Ramboro, affirme qu'il faut que justice soit faite dans cette affaire.
Naseem, la sœur de Mohamed Fawzee Abdool Hakim, une des sept victimes de la maison de jeu l’Amicale, confie pour sa part : « Je n’ai rien contre ceux qui ont été libérés ce jeudi 23 août. » : «Bizin ena dimoun ki fin fer li. Li fin tir la vi mo frer», ajoute-t-elle.
Ce jeudi a été le clap de fin pour la bataille menée par Sheikh Imran Sumodhee, Khaleeloudeen Sumodhee, Abdool Naseeb Keeramuth et Muhammad Shafiq Nawoor, pour réclamer leur libérté. Ils avaient été trouvés coupables d'avoir mis le feu à la maison de jeu, l'Amicale, à Port-Louis, le 23 mai 1999, à l'issue du match Fire Brigade/Scouts Club.
En octobre 2015, leur condamnation à la prison à vie avait été commuée en une peine de 18 ans de prison par la Commission de pourvoi en grâce. Leur libération était prévue pour le 17 mars 2019.
Mais en janvier 2018, leurs avocats, dont Me Rama Valayden, avaient adressé une correspondance au Premier ministre, Pravind Jugnauth, pour lui faire part d'une «erreur de calcul de l’administration pénitentiaire». Les autorités ont ainsi accédé à leur requête.
Après la libération des quatre condamnés de l’Amicale, ce jeudi 23 août, le commissaire des prisons, Vinod Appadoo, n’a pas tardé à donner sa version des faits. « Il n’y a pas eu d’erreur de la part de l’administration pénitentiaire » affirme-t-il.
Face à la presse, le commissaire des prisons a expliqué que cette libération est le résultat de l’adoption de la Judicial and Legal Provisions Act, au Parlement, le mois dernier. 67 personnes au total sont concernées par ces changements, explique-t-il.
Le président de la République par intérim, Barlen Vyapoory, estime lui que les quatre condamnés ont passé suffisamment de temps en prison et ont payé pour leur faute. Il participait ce jeudi à une exposition à la Cyber Tower 1 à Ebène.
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