L’idée selon laquelle les jeunes, en particulier les femmes, ne se soucient pas de politique est un cliché tenace. Pourtant, de nombreuses jeunes, comme Jessica, Chloé ou Shalini, s’engagent activement, poussées par des idéaux ou des convictions politiques profondes. Oui, la jeunesse féminine est bien présente dans le paysage politique.
Chloe Manique, du Mouvman Bruneau Laurette : «Il est temps d’avoir du sang neuf à la tête du pays»
La jeunesse n’est pas égocentrique. Chloe Manique, du Mouvman Bruneau Laurette (MBL), en est persuadée. Mais, dit-elle, il faut juste lui donner l’opportunité de s’épanouir. Et pourquoi pas accéder à un poste d’assistante parlementaire aux côtés d’un Premier ministre ? Utopique ? Elle y croit.
Chloe Manique a 24 ans. Originaire du Nord de l’île, elle a fréquenté l’école primaire de St-Antoine et le collège Friendship. Véritable boule d’énergie, elle se décrit comme une personne aux multiples facettes. « J’exerce en tant que maquilleuse professionnelle, mais je suis aussi au service de l’administration du MBL. Je suis mariée et j’ai un mari merveilleux qui me soutient dans tout ce que je fais. Après mes longues heures de travail pendant cette période électorale, il vient me chercher, m’aide dans les tâches ménagères et dans la cuisine. »
Pourquoi la politique ? « Disons que je n’ai pas choisi cette filière. Elle est venue à moi », répond-elle de sa voix douce, sourire aux lèvres. « Tout a commencé lorsque Bruneau Laurette s’est fait arrêter. J’ai été témoin de cette injustice et du schéma qui a suivi à sa sortie de prison, et j’ai décidé de l’aider dans son combat contre l’injustice en faisant du social à ses côtés. Lorsqu’il s’est tourné vers la politique, j’en ai fait de même », explique-t-elle.
Depuis sa création, poursuit la jeune femme, elle dit avoir choisi le MBL pour ses valeurs. « J’ai aussi réalisé que la femme occupe une place primordiale dans ce mouvement, ce qui, pour moi, est une aubaine. En tant que jeune, je suis d’avis qu’il est temps d’avoir du sang neuf à la tête de notre pays et de donner sa chance à la jeune génération. Certes, le MBL a aussi son collectif d’anciens, mais le nombre de membres de ma génération est aussi très conséquent. Cela permet un partage et aussi une meilleure compréhension des préoccupations du peuple, qui est de tous les âges », souligne-t-elle.
Que représente ce parti pour Chloe Manique ? Aucune hésitation dans sa réponse : « Le MBL est une source d’inspiration qui m’a donné du courage. Avant de me marier, je vivais à Cité Ste-Claire et là-bas on voyait très rarement les politiciens, sauf pendant la période électorale. Le MBL va à la rencontre des laissés-pour-compte. Son combat vise à donner une voix aux plus démunis. »
Quel regard porte-t-elle sur les autres partis ? « Je vais simplement dire que le temps a évolué et que la nouvelle ère doit aussi accueillir de nouveaux politiciens. Donnons la chance aux autres. Il existe de nombreux candidats indépendants et petits partis avec des programmes très intéressants qui, je pense, méritent d’être mis en lumière. »
Le manque d’engagement des jeunes en politique est souvent déploré, ainsi que leur supposé égocentrisme. Quel est son avis ? « Je ne pense pas que tous les jeunes soient égocentriques. Nous devons comprendre que nous vivons dans une nouvelle ère où les jeunes ne sont pas forcément mis en lumière. Malheureusement, avec l’avancement technologique, seules les mauvaises choses sont mises en avant, d’où l’image d’un égocentrisme aigu. Je pense qu’il est important de ne pas mettre tous les jeunes dans le même panier. »
D’ailleurs, en évoquant l’engagement des jeunes en politique, Chloe Manique fait ressortir que d’une part « il y a ceux qui sont intéressés et possèdent une bonne connaissance, et d’autre part ceux qui n’ont pas les outils nécessaires pour acquérir les connaissances utiles ».
Et quelles sont leurs attentes politiques ? Chloe Manique parle pour elle : « Je souhaite que le mensonge en politique cesse. Nous devons mettre en avant un système méritocratique, qui promeut le bien-être de la population. »
Et quelles sont ses aspirations ? « J’aspire à évoluer dans le domaine socio-politique et pourquoi pas être l’assistante d’un ministre, voire d’un Premier ministre, qui aurait de bonnes valeurs ? »
Shalini Jhummu-Narain, membre du MMM : «Du sang mauve coule dans mes veines»
Militante mauve foncé, proche de Paul Bérenger et de Deven Nagalingum, Shalini Jhummun-Narain n’est, cependant, ni une « suiveuse » ni un « ti-toutou ». Native de Stanley, cette directrice de compagnie âgée de 39 ans, titulaire d’un Graduate Diploma en Business Administration et d’une licence en informatique, a fréquenté l’école primaire Rémy Ollier et la SSS de Bambous. Ses parents sont « self-employed », tandis que son frère, Kheshaw Jhummun, est avocat.
Pourquoi cet amour de la chose politique ? « Depuis toujours, mon papa est un fervent du MMM. On parlait politique matin, midi et soir. Il a été candidat aux municipales en 1996 et a été battu par 100 votes », raconte-t-elle. Forte de ses convictions, elle insiste : « La politique devrait tous nous concerner. »
Et depuis quand s’est-elle engagée ? En 2015, explique Shalini Jhummun-Narain, elle a plaqué son travail pour se porter candidate aux municipales en 2015. Elle a malheureusement été battue, comme son père auparavant. « Aujourd’hui, je suis la présidente de l’aile féminine du MMM, je suis membre active du Comité central des mauves, avec la bénédiction de Deven Nagalingum de qui j’ai beaucoup appris. »
Pourquoi soutient-elle le MMM, au-delà de l’engagement de son propre père ? « Du sang mauve coule dans mes veines. Le MMM est une université, ce parti a des valeurs et prône la vraie méritocratie. Les gens peuvent penser ce qu’ils veulent, mais au MMM, l’unité nationale prime avant tout autre chose. Le MMM a été très peu de fois au gouvernement, mais ce parti a toujours respecté ses valeurs, pas de copinage », souligne-t-elle.
Son regard sur les autres partis ? Shalini Jhummun-Narain hésite : « Je ne veux pas commenter. Mais, ce que je peux dire, c’est qu’il y a deux politiciens d’expérience qui sont en accord électoral et qui ont une vision de rassembleur. »
Est-ce leur dernier combat politique avant de passer la main ? A cette question, elle a un petit pincement au cœur, mais réagit sur le champ : « Personne n’est éternel. J’ai vu Paul Bérenger faire preuve d’une grande énergie, mais avec l’âge, ils savent qu’ils doivent assurer la relève. »
Et le MSM ? Shalini Jhummun-Narain y est allergique. « Le MSM a conduit le pays à la catastrophe. C’est le pire gouvernement que le pays ait connu, le ‘law and order’ est inexistant, la drogue fait des ravages dans mon quartier et ailleurs », dénonce-t-elle avec force.
Quelle est son opinion sur le Mouvman Bruneau Laurette, le tout dernier venu sur la scène politique ? « Je ne comprends pas ce mouvement. Enn ti moman-la, lot kout li lot kote. Li koumadir enn servolan kas lalign. Roshi Badhain li pena respe pou bann fam, li finn maltret Karen Foo Kune apre li dir linn derape. Kot pe ale ? Il fait le jeu du MSM. »
Et la jeunesse mauricienne dans ce brouhaha ? « Il y a beaucoup de professionnels à Maurice, il faut juste leur donner l’opportunité de s’épanouir. » Elle attribue le « brain drain » au manque de méritocratie. « Ils vont chercher ailleurs et c’est triste pour le pays. »
Shalini Jhummun-Narain n’en démord pas : « Nous avons besoin de professionnels pour le bien de notre nation, pa zis donn job bann ti-kopin. C’est cela le combat du MMM, et également le mien après avoir été moi-même victime de cette marginalisation. Le MSM fait des promesses aux jeunes à la veille des législatives, mais qu’a fait ce parti durant 10 ans au pouvoir pour ces jeunes ? »
Qu’attend-elle des politiciens ? Shalini Jhummun-Narain lance un appel : « Je demande à tous les politiciens d’avoir une approche humaine, une politique centrée sur le bien-être de la population. »
Ses aspirations personnelles ? « Je suis une fervente MMM. Une vraie diehard MMM. Jamais je ne changerai, comme certains l’ont fait. »
Jessica Lememe, activiste du MSM : «Les politiciens sont là pour servir le peuple»
Engagée, elle l’est depuis une dizaine d’années au service du MSM. Bien que très diplomatique dans son approche, Jessica Lememe (T-shirt orange sur la photo) reste inflexible sur ses valeurs : pour elle, les politiciens doivent servir le peuple et non se servir.
Sous des airs modestes, un peu timide mais réfléchie et posée, Jessica Lememe ne pratique pas le rentre-dedans mais s’exprime avec la franchise qui la caractérise. La quarantaine assumée, cette ancienne élève de l’école Philippe Rivalland et du SSS de Pointe-aux-Sables évolue dans le domaine de la construction.
Habitante de la circonscription n°1 (Grande-Rivière-Nord-Ouest/Port-Louis Ouest), elle raconte être « issue d’une famille modeste. J’ai une sœur. Mon père est retraité et ma mère travaille toujours ». Jessica Lememe est une passionnée du monde politique et du Sun Trust et ne s’en cache pas : « La politique me passionne, car c’est un univers en constante évolution. Je chemine aux côtés du MSM depuis une dizaine d’années, plus précisément depuis la création de l’Alliance Lepep en 2014. »
Et pourquoi le MSM plus précisément ? À cette question, elle répond : « J’ai choisi le MSM parce que, d’abord, en tant que jeune, j’ai vu en mon leader un visionnaire, un homme de parole. Il y a aussi l’attention particulière qu’il accorde aux jeunes et aux femmes. »
Que représente le parti pour lequel elle se bat ? Jessica est dithyrambique sur les réalisations du parti Soleil. « Le MSM représente un parti d’avenir pour tous les segments de notre société. Sous la direction du MSM, chaque citoyen, quoi qu’en disent certains, trouve sa place dans initiative gouvernementale », explique-t-elle.
En quelques années, poursuit Jessica Lememe, le pays est passé à une étape supérieure de son développement. « Maurice est aujourd’hui un chantier à ciel ouvert. Nous avons, à la tête de notre pays, un leader qui, avec son équipe, a su instaurer des mesures pour soutenir toute la population », s’enthousiasme-t-elle.
Elle cite une phrase d’Aristote, « From womb to tomb », rappelant qu’il croyait fermement que l’apprentissage est un processus qui dure toute une vie. « Mais moi, je voudrais reprendre cette citation pour dire que le leader du MSM a su développer une vision grâce à laquelle son gouvernement accorde l’attention nécessaire au citoyen de sa naissance à la fin de sa vie. »
Elle énumère les diverses allocations accordées par le gouvernement sortant, comme celle accordée aux femmes enceintes, la Child Allowance, la School Allowance, les Rs 20 000 aux jeunes de 18 ans, le salaire minimum garanti pour tous les travailleurs du pays, la hausse conséquente des différents types de pension, le soutien financier pour les traitements de maladies non traitables à Maurice.
« Ces mesures sont déjà en place et la population a certainement hâte que le MSM et ses alliés reviennent au pouvoir pour qu’elle puisse bénéficier de mesures additionnelles qui représenteront un soulagement accru pour chaque Mauricien… Qui dit mieux ? Qui ne se souvient pas qu’avant 2014 des femmes ‘cleaners’ de ce pays percevaient la modique somme de Rs1 500 comme salaire mensuel ? »
Parle-t-elle en connaissance de cause ? Explications laconiques de Jessica Lememe : « Je peux dire que j’ai vécu cette situation de très près parce que ma mère était l’une d’elles… D’ailleurs, cela a été un obstacle pour moi personnellement dans mes études. Et il ne faut pas oublier qu’à l’époque, les subventions sur les frais d’examen du School Certificate et du Higher School Certificate avaient été abolies. Et il a fallu que ma mère s’endette pour payer mes frais d’examens. »
Aujourd’hui, elle se réjouit que « grâce au gouvernement de Pravind Jugnauth, l’éducation est gratuite du pré-primaire au tertiaire. Sans oublier que le gouvernement offre un soulagement aux parents à travers la Child Allowance et la School Allowance. Cet argent permet indéniablement aux parents de mieux soutenir leurs enfants ».
Quel est son regard sur les autres partis et les politiciens ? Elle répond : « Je n’ai pas à juger qui que ce soit. Je n’adhère tout simplement pas à leurs projets d’avenir. Je ne prendrai que quelques exemples : que préconisent-ils pour les jeunes ? Et pour les femmes ? »
Jessica Lememe s’attarde sur la question de la parité. « Dans leurs discours, ils parlent de parité. Mais dans la réalité, ce n’est qu’un slogan creux. » Et son point de vue sur la jeunesse mauricienne ? « Aujourd’hui, la jeunesse mauricienne se retrouve face à un éventail d’opportunités. Il appartient aux jeunes de savoir saisir cette main qui leur est tendue et faire le bon choix. »
Qu’attend-elle de nos politiciens ? Jessica Lememe est directe : « Je m’attends à ce que les politiciens fassent leur travail, qu’ils œuvrent pour la société. Les politiciens sont là pour servir et non pour se servir. »
Ses aspirations ? « Jusqu’ici, j’ai beaucoup appris aux côtés des politiciens que j’ai côtoyés. Mais il est un fait que l’on ne cesse jamais d’apprendre. Le plus important est de savoir s’orienter vers ce qui est meilleur pour soi et, par extension, pour ceux qui nous entourent et pour le pays. Ce n’est pas toujours simple, mais avec de la volonté, rien n’est impossible. Notre République a encore de très belles années devant elle, et être partie prenante de ce développement serait un plaisir et une bénédiction… »
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