Le VIH/sida se féminise à Maurice et le nombre de nouveaux dépistés est en hausse. C’est ce qu’indique le dernier chiffrage sur la situation de cette maladie effectué par les services de virologie du ministère de la Santé. Ce qui interpelle les Organisations non gouvernementales engagées dans la lutte contre le VIH/sida et l’encadrement des patients.
382. C’est le nombre de nouveaux cas de VIH/Sida détectés de janvier à décembre 2018. Comme c’est le cas depuis ces dernières années, la tendance est à la hausse. Une situation qui interpelle les Organisations non gouvernementales (ONG) engagées dans la lutte contre le VIH/sida et l’encadrement des personnes atteintes de la maladie, Pils, Ailes et Lacaz A.
Le directeur exécutif de Pils, Nicolas Ritter, dit prendre note de cette augmentation. Il préfère être en présence d’un rapport complet et d’une analyse en profondeur avant de faire des commentaires exhaustifs. Toutefois, à la lumière de nos informations, il explique que la hausse qui se dessinait depuis 2014 n’a fait que s’accentuer. Cependant, il affirme qu’il faut être prudent et il se demande si cette croissance n’est pas due au plus grand nombre de dépistages effectués. « Il faut faire une analyse complète avec le ministère de la Santé et les différents partenaires concernés avant de commenter ces données en détail », dit-il.
Nicolas Ritter se dit néanmoins interpellé par le ratio hommes/femmes touchés par le VIH/sida qui s’est transformé. « Il y a de plus en plus de femmes qui sont contaminées. Le nombre de nouveaux cas a aussi augmenté dans les différentes tranches d’âges notamment chez les 25-29 ans, 40-54 ans et les plus de 55 ans. La seule baisse qu’on peut remarquer se situe dans les tranches d’âge des moins de 15 ans et des 15-24 ans », observe-t-il.
Sans vouloir être alarmiste, le directeur exécutif de Pils conclut en disant que les chiffres confirment une féminisation du VIH/sida et une transmission de la maladie parmi les usagers de drogue qui n’est pas maîtrisée.
À ce sujet, la directrice de l’ONG Ailes, Brigitte Michelle, déplore que les individus qui s’injectent de la drogue n’aient pas suffisamment de matériel propre. « Le nombre de consommateurs de drogue qui sont particulièrement des jeunes est alarmant », explique-t-elle.
C’est ce qui pourrait expliquer cette hausse du nombre de nouveaux cas de VIH/sida mais il y a aussi la stigmatisation qu’encourent toujours les personnes touchées. « La drogue ne se consomme plus seul dans le couple. Dans bien des cas, les deux conjoints sont des consommateurs. Et si la femme tombe enceinte, elle est réticente à se rendre dans les centres de santé publique pour ne pas subir le regard des autres », ajoute la directrice de Ailes.
Pour elle, il faut un travail de proximité auprès des femmes afin qu’elles soient mieux encadrées et qu’elles évitent la transmission mère-enfant de la maladie.
Mary Emilien, responsable de l’accueil à Lacaz A, ajoute pour sa part que les ONG n’ont pas failli à leur tâche, mais qu’il faut davantage cibler les jeunes. « Ils ont une sexualité débridée et nombreux sont ceux qui refusent de se protéger », explique-t-elle. Selon elle, l’accent doit être mis sur la prévention et la responsabilisation de tout un chacun.
La situation du VIH/sida en quelques chiffres
- Le nombre de nouveaux cas détectés de VIH/sida est passé de 262 à 382 de 2014 à 2018.
- Le ratio hommes-femmes atteints du VIH/sida s’est transformé. Si en 2010 il présentait 76,2 % d’hommes pour 23,7 % de femmes, en 2018 il est passé à 57,1 % et 42,9 % respectivement.
- Le nombre de nouveaux cas détectés dans la tranche d’âge 25-39 ans est passé de 121 en 2013 à 169 en 2018. Il est passé de 71 à 96 chez les 40-54 ans et de 10 à 48 chez les plus de 55 ans au cours de la même période.
- La moyenne de nouveaux cas dépistés par mois était de 46 pour la période 2006-2010 contre 26 de 2011 à 2016. Pour l’année 2018, le taux moyen mensuel dépisté était de 32 contre 31 en 2017.
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