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Le Grand Journal - Vinod Appadoo : «La prison accueille 600 condamnés chaque mois»

Le monde carcéral est sous les feux des projecteurs depuis le début des auditions de la Commission d’enquête sur la drogue. Entre esquives et révélations, le commissaire des prisons, Vinod Appadoo, fait le point sur le système pénitentiaire.

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Trafic de drogue

Maldonne et trafic en tout genre: ils existent bel et bien dans les prisons. C’est ce qui ressortait des réponses du commissaire des prisons, mardi sur Radio Plus. Vinod Appadoo répondait à Nawaz Noorbux dans le Grand Journal. Autre aveu : il n’est pas impossible qu’un simple « marchand » de drogue devienne un caïd en prison, comme l’a indiqué Peeroomal Veeren devant la commission d’enquête sur la drogue.

Vinod Appadoo tempère, cependant: cela ne concerne «qu’une infime partie des détenus. Une quinzaine sur un total de 2 300 prisonniers ». Le nouvel homme fort des prisons relativise aussi sur la possibilité que de grands crimes soient commandités de la prison.

« Il y en a eu trois ou quatre, pas plus…»

Complicité des gardiens

Une soixantaine de gardiens figurent sur une liste de personnes soupçonnées de faciliter les trafics au sein de la prison. Selon le commissaire, ils auraient été mutés le temps qu’une enquête interne soit menée. « S’il s’agit d’une affaire de drogue, nous refilons le dossier à la brigade antidrogue pour une enquête policière ».

Une fois de plus, Vinod Appadoo ne considère pas la situation alarmante, car « il ne s’agit que d’une soixantaine d’hommes sur un effectif de 1 200 officiers répartis dans douze centres d’incarcération». Des gardiens soupçonnés d’être de mèche avec les trafiquants et quinze ont comparu devant la Commission d’enquête. «  Qu’ils assument leurs responsabilités », lance le commissaire.

Utilisation de portables

Il n’est un secret pour personne que les détenus communiquent autant qu’ils le veulent avec l’extérieur, grâce à un téléphone mobile. Une pratique qui ne devrait plus durer, assure le commissaire. « Je renforce la discipline en prison et mets en place un régime très strict. Un détenu en possession d’un téléphone portable en paiera le prix cher. Nous le priverons d’un temps maximum de rémission.

Les récidivistes risquent même l’isolement», prévient Vinod Appadoo. Quid des brouilleurs devant empêcher les portables d’émettre ? Ils sont hors service actuellement ! « Ce problème sera réglé d’ici cinq mois, affirme le chef des prisons. Il se dit déterminé à mettre un frein aux largesses que s’offrent les détenus. « Un criminel ne peut bénéficier d’autant de privilèges au sein de la prison. »

Rs 51 M pour la nourriture

Selon Statistics Mauritius, un prisonnier coûte Rs 750 par jour à l’État. Le budget annuel pour la nourriture s’élève à Rs 51 millions.

« Ce n’est plus possible : il faut absolument réduire les coûts. Un prisonnier ne peut manger que du blanc de poulet : dimoune dehors pas pe capav manz blanc poulet.» Ainsi, pour répondre à la demande de 425 000 œufs par an, la prison s’est procuré 4 500 poules pondeuses, et des broilers pour la consommation. Les prisonniers se mettront à l’élevage de poulets. Idem pour la culture de légumes qui représente un budget annuel de Rs 11,3 millions. « Nous avons l’espace nécessaire, le temps et la main d’œuvre : pourquoi payer autant ? Il faut faire travailler les détenus», martèle le commissaire.

Taux de récidive élevé

Voilà qui pourrait expliquer le taux de récidive élevé (67 %): 600 personnes sont mises en prison tous les mois, indiquent les statistiques. « Certaines personnes ont été emprisonnées à 35 reprises, beaucoup l’ont été à 20 reprises  », assure Vinod Appadoo. « C’est parce qu’ils sont logés, nourris et blanchis en prison. Je conteste ce système, auquel j’ai commencé à apporter des changements. On envisage même de supprimer la rémission pour les récidivistes », annonce le commissaire.

Vinod Appadoo dénonce : « Quelque 600 personnes sont condamnées à une peine de prison chaque mois à Maurice. Certaines sont envoyées en prison pour une amende non payée ou une contravention. J’en connais qui arrivent avec leur argent en poche. Ils sont envoyés en prison parce que la caisse est fermée ! »

Dans ces cas, estime le commissaire, il faudrait privilégier les travaux communautaires. « Ce serait un bon moyen de réduire la population carcérale, constituée à plus de 70 % de condamnés à moins d’un an de prison et 33  % qui ont écopé de moins d’un mois de prison. »

 

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