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Lauréats cuvée 2016 : un enfant de Roche-Bois brise les préjugés

« Enn simp zanfan Rosbwa kapav vinn lorea ». C’est en ces termes que Rony Busviah, élève du collège Royal de Port-Louis, décrit ses sentiments après avoir décroché la MCB Foundation Scholarship. Il fait la fierté de sa famille, mais surtout de son quartier.

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Sa réussite est une preuve que les préjugés qui existent sur les habitants de la région sont erronés. « Tout est possible, si on a de la volonté. On n’est pas obligé d’être issu d’une famille riche et de vivre dans une grande maison pour être lauréat. Il faut savoir qu’il n’y a pas seulement la drogue et la violence dans cette région, mais aussi l’effort des habitants qui veulent sortir la tête de l’eau. Ici, beaucoup de jeunes ont du potentiel. Il suffit de leur donner leur chance », estime Rony Busviah.

Son père, chauffeur de taxi, et sa mère, femme au foyer, lui ont donné cette chance. Pour lui, il ne faut pas forcément être le fils d’un professionnel et être issu d’une famille aisée.

« Mon père a fait beaucoup de sacrifices pour moi et mes deux sœurs », explique le lauréat. « Il y a toujours eu une ambiance conviviale à la maison, car nous estimons que l’encadrement familial est important. Il n’y a pas un jour que mon père ne m’a déposé au collège ou pour les leçons particulières. Ma mère s’est assuré que j’ai une alimentation saine pendant mon parcours scolaire. En effet, mes parents ont tout fait pour que leurs trois enfants aient une éducation. Ma grande sœur fait ses études aux États-Unis, alors que la benjamine a dû mettre un terme à ses études à cause de problèmes de santé. » Entouré de sa mère Jenny, de son père Darma et de ses oncles, tantes et autres membres de la famille, la joie et la satisfaction sont palpables sur le visage de tout un chacun. Darma Busviah souligne que faire des économies pour un enfant comme Rony vaut le coup.

La famille du lauréat s’est réunie pour manifester sa joie et sa fierté.

Soutien moral

« Son grand-père aurait été si fier de lui, s’il était vivant. Parfois, je refusais les courses de mes clients pour être disponible afin de récupérer mon fils. J’ai préféré être présent pour lui, car le soutien moral est très important durant cette période. Je devais aussi trouver une somme conséquente pour les dépenses telles que les leçons particulières et ses mets préférés », souligne le père.   

« De nos jours, on ne peut pas se permettre de n’être qu’un académique, un intellectuel, on doit aussi avoir une personnalité propre à soi. »

Jenny Busviah, elle, a du mal à contenir ses larmes de joie. Elle dit se remémorer son enfance en ce jour. « C’est le premier garçon lauréat de Roche-Bois. Je viens d’une famille nombreuse. Je n’ai pas pu faire d’études secondaires, mais je voulais que mon fils connaisse un autre sort. Je me souviens encore du dévouement de Rony durant cette année. Il révisait et s’endormait avec ses livres sur lui. »

Rony Busviah vient de fêter ses 19 ans le jeudi 2 février et pour lui, c’est le meilleur cadeau reçu à ce jour. « Je ne peux pas décrire ce que je ressens aujourd’hui. Je n’avais pas l’intention de concourir pour cette bourse. Ce sont mes enseignants et le recteur qui m’ont convaincu, car ils avaient confiance en moi. Et ce matin, je n’en ai pas cru mes oreilles, car je pensais être parmi les classés. C’est un concours de circonstances qui m’a permis d’être lauréat. »

« C’est grâce à un travail d’équipe avec mes amis de classe, à une bonne gestion de mon temps et au soutien de mon père que je suis parvenu à ce résultat. Cette bourse est aussi un soulagement pour ma famille, car cela aurait été très difficile pour eux de m’envoyer à l’étranger. »

La journée de Rony Busviah a toujours été bien planifiée. Pour être lauréat, selon lui, il n’y a pas de secret. Il suffit de bien savoir gérer son temps et d’être assidu et de ne jamais baisser les bras. « Je me lève à 6 h 30 et je suis toujours parmi les premiers en classe. Je profite de ce temps pour avoir des discussions avec mes enseignants et mes amis de classe. Bien que la compétition existe, on s’entraidait tout le temps. Je me rendais aux leçons particulières quatre fois par semaine après les heures de classe, cela dans l’unique but de faire des travaux supplémentaires et d’avoir des astuces pour les examens avec les enseignants. »

« Une fois à la maison, c’était le dîner et les devoirs jusqu’à une heure du matin. Par exemple, je devais me limiter en ce qui concerne l’utilisation des réseaux sociaux et les loisirs. J’ai tout de même fait des activités extrascolaires telles que le Model United Nations (MUN) et Teach a man to fish, ainsi que du social, car cela est essentiel pour le bon développement et pour se préparer à intégrer le monde professionnel. De nos jours, on ne peut pas se permettre de n’être qu’un académique, un intellectuel, on doit aussi avoir une personnalité propre à soi. »

Pour ce qui est de ses projets d’avenir, notre interlocuteur a toujours eu un penchant pour la comptabilité. Il a fait des recherches sur la demande du marché du travail et confie qu’il ne sait pas s’il retournera au pays après ses études.

 

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