La Chine a annoncé samedi des dépenses militaires en hausse de 7,6% pour 2016 - la plus faible croissance depuis six ans - mais son armée accentuera sa "montée en puissance" et son "caractère révolutionnaire", a assuré le Premier ministre chinois.
Le budget sera de 954 milliards de yuans (146 milliards de dollars), selon un rapport diffusé lors de la session annuelle de l'Assemblée nationale populaire (ANP), chambre d'enregistrement du régime.
Vendredi, la porte-parole de l'ANP, Mme Fu Ying, avait évoqué une fourchette "de 7 à 8%" d'augmentation.
"Il importe de nous préparer de façon planifiée à un affrontement militaire dans tous les domaines", a justifié samedi le Premier ministre Li Keqiang lors de son discours d'ouverture de l'ANP.
Le Parti communiste, a-t-il précisé, maintiendra "une direction absolue" sur l'Armée populaire de libération (APL), laquelle poursuivra sa "montée en puissance".
Le budget militaire affiche cependant un ralentissement après plusieurs années de croissance à deux chiffres, dont une hausse de 10,1% en 2015 (886,9 milliards de yuans).
"Voilà qui ne laisse aucune place au cliché de la ‘menace chinoise’ brandi par certaines puissances occidentales", a commenté samedi l'agence officielle Chine nouvelle.
Nombre d'analystes estiment cependant le budget militaire chinois sous-évalué, l'argent de la recherche destinée aux capacités de défense n'étant, entre autres, pas comptabilisé.
Selon James Char, de l'Université de technologie de Nanyang, à Singapour, "davantage d'argent est cependant nécessaire pour faciliter la réduction des troupes" actuellement à l'œuvre dans l'Armée populaire de libération (APL).
Le président chinois Xi Jinping, chef des armées, a annoncé en septembre une baisse de 300.000 personnes - sur 2,3 millions - des effectifs de l'armée chinoise, la plus grande du monde.
"Des compensations financières devront ainsi être offertes à ceux affectés par les coupes" et renvoyés à la vie civile, selon M. Char.
L'APL, objet actuellement d'une réforme en profondeur de ses structures militaires, a déjà fondu de quelque deux millions de personnes en trois décennies.
Elle a été durement touchée ces dernières années par la campagne anticorruption qui a frappé sa hiérarchie.
"La sécurisation des intérêts économiques croissants de la Chine à l'étranger exige également davantage de ressources financières", souligne James Char.
L'annonce budgétaire intervient dans un contexte tendu, Washington ayant accusé récemment l'APL de "militarisation" en mer de Chine méridionale, une région stratégique où Pékin dispute la souveraineté d'îles à des pays riverains soutenus par les Etats-Unis.
La Chine juge "territoire national" la quasi-totalité de cette mer et mène, dans l'archipel des Spratleys (sud), d'énormes travaux de remblaiement, transformant des récifs coralliens en ports, pistes d'atterrissage et infrastructures diverses.
Pékin s'était étonné des critiques américaines sur la présence de missiles et d'avions de chasse dans les Paracels (nord), contrôlées depuis plusieurs décennies par la Chine, qui assure y "déployer des armes depuis longtemps".
Washington a envoyé ces derniers mois des navires de guerre croiser à proximité d'îles contrôlées par Pékin, assurant ainsi défendre la "liberté de navigation" que les Etats-Unis estiment menacée par l'APL.
Les craintes des pays voisins ont été renforcées par l'annonce par Pékin, fin décembre, de la construction de son second porte-avions, à l'heure où le premier ne dispose pas encore d'un groupe aéronaval.
Tokyo, qui dispute à Pékin la souveraineté d'îlots, a qualifié vendredi l'augmentation du budget chinois de "significative".
"Le renforcement de l'armée ne vise ni ne menace aucun autre pays", avait assuré Hong Lei, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, pour qui le budget militaire de la Chine "doit être conforme à sa croissance économique".
L'APL, soucieuse d'améliorer son image, a renforcé ses dernières années ses interventions à l'étranger, avec des missions de maintien de la paix de l'ONU (Soudan du Sud) ou d'évacuation de ses ressortissants (Libye).
Pékin vient également d'annoncer le début de la construction d'une "base logistique navale" à Djibouti, prévue pour 2017.
Première implantation de l'APL à l'étranger, elle est destinée à faciliter les escortes anti-piraterie menées par l'armée chinoise.
La Chine, considérée comme la deuxième puissance militaire mondiale, reste cependant loin derrière les Etats-Unis, au budget défense environ quatre fois supérieur.
Avec AFP
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