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Jeunes et deux-roues : le sur-risque

Fatimah Ismael Fatimah Ismael

45 motocyclistes tués, dont 7 passagers. Les motocyclistes sont les plus vulnérables en cas d'accident. Chez les jeunes, la moto représente aussi une tendance. Modifications en tous genres au point de mettre en péril leur propre vie. Zoom sur un phénomène grandissant chez les jeunes.

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Akash Soraya.

« Saken content so motocyclette parette pli zoli et pli puissant », confie Akash Soraya, un fana de deux-roues. Comme ce jeune entrepreneur, ils sont des milliers à personnaliser leur moto, repoussant dans la majeure partie des cas les limites de la mécanique d'origine « Du pot d'échappement, en passant par les pistons, cylindres, disques entre autres, tout est modifié afin de rendre l'engin plus puissant et sûr », explique notre interlocuteur, lui-même un habitué des modifications extrêmes sur moto. Qui dit moteur puissant dit course. Mais cet adepte des courses se garde de jouer aux casse-cou. « Certes sachez que nous faisions la course, mais nous ne prenions pas de risque démesuré, nous ne faisions pas de slalom entre les véhicules dans la capitale  et nous ne doublons pas à gauche », avance ce grand amateur de la vitesse. 

L’inspecteur Ashok Matar.

Les motocyclistes peuvent bien jurer leurs grands dieux qu’ils ont un comportement responsable sur les routes,  aux Casernes centrales on ne l’entend pas de cette oreille et l’on y attribue la cause principale des accidents impliquant les motos essentiellement à la vitesse. « Nous ne sommes pas en train de généraliser, mais dans beaucoup de cas, la vitesse demeure la raison principale des accidents de la route impliquant des motocyclettes. La vitesse provoque des pertes de contrôle qui occasionnent des sorties de route. Nous sommes également conscients que la façon dont beaucoup de personnes roulent à moto pose problème. Nous avons l’intime conviction qu’une moto-école peut améliorer les choses », explique l'inspecteur Ashok Matar de la Traffic Branch.

Délinquants de la route

Même si la police multiplie les patrouilles afin de refroidir l’ardeur des Valentino Rossi locaux, aux Casernes centrales, l'on est conscient d'une autre réalité : des motocyclistes refusent tout bonnement de s'arrêter aux contrôles de routine. « Certains motocyclistes se comportent de façon dangereuse sur la route. Ils dépassent par la gauche ou se faufilent entre les voitures et mettent en danger la vie d'autrui et la leur. Dans certains cas, nous essayons de les arrêter pour des contrôles, mais ils refusent de s’y soumettre en prenant la fuite.

Ces délinquants de la route sont un danger public. Nous, en tant que motards de la police, nous ne pouvons avoir un comportement aussi irresponsable qu’eux. C'est l’une des raisons pour lesquelles nous ne les prenons pas en chasse », nous avoue notre interlocuteur.  Le motard de la police ajoute également que le fait que certaines motocyclettes n'aient pas de plaque d'immatriculation à l'arrière ne les aide pas à retracer ces fous de deux-roues.

Une voiture banalisée contre les réfractaires

Le Traffic Branch a lancé sur la base de projet pilote une unité pour sévir contre ceux qui commettent les Comminutive Offences. Il s'agit des contraventions telles que l’usage du portable au volant ou à deux-roues, le non-port de la ceinture de sécurité, le non-respect des feux de signalisation et le franchissement sur une ligne continue. Pour le bon déroulement de cet exercice, des policiers s'embarquent à bord d'une voiture banalisée comme celle de monsieur-tout-le-monde pour passer inaperçue. Portant l'uniforme, ils prennent en contravention ceux qui commettent de telles offenses. 

Fatimah Ismael : « la négligence peut coûter cher »

Fatimah Ismael est une pilote qu'on ne présente plus sur les circuits de rallyes de motocyclette à Maurice. Elle s’y connait en  moto depuis sa tendre enfance. Ayant parcouru des milliers de kilomètres sur deux-roues, elle a aussi été impliquée dans des accidents de la route. Elle déplore l'insouciance de bon nombre de motocyclistes. Selon ce qu’elle a pu constater, beaucoup de motocyclistes s'amusent à dépasser à vive allure par la gauche ou sinon ils ne respectent pas le code de la route.

Ce faisant, ils mettent leur vie en danger aussi bien que celle des autres usagers de la route. « À mon avis, chaque motocycliste doit s'habiller convenablement, c'est-à-dire, porter des casques intégraux, des chaussures, des pantalons et des blousons, cela même en cas d'un court trajet, car un accident peut se produire à tout moment », estime-t-elle.

Des nouvelles mesures annoncées

Le ministre des Infrastructures publiques et du Transport, Nando Bodha, a annoncé, jeudi, de nouvelles mesures visant à renforcer la sécurité routière, dont :

  • Pour pouvoir piloter une moto de 50cc, il faudra avoir au moins 18 ans,
  • Pour être éligible à piloter une moto de 50cc à 125cc, il faudra avoir au moins 20 ans,
  • Pour pouvoir piloter les motos de plus de 125cc il faudra une certaine maîtrise et un certain nombre d’années d’expérience.

Le projet moto-école vise à former 45 policiers, qui seront ensuite affectés dans les 9 moto-écoles de l’île – une dans chaque district. Les aspirants motocyclistes devront ensuite être formés dans ces moto-écoles. Depuis samedi, 40 motards additionnels  seront mis sur la route pour faire respecter la loi. « La conduite à moto à Maurice est irresponsable et dangereuse que ce soit pour les motocyclistes eux-mêmes et les automobilistes. La moto provoque, chaque année, une soixantaine de morts sur 150 décès recensés. On déplore, en moyenne, un mort par semaine pour les deux-roues. Le motocycliste estime que le code de la route a été taillé sur mesure uniquement pour lui. Il ne respecte pas la vitesse et ne réalise pas les dangers auxquels il s’expose », soutient Nando Bodha.

Alain Jeannot président de l'ONG , Prévention Routière Avant Tout: « beaucoup de cas d'indiscipline des usagers de la route »

Les causes des accidents fatals ?
Dès le départ, les deux-roues motorisés portent un handicap dans le sens où ils sont 20 à 30 fois plus à risques que les quatre roues. Il est clair qu’un véhicule qui roule sur deux roues est beaucoup moins stable.

Cette vulnérabilité est encore plus accentuée par le fait que le véhicule n’a pas d’habitacle pour protéger ses occupants. De ce fait, en cas de chute ces derniers se retrouvent carrément sur l’asphalte.

De plus, les motocyclistes prennent souvent des risques par rapport à la vitesse et les comportements irresponsables tels que les rallyes illégaux. Il y a aussi le fait que les deux-roues motorisés ne sont souvent pas très visibles, surtout la nuit lorsque les occupants ne portent pas de gilets réfléchissants appropriés. Les voitures et autres quatre-roues pourraient eux aussi être en cause pour manque de vigilance et de patience envers les deux-roues.

Est-ce que la police est dépassée ?
Je ne crois pas qu’elle soit dépassée. La police fait face à un gros challenge dans le sens où il y a beaucoup d’indiscipline de la part des usagers de la route. Il faut noter que la police prend une contravention chaque deux minutes. Que coûte-t-il à un motocycliste d’attacher son casque ? Pourtant on enregistre une moyenne de 1500 contraventions pour ce genre de négligence chaque année !

Faut-il une unité spéciale pour traquer les motocyclistes, surtout pour excès de vitesse et pollution sonore ?
Oui, cela serait souhaitable car il paraît que l’excès de vitesse pour les motos ne peut pas être déterminé par les radars fixes. Or, il faudrait les traquer avec les caméras portatives si tel est le cas.  Avec près de 200,000 deux-roues motorisés le risque est grand. Pour preuve, 185 motocyclistes ont péri entre janvier 2013 et juin 2015 sur nos routes ! Puis il ne faut pas ignorer le problème de l’alcool au guidon. Allez voir le nombre de personnes qui se rendent à moto dans des tavernes.  Comment retournent-elles à la maison ?

Faut-il renforcer la loi pour durcir les peines et pour saisir les motos trafiquées ?
Durcir les peines très certainement, mais pas jusqu'à saisir les engins. Les motos trafiquées sont un danger pour leurs propres pilotes pour commencer. Il y va aussi de la responsabilité des parents de s’assurer que la moto qu’ils offrent à leurs enfants ne devienne pas leur potence !

Quantum Insurance multiplie ses actions

Quantum Insurance, première assurance 100% directe et en ligne à Maurice qui a célébré sa première année d’existence le 14 novembre, accentue ses efforts autour de la conscientisation des Mauriciens sur les dangers de la route et l’impact social des accidents. L’entreprise s’est associée à Prévention Routière Avant Tout (PRAT), en début d’année, et a soutenu plusieurs actions menées par cette ONG. Parmi les actions figure le financement de l’installation de panneaux d’avertissement dans dix des trente-cinq endroits identifiés comme étant des « black spots » (zones à risques) par les autorités et PRAT. D’autres panneaux d’avertissement seront installés au courant de 2017.

Quantum Insurance mènera, en parallèle à partir du 26 novembre, une campagne de sensibilisation auprès du grand public pour décourager les comportements à risques au volant tels que la conduite en état d’ivresse, l’excès de vitesse, la distraction/l’utilisation du téléphone portable au volant, et le non-respect des codes de la route entre autres. Autant de gestes irresponsables ou causés souvent par inadvertance, qui peuvent s’avérer fatals pour les usagers de la route dont les plus vulnérables sont les deux-roues et les piétons.

Les régions identifiées comme des zones à risques et où des panneaux d’avertissement ont déjà été placés : Saint-Joseph, Arsenal, Mapou -Piton  (Route B17), Chemin Vingt Pieds, Grand-Baie, Flic-en-Flac (à proximité du domaine Anna), Haute-Rive Roches-Noires along A6- B15 Road, Pont-Matar, Réduit, Calebasses Road, Beau-Bassin direction Chebel, Solitude direction Bon-Air et La Rosa.

Sécurité routière : des nouvelles lois présentées ce mardi

Le gouvernement ne compte pas baisser les bras concernant le freinage des accidents. Des nouveaux textes en ce qui concerne des infractions au code de la route et de conduite en état d’ivresse seront présentés mardi.

« Les automobilistes testés positifs à l’alcootest passeront la nuit en cellule policière. La loi sera bientôt amendée. Nous avons travaillé de concert avec le commissaire de police et le State Law Office en ce sens. Ceux testés positifs à l’alcooltest passeront la nuit en cellule. Ils ne rentreront chez eux que lorsqu’ils retrouveront leur état normal. Le lendemain, un policier fera une demande pour la suspension du permis de conduire du contrevenant. Outre cette mesure, des peines beaucoup sévères seront introduites », a annoncé le ministre des Infrastructures publiques, Nando Bodha. Ce dernier procédait, samedi, aux Casernes centrales, à la présentation d’une deuxième équipe de motards.

Le ministre des Infrastructure publiques a également souligné que le lancement de la moto-école et de la Traffic Enforcement Squad contribuera à un changement d’attitude chez des usagers de la route. Nando Bodha a, par ailleurs, lancé un appel à la vigilance des usagers de la route pendant la période festive et a laissé entendre que « les accidents de la route coûtent Rs 6 milliards annuellement à l’Etat… »

Showkutally Soodhun, qui faisait la suppléance comme Premier ministre était également présent. Il a une fois de plus rappelé la volonté du gouvernement à faire chuter le nombre d’accidents de la route. Le premier ministre suppléant a fait ressortir que les membres du public ont également leur rôle à jouer en ce qui concerne la réduction des risques d’accidents. Le Commissaire de police, Mario Nobin, a, pour sa part, évoqué les dispositions envisagées pour la période festive en soulignant qu’il y aura une présence renforcée de la police sur le terrain.

La Traffic Enforcement Squad est une unité spécialisée de la police. Avant d’intégrer l’équipe, les éléments ont été soumis à un stage de formation très poussée, de deux semaines. Les cours étaient prodigués par un formateur de la gendarmerie française. Les nouveaux rejoignent les 20 autres éléments de la TES répartis à travers le pays.

Nombre de personnes mortes par tranche d’âge

  • Jusqu'à 15 ans : 5
  • Entre 16 à 25 ans : 32 personnes tuées
  • Entre 26 à 50 ans : 37 personnes tuées
  • Entre 51 à 59 ans : 19 morts
  • 60 ans et au-delà : 25 morts

En chiffres

  • Nombre de morts sur nos routes depuis janvier : 122
  • Nombre de morts sur nos routes à pareille époque l'année dernière : 117
  • Le nombre d'accident fatal : 108
  • Le nombre de morts : 118

Piétons

  • 31 hommes tués
  • 7 femmes tuées
  • Chauffeurs tués : 10
  • Motocyclistes tués : 45
  • Passagers à moto tués : 7 hommes et une femme
  • Nombre de cyclistes tués : 9
 

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