Société

Grossesse précoce: la technologie, facteur de risques

Le ministère de la Santé tire la sonnette d’alarme sur la prévalence de la grossesse précoce chez les adolescentes. Les sociologues, les autorités et les ONG expliquent que les causes de cette situation sont souvent liées aux abus sexuels, à la désocialisation, à l’absence d’éducation sexuelle, à la ‘peer pressure’ et à l’Internet… Les résultats de l’enquête sur la prévalence de la contraception en 2014, rendus publics par le ministère de la Santé  le 11 juillet 2015 sont édifiants. Le ministre Anil Gayan tire la sonnette d’alarme. Il souligne que le pourcentage d’adolescentes, âgées entre 15 et 19 ans, déjà mères ou enceintes de leur premier enfant a augmenté de 10,9 % en 2002 à 12,1 % en 2014.
Il y a deux semaines, le cas d’une collégienne de Form III a été rapporté par son enseignante. Âgée de 14 ans, elle était enceinte de cinq mois. La police a arrêté le père : un jeune de 18 ans qu’elle a rencontré sur Facebook. Une autre ado de 15 ans est tombée enceinte après avoir eu des relations sexuelles avec un jeune de 21 ans, qui a été arrêté par la police de Moka le 17 septembre. Aux officiers de la Family Protection Unit (FPU), la fille relate qu’elle n’a plus ses règles depuis trois mois. Rajen Suntoo, sociologue à l’Université de Maurice pense que la situation n’est pas si alarmante à Maurice, mais « elle risque de le devenir ».
[panel contents="Monique Dinan préside le Mouvement d’Aide à la Maternité (MAM) qui offre une écoute active et accompagne la femme enceinte, surtout les adolescentes, tout au long de sa grossesse. « Je m’inquiète. Après vingt ans sur le terrain, la prévalence de la grossesse précoce semble en hausse permanente. MAM recense entre 30 et 50 cas de grossesse précoce par mois. La plus jeune maman venue réclamer notre aide avait 10 ans, une autre 12 ans ». Monique Dinan précise que toutes les couches sociales sont touchées par ce fléau." label="MAM: 300 grossesses précoces par an" style="warning" custom_class=""]
[blockquote]« Plusieurs facteurs causent ces grossesses précoces, dont la désocialisation. L’enfant et surtout la fille a tendance à prendre comme rôle modèle sa mère, si celle-ci a un style de vie hors normes. Si elle a tendance à mettre des habits sexy, à sortir en boîte, cela aura un impact sur l’enfant qui manque d’encadrement social », explique notre interlocuteur.[/blockquote] « La technologie est un autre facteur à risques : le chat via Internet, les vidéos, les films, Facebook donnent une liberté totale à l’enfant qui imite ce qu’il voit en ligne. Cela a un effet néfaste sur son développement. Un seul clic permet d’accéder à tout ce qui n’est pas de son âge. La pression du groupe (‘peer pressure’) est un autre facteur à risques. Souvent les amis de la bande ont déjà eu des relations sexuelles. Ils incitent les autres à faire de même sans les informer des dangers : de nombreuses adolescentes tombent enceintes à leur premier rapport. « Les parents passent moins de temps avec leurs enfants, trop occupés à travailler. Ces derniers sont livrés à eux-mêmes.

Témoignages

Corine: « Je n’avais que 15 ans »

Elle a abandonné ses études lorsqu’elle a découvert sa grossesse il y a deux ans. Corine avait 15 ans à l’époque. « Mes parents et mes amies m’ont rejetée parce qu’ils avaient honte », dit-elle. Mère d’une fille de 15 mois, aujourd’hui, elle regrette cette journée passée avec son petit ami. « À cause de mon manque d’expérience, j’ai été piégée. »

Sweety: « Ne pas se presser »

Sweety, 23 ans, est mère de deux enfants. L’aîné a cinq ans et la cadette, trois mois. « L’appel que je fais aux filles, c’est de ne pas se presser. Mes enfants sont de pères différents et je dois travailler pour les nourrir. Je ne veux pas que les jeunes connaissent le même sort que moi. Je dois vivre avec mes parents qui heureusement ne m’ont pas rejetée. »
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ASP Renuka Sawky: « L’ado est immature et vulnérable »

L’assistant surintendant de police (ASP) Renuka Sawky, responsable de la Family Protection Unit (FPU), est d’avis qu’un cas de grossesse précoce est un cas de trop. « La FPU, en collaboration avec la Child Development Unit, la Brigade des mineurs et le ministère de tutelle, mène une campagne de sensibilisation auprès des 28 000 étudiantes à travers l’île, pour évoquer le mauvais usage d’Internet, de Facebook et les risques de grossesse précoce. « La FPU et la CDU offrent tout le soutien légal et moral aux jeunes victimes d’abus sexuels et de grossesse précoce », ajoute l’ASP Renuka Sawky. « De janvier à juin 2015, la police a enregistré 47 délits sexuels sur des victimes âgées de 13 à 15 ans. En 2014, nous comptions 62 cas dans la même tranche d’âge. Entre 13 et 15 ans, l’ado est frivole, immature et vulnérable. » Une fois qu’un délit sexuel commis sur un mineur de moins de 16 ans est rapporté, le cas est référé à la police. La victime reçoit un soutien psychologique. Des prélèvements sanguins sont faits pour déterminer si elle n’est pas enceinte et établir un test de dépistage du VIH. L’auteur de l’acte, lui, est arrêté pour répondre d’un délit criminel.
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