Live News

Enquête de la FCC : zéro indic, mais une Reward Money versée après un braquage 

Alors que le scandale des Reward Money éclabousse la hiérarchie policière, un nouveau cas interpelle : une prime aurait été réclamée et versée dans une affaire de braquage sans qu’aucun informateur n’ait été impliqué. La FCC compte prochainement confronter les policiers déjà arrêtés à cette fraude présumée commise après ce cambriolage perpétré dans une bijouterie en 2022.

Publicité

Un braquage, pas d’indic sollicité, une enquête résolue à la régulière... et pourtant, une prime possiblement encaissée en douce du Reward Money Fund. Alors que l’enquête de la Financial Crimes Commission (FCC) continue d’avancer, ce scandale financier prend une nouvelle tournure troublante. Un volet des investigations porte sur un braquage survenu à Chemin-Grenier le 20 juillet 2022. Les limiers ont découvert qu’une demande de Reward Money avait été formulée, acceptée et exécutée alors qu’aucun informateur n’avait été sollicité. 

Ce jour-là, deux individus cagoulés et armés de sabres avaient attaqué une bijouterie du village. Après avoir forcé les volets, ils étaient repartis avec des bijoux en or – bagues, chaînes et boucles d’oreilles, entre autres – d’une valeur estimée à Rs 1,8 million, ainsi que la somme de Rs 1 000 en espèces. L’intervention rapide d’un policier en patrouille non loin de la bijouterie avait permis l’arrestation d’un suspect sur les lieux.

Cuisiné par la Criminal Investigation Division (CID) de Chemin-Grenier, il avait dévoilé l’identité de ses deux complices qui s’étaient par la suite constitués prisonniers. Puis, grâce au visionnage des enregistrements de caméras du réseau Safe City, la voiture utilisée par les malfaiteurs lors du braquage avait été saisie. 

La CID n’avait pas eu recours à l’aide d’informateurs. C’est l’arrestation et les aveux du premier suspect arrêté qui avaient grandement aidé les limiers à résoudre cette affaire d’attaque à main armée dans les heures qui ont suivi. Leur enquête élucidée, ils n’avaient, en toute logique, pas réclamé de Reward Money vu qu’aucun indic n’avait été sollicité. 

Pourtant, en épluchant plusieurs dossiers relatifs à des paiements dans le cadre du Reward Money Scheme, la FCC a établi qu’une autre unité de police, qui était placée sous la supervision du bureau de l’ancien commissaire de police Anil Kumar Dip avait bel et bien réclamé – et obtenu – une prime pour cette affaire de braquage. 

Un fait confirmé le jeudi 24 juillet 2025 par un sergent de police affecté à l’époque à la CID de Chemin-Grenier et Main Inquiry Officer dans l’enquête sur le cambriolage. Entendu dans les locaux de la FCC, il a confirmé que son équipe de l’époque et lui n’avaient, à aucun moment, formulé de demande de Reward Money dans cette affaire.

Un énième cas qui ne fait que soulever des questions sur les procédures entourant l’attribution des Reward Money. Prochainement, des individus déjà arrêtés dans l’affaire Reward Money seront confrontés à cette fraude présumée commise après le braquage. 

Cela fait environ un mois que la FCC a enclenché sa machine judiciaire pour faire la lumière sur un système de détournement bien rodé. Quatre hauts gradés de la police ont déjà été inculpés : les Assistant Commissioners of Police (ACP) Lilram Deal et Dunraz Gangadin, l’Assistant Superintendent of Police (ASP) Faraaz Mooniaruth, ainsi que le sergent Yeshdeo Seeboruth. D’autres arrestations restent probables.

Les premières investigations révèlent un circuit structuré qui aurait permis le détournement présumé de montants faramineux. La FCC tente encore d’identifier le ou les véritables bénéficiaires de ces fonds illicites. 

L’ACP Dunraz Gangadin aurait vu Rs 160 392 000 transiter sur son compte bancaire personnel. Le sergent Yeshdeo Seeboruth aurait, lui, réceptionné sur son compte Rs 76 millions, dont Rs 14 millions retirées en espèces, à raison de Rs 1 million par jour. L’ASP Mooniaruth est, pour sa part, suspecté d’avoir illégalement recommandé le paiement d’une Reward Money basée sur une fausse réclamation à hauteur de Rs 3 millions en faveur du sergent Seeboruth. Quant à Lilram Deal, il aurait obtenu Rs 5 millions, dont Rs 4,5 millions en lien direct avec le rapatriement de Navind Kistnah depuis Maputo. 

Ce dernier, cerveau présumé d’une saisie record d’héroïne en 2017 à Maurice, a été arrêté au Mozambique. Il figure parmi les personnes entendues par la FCC dans le cadre de son enquête. La commission a aussi auditionné l’ex-CP Mario Nobin et l’ancien chef de l’Anti-Drug and Smuggling Unit, Choolun Bhojoo. Tous ont été relâchés après leur audition, à l’exception de Navind Kistnah, qui est toujours en détention.

L’enquête de la FCC se resserre autour de figures centrales, dont l’ACP Dunraz Gangadin, arrêté le 24 juillet et en détention jusqu’au 1er août, date de sa prochaine comparution devant la justice. Il est provisoirement inculpé de blanchiment d’argent. Il dirigeait trois unités spéciales qui sont aujourd’hui dissoutes : la Police Headquarters Special Support Team, la Force Crime Intelligence Unit – incluant les antennes régionales –, et la Special Intelligence Cell. Lui affirme qu’il gérait uniquement l’administration de ces unités et que l’ex-CP Dip en supervisait les opérations, notamment les saisies de drogue.
 

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !