E-sport : les filles prennent les manettes

Quelques filles participent à des compétitions d’e-sport à Maurice. Elles font également partie des organisateurs de tournois. Rencontre avec des passionnées de jeux vidéo. 

Les jeux vidéo, et particulièrement l’e-sport, sont principalement pratiqués par des garçons de tout âge. Mais quelques filles s’y sont également mises. Elles sont une poignée parmi les participants du PUBG Mobile Proving Grounds 2023. C’est un tournoi d’e-sport organisé par Esports Faction. 

Vanshika Ria Tanny, alias xeINYODREAMZ, est l’une de ces joueuses. Elle a 19 ans et elle prépare le Higher School Certificate. Avec ses coéquipiers de l’équipe Xpace, elle s’est qualifiée pour la finale qui se tiendra lors d’un événement, au Tribeca Mall, à Trianon, le samedi 10 juin 2023. Il s’agit de sa première finale d’un tournoi majeur d’e-sport. 

« Depuis trois ans, je joue à PUBG Mobile et depuis un an, je participe à des compétitions d’e-sport. J’ai découvert PUBG Mobile pendant le confinement. Je jouais lors de parties en ligne. Puis avec le temps, je me suis rendu compte qu’il y a des compétitions d’e-sport sur ce jeu. C’est en postant des vidéos de mes parties sur les réseaux sociaux que j’ai été repérée. Et j’ai été approchée pour intégrer différentes petites équipes. J’ai fait partie d’une équipe 100 % féminine. Puis j’ai eu l’opportunité d’intégrer une équipe majeure, Xpace », relate-t-elle. 

Lorsqu’elle joue, Vanshika Ria Tanny évite de faire remarquer qu’elle est une fille. De nombreux joueurs prennent un malin plaisir à harceler les filles lors de parties non officielles avec des remarques déplacées. Cependant ce comportement est rare dans les compétitions officielles. Car les organisateurs disposent de modérateurs et tout comportement inapproprié est sévèrement réprimandé. Ce qui peut aller jusqu’à l’élimination. 

« Je fais parfois face à des critiques lors de parties non officielles, mais j’ai le soutien de mes coéquipiers et de nombreux autres joueurs. Mes parents aussi me soutiennent. Ils trouvent que je joue beaucoup. Mais ils sont fiers que je me sois qualifiée pour la finale du PUBG Mobile Proving Grounds 2023 », explique la joueuse qui s’entraîne tous les soirs avec ses coéquipiers en vue de la finale. « J’encourage les filles à jouer même si cela prend beaucoup de temps pour arriver à un bon niveau », lance Vanshika Ria Tanny.

Kendiana Ramasawmy est aussi une passionnée de jeux vidéo. Cette Human Resource Officer de 22 ans joue depuis qu’elle a 10 ans. « J’ai commencé à jouer aux jeux vidéo avec mes cousins et mes frères. J’ai tout de suite apprécié, notamment les jeux de courses. » Elle aime différents types de jeux, mais particulièrement les jeux multijoueurs comme PUBG Mobile, Call of Duty et Tekken. Elle apprécie les parties en ligne avec d’autres joueurs. 

Actuellement elle ne pratique pas l’e-sport. Elle est tout de même active lors de tournois organisés par Esport faction. « Je ne joue pas vraiment en compétition. Je fais de la modération lors des tournois depuis janvier 2023. Au début, en tant que fille, parmi une majorité de joueurs masculins, je n’étais pas à l’aise, mais j’ai le soutien de l’équipe d’Esport Faction. Finalement, je ne vois pas de différence entre les modérateurs masculins et féminins. Je n’ai jamais été victime de comportement déplacé ou de discrimination », indique-t-elle. 

Encourager plus de filles

Voir plus de filles participer aux compétitions d’e-sport est l’un des objectifs du pôle numérique de l’Institut français de Maurice (IFM). Ce dernier travaille sur un projet régional pour sensibiliser les joueuses à l’e-sport. 

« Cette année nous aurons une campagne pour cibler les jeunes filles. Des joueuses françaises pourraient partager leurs expériences. Il existe aussi des systèmes d’incubateurs. J’interroge régulièrement les organisateurs de tournois d’e-sport sur la présence de filles dans leurs compétitions. De leur côté, certains éditeurs de jeu vidéo organisent des ligues féminines », avance Emmanuel Viaux, responsable du pôle numérique de l’IFM.

Ce professionnel constate qu’il y a beaucoup de joueuses à travers le monde, notamment lors de tournois amateurs d’e-sport. « Il y en a beaucoup, mais elles évitent de se mettre en avant, car il y a des critiques de la part des garçons. Il y a une certaine retenue en semi-professionnel et en professionnel. Ce qui doit changer », estime-t-il. 

À Maurice, selon Dimitry Farla, directeur d’Esport Faction, les filles sont plus nombreuses dans les tournois d’e-sport sur smartphones. Sur 283 joueurs d’e-sport qui participent régulièrement à des tournois d’Esport Faction, on compte 23 filles, dit-il.