Economie

Développement - Construction: les clignotants sont au rouge

La Banque de Maurice a tiré la sonnette d’alarme. Avec des dettes de Rs 85 milliards et des espaces de bureaux disponibles au rabais, le secteur de la construction, incluant le volet résidentiel, est au ralenti. « Le pays ne peut se permettre de tout miser sur le secteur de la construction et l’immobilier pour augmenter l’activité économique dans le pays dans la durée. Cela risque de créer une bulle, avec des conséquences désastreuses pour une petite économie comme Maurice. Même la Chine, deuxième économie mondiale, en a fait les frais en investissant massivement dans l’immobilier. Au final, les autres secteurs clés ont été délaissés », soutient Dhanesh Maraye, professionnel de l’investissement. Il ajoute que, sur le court terme, soit deux ans à trois ans, l’industrie de la construction peut contribuer à une relance de la croissance. « Cependant, il faudrait que d’autres secteurs se développent en parallèle, pour prendre le relais par la suite. » Or, à voir la progression des facilités que les banques ont accordées à ce secteur, il a été constaté que le rythme était élevé ces dix dernières années.

Méconnaissance du secteur

Certes, les projets réalisés, notamment en termes de centres commerciaux de standing international et d’espace de bureaux modernes, ainsi que des résidences et morcellements dans des régions stratégiques, ont permis au pays d’en tirer pleinement bénéfice. Mais, par absence de réglementation, une méconnaissance du secteur en termes de l’offre et de la demande, nous assistons à une surabondance dans les marchés commerciaux et résidentiels, qui ne correspondent pas forcément aux réalités du pays. Même l’État a statué sur la question, par l’intermédiaire du Premier ministre. Le mercredi 20 avril, à l’issue de la rencontre prébudgétaire avec le secteur privé, sir Anerood Jugnauth, alors ministre des Finances, a soutenu que « l’immobilier est un développement trop facile, pour n’en faire que des profits. Je ne le considère pas comme du développement réel ». Plus tôt, sir Anerood Jugnauth s’est aussi exprimé sur le sujet aux représentants du secteur privé. « Je voudrais finalement vous dire, capitaines et représentants du secteur privé, que notre développement ne devrait pas reposer uniquement sur le développement immobilier. Le secteur privé devrait se concentrer sur des activités productives qui généreront une valeur ajoutée plus élevée et créer de la richesse nationale », a fait ressortir le Premier ministre. Certes, le budget à venir contiendra des mesures favorables à ces activités productives. Il devrait également aborder l’élément de relance ou stabilisation dans le secteur de la construction et de l’immobilier. Ainsi que des mesures incitatives pour favoriser l’achat de nouvelles résidences, telles qu’une baisse des frais d’enregistrement de l’acte de l’achat et de vente. « Aujourd’hui, à Maurice, ce secteur est en mode attente. Les opérateurs souhaitent des mesures fortes dans le budget qui aideront à augmenter l’activité dans la catégorie résidentielle pour commencer, c’est-à-dire booster la demande tant sur le plan local qu’à l’étranger », affirme Dhanesh Maraye. [[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"23140","attributes":{"class":"media-image aligncenter size-full wp-image-37101","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1280","height":"960","alt":"Construction"}}]] [row custom_class=""][/row]  
   

Perspectives 2016: l’État et son carnet de commandes

Est-ce la lumière au bout du tunnel pour une reprise de la construction ? Statistics Mauritius estime que tel serait le cas cette année-ci. Le secteur devrait enregistrer une expansion de 1,6 % de ses activités après cinq années de baisse. Force est de constater, cependant, que c’est le gouvernement qui sera le moteur de cette industrie et non le secteur privé. Le béton sera dans le logement. « Une croissance de 7,2 % est prévue dans le segment de la construction résidentielle, principalement due à l’investissement du secteur public », affirme l’agence dans une analyse sur l’économie en date du 30 juin. « Dans la catégorie d’autres travaux, une croissance de 1,9 % est attendue, résultant de l’investissement venant du gouvernement. » Et quid des bâtiments commerciaux ? Cette catégorie poursuit sa chute vertigineuse avec des activités réduites de 10,3 %. En 2015, le ralentissement a été plus abrupt, soit une contraction de 16,7 %.  
   

Selon la Banque centrale: c’est la demande qui dicte le pas au développement foncier

Ramesh Basant Roi, gouverneur de la Banque de Maurice, est d’avis que c’est la demande qui mène à la construction de nouveaux espaces de bureaux, commerciaux et résidentiels. La demande découle d’une croissance organique dans l’économie. Or, c’est le contraire qui se produit à Maurice. « Si on adopte une approche délibérée pour construire des bâtiments, cela ne reflète pas nécessairement que l’économie se porte bien. Or, c’est ce que nous étions en train de faire ces dernières années », a affirmé Ramesh Basant Roi lors d’une rencontre avec la presse le mercredi 20 juillet. « Si la croissance est organique, et vous voyez des grues dans la capitale et à travers le pays, c’est à ce moment que vous pouvez dire que l’économie se porte bien. » Pour étayer ses dires, il a pris comme exemple un pays où la croissance économique est de 7 % ou 10 %. La population a fait des économies. Elle a de l’argent. Elle cherche donc des avenus pour investir. C’est là qu’intervient la demande, a-t-il dit. Or, si le gouvernement décide qu’il faut construire pour stimuler l’économie, selon lui, la croissance serait fictive. Et le pays se retrouverait avec un excès de bâtiments neufs.
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