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Dessine-moi l’île Maurice de demain 

À l’occasion de la célébration des 55 ans de l’Indépendance de notre pays, petits et grands nous dessinent l’île Maurice de demain.

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Amelia Utim, élève en grade 4 : « Une île propre »

ameliaÂgée de 9 ans, Amelia Utim habite à Plaine-Magnien. Un crayon à la main, elle esquisse sur papier sa vision de l’île Maurice de demain. Puis, elle ajoute des couleurs ici et là, histoire de rendre son dessin plus beau. 

Comment imagines-tu l’île Maurice de demain ? « Je la vois plus propre, avec des gens qui sont bons et honnêtes », répond-elle. Aussi, un pays qui réduirait sa dépendance aux importations en fabriquant plus de produits locaux. « C’est important car cela permettra à plus de parents au chômage d’avoir du boulot pour nourrir et éduquer leurs enfants », renchérit-elle. 

Il faut aider les personnes qui vivent dans la pauvreté, et cela vaut également pour les enfants»

Elle décrit ensuite une île Maurice avec plus de maisons que de bâtiments et de centres commerciaux. « Il faut aider les personnes qui vivent dans la pauvreté, et cela vaut également pour les enfants. Quand je serai grande, je ne veux pas voir des gens et des enfants souffrir parce qu’ils n’ont pas assez à manger ou parce qu’ils sont sans abri », déclare-t-elle.

Amelia, élève en Grade 4, s’est habituée à suivre ses cours en ligne depuis le confinement. Elle conclut en imaginant un système éducatif dernier cri : « Les adultes devraient utiliser davantage la technologie pour moderniser l’apprentissage à l’école. »

Haniyyah Lokhat, élève en Grade 9 : « Une île où les ados sont à l’aise pour se confier »

hanniyaHaniyyah Lokhat, élève en Grade 9, envisage une île Maurice où le bien-être physique et mental des adolescents est une priorité. Elle imagine un environnement où les adolescents se sentent à l’aise de confier leurs problèmes aux adultes, que ce soit à la maison ou à l’école. 

« En dehors de la pression exercée sur les enfants pour réussir à l’école, les grands doivent être plus à l’écoute des plus jeunes », affirme-t-elle. Elle estime que cela aiderait de nombreux enfants à se défaire de leur dépendance aux réseaux sociaux et à établir des relations sociales plus saines. « La mise en place de plus d’activités physiques et une organisation plus fréquente de compétitions sportives pour tous les âges devraient également être une priorité pour l’île Maurice de demain », ajoute-t-elle.

En ce qui concerne la protection de l’environnement, Haniyyah est d’avis qu’il faut encourager les gens à acheter des voitures hybrides pour réduire la pollution. « Pour l’île Maurice de demain, nous devrions avoir plus de centres commerciaux avec des espaces ouverts et des bureaux écologiques. Nous devons également produire plus de lait frais et encourager les gens à en boire plutôt qu’à en acheter sous forme de briques. Cela permettrait d’éviter que des tonnes de cartons ne soient jetées chaque année à Mare-Chicose », précise-t-elle.

En dehors de la pression exercée sur les enfants pour réussir à l’école, les grands doivent être plus à l’écoute des plus jeunes»

Et au niveau de l’éducation, la jeune fille avance qu’il faut encourager les éducateurs à utiliser des méthodes d’enseignement modernes. Elle propose notamment la mise en ligne de tutoriels sur la manière de répondre aux questions, des vidéos axées sur la révision du syllabus et des leçons sur YouTube, entre autres. « La conception de programmes et d’applications interactifs pour attirer la génération Alpha est importante pour l’île Maurice de demain », insiste-t-elle. 

Pour Haniyyah, les médias sociaux ne doivent pas être considérés comme un danger, mais plutôt comme des outils pour éduquer les adolescents. « La technologie n’est pas un ennemi, mais un ami. Les applications éducatives utilisant des algorithmes sont conçues pour capter l’attention des jeunes et les aider à maintenir leur intérêt pour l’apprentissage. »

Et pour conclure, la collégienne avance qu’il est impératif de donner aux adolescents les moyens de s’ouvrir et de se sentir à l’aise pour partager leurs questions et leurs problèmes à l’école, dès leur plus jeune âge.

Nawshin Mahadooa, jeune cadre : «Pourquoi pas une île zéro déchet»

nawsheenL’île Maurice, comme la plupart des PEID, n’est pas à l’abri des effets du changement climatique. Les inondations et les pluies torrentielles sont de plus en plus fréquentes. Notre pays est confronté à un problème majeur : le développement durable face aux effets néfastes du changement climatique, explique Nawshin Mahadooa, une jeune cadre. 

« Chaque année, nous sommes témoins des dégâts et des conséquences que le changement climatique peut entraîner sur notre île. Comment pouvons-nous sauver Maurice ? » demande-t-elle. Elle rappelle également que le thème de l’Objectif de Développement Durable (ODD) 2030 est « L’avenir que nous voulons ».

55 ans après l’Indépendance, quel avenir imagine-t-elle pour Maurice ? « Ce que je j’imagine pour mon pays, c’est qu’il devienne une île zéro déchet. Mon souhait est que les déchets soient transformés en trésors. Avec l’appel mondial à sauver la seule Terre que nous ayons, chaque Mauricien devrait commencer à prêter attention à sa propre consommation et limiter les problèmes liés aux déchets », insiste Nawshin Mahadooa. 

Pour elle, un changement s’impose et cela commence chez soi. Nous pouvons tirer des leçons des pays comme le Japon, dit-elle. « La ville de Kamikatsu, qui est nichée dans les montagnes de Shikoku, compte environ 1 500 habitants. Elle s’est engagée sur la voie ambitieuse d’une vie sans déchets. En 2003, Kamikatsu est devenue la première municipalité du Japon à faire une déclaration ‘zéro déchet’ bien qu’il n’y ait pas d’interdiction sur l’utilisation du plastique », indique-t-elle. 

Cette ville a aussi transformé ses pratiques de brûlage à l’air libre pour l’élimination des déchets en un système d’achat, de consommation et de mise au rebut, dans le but d’atteindre la neutralité carbone. « Aujourd’hui, cette ville estime avoir atteint plus de 80 % de son objectif d’ici à 2030. Ce changement a pris des années. En 1997, elle a commencé à recycler neuf catégories différentes, puis 22 l’année suivante. En 2001, Kamikatsu a fermé ses grands incinérateurs et a commencé à recycler 35 catégories de déchets. Les 45 catégories actuelles ont été atteintes en 2016, et la construction du centre zéro déchet a été achevée en 2020 », fait-elle ressortir. 

Pour Nawshin Mahadooa, il n’est donc pas impossible d’atteindre l’objectif « zéro déchet » à Maurice. « L’élimination et le recyclage des déchets ne nécessitent pas de gros investissements technologiques. Nous sommes une population éduquée. Avec une sensibilisation accrue et un effort collectif de la part des aînés et des plus jeunes, la population peut devenir la force motrice de cet objectif. »

Le recyclage, poursuit-elle, ne devrait pas être seulement un impératif environnemental, mais aussi le ciment qui unifie la communauté. « Nous pouvons lancer des projets communautaires dans le cadre desquels nous devenons responsables du tri de nos déchets avant de les jeter dans des points de collecte situés dans chaque village et municipalité. » 

Ridhish Panchoo, élève en Grade 12 : «Une île où l’environnement est protégé»

rishishÉlève en Lower VI, Ridhish Panchoo décrit l’île Maurice de demain comme une destination qui attire davantage de touristes chaque année. « Ce sera bon pour le développement du pays », dit-il. 

D’autre part, il espère qu’à l’avenir, il y aura plus de lois sévères pour sanctionner ceux qui jettent des déchets dans la mer. « Sinon, cela risque d’affecter les animaux marins et, par ricochet, notre sécurité alimentaire. » 

Dans l’île Maurice de demain, il espère que la population sera plus sensibilisée à la protection de l’environnement pour mettre fin à la pollution qui est nuisible pour notre santé et notre espérance de vie. « Le gouvernement devrait mettre en place à l’avenir des amendes plus sévères pour les personnes qui polluent l’environnement », soutient Ridhish.

Évoquant le coût de la vie, le collégien souligne qu’en raison de l’inflation, de nombreux Mauriciens ont du mal à joindre les deux bouts avec un salaire minimum de Rs 11 000 par mois. Pour résoudre ce problème, il propose que le gouvernement prenne des mesures pour maintenir l’inflation à un niveau bas, stabiliser les prix et ainsi soutenir le pouvoir d’achat, préserver le niveau de vie des ménages et créer la confiance au niveau des investisseurs à l’avenir.

Au niveau des opportunités dans l’île Maurice de demain, il estime que les gouvernements futurs doivent viser à atteindre le plein emploi. Cela permettra de lutter contre la pauvreté, de rehausser le niveau de vie des citoyens et de favoriser la croissance économique. Il conclut en espérant que dans l’île Maurice de demain, il y aura un meilleur système fiscal.

Kanika Ramtohul, Wellness Coach : «Une île qui sait naviguer en toute sécurité dans la tempête» 

kanikaDepuis la pandémie de Covid-19, Maurice a été confronté à divers défis, indique Kanika Ramtohul. Les trois dernières années, souligne la Wellness Coach, ont permis de remettre en question le système dans lequel nous évoluons. 

« Je pense que nous sommes tous d’accord pour dire qu’un changement radical est nécessaire pour que nous puissions relever les défis auxquels nous sommes confrontés. Nous sommes conscients que le système éducatif a besoin d’une réforme majeure. La rhétorique d’il y a 20 ou 30 ans est obsolète pour les jeunes d’aujourd’hui », constate-t-elle. 

Elle estime qu’il est temps d’introduire une approche plus holistique dans le programme scolaire. Et de donner aux enfants la possibilité d’être plus créatifs et entreprenants dès le début de leur scolarité.

Le pays a progressé et « nous pouvons en être fiers. Mais nous pouvons en faire davantage pour devenir autonome, afin qu’en situation de crise, Maurice puisse naviguer en toute sécurité dans la tempête ».

Ainsi, pour Kanika Ramtohul, « il est temps de passer à l’action. Nous devrons travailler ensemble pour faire bouger les choses afin d’avoir une île Maurice meilleure ».

Pawena Kaniah, consultante en marketing : «Une île avec une plateforme pour un débat public plus inclusif»

pawenaÀ Maurice, les médias font un travail inlassable pour informer les citoyens. Cependant, dit Pawena Kaniah, consultante en marketing, le besoin d’une plateforme pour un débat public plus inclusif et divers se fait pressant. Selon elle, cela est important pour construire l’île Maurice de demain. 

« En tant que femme, je suis particulièrement préoccupée par le manque de couverture médiatique de sujets importants qui touchent les femmes et les minorités. » Une industrie des médias qui privilégie la responsabilité sociale favorisera la transparence, la responsabilisation et la justice sociale, de même qu’une culture d’engagement civique, en permettant aux citoyens de participer aux discours publics et de tenir ceux qui détiennent le pouvoir pour responsables, surtout envers ceux qui sont les moins entendus dans notre société, affirme-t-elle. 

Pawena Kaniah parle également de l’insécurité, dont le harcèlement sexuel dans les transports publics. « C’est une réalité quotidienne pour de nombreuses Mauriciennes. » 

Pour elle, l’île Maurice du futur appelle à un média courageux, prêt à s’engager dans l’éducation plutôt que de verser dans le sensationnalisme. « Il est important de garantir la liberté de la presse en protégeant les journalistes des menaces et intimidations. »

Elle espère aussi, dans l’île Maurice de demain, un journalisme alternatif « comme le podcast The Mauritian Taboo, Talks with Fab, Koze Karol, Fam Palab, She Rewrites the Law, Langaz Liniver, Koze Mo Frer, Island Pieces, Cannes à sucre et Préjugés, Activism MRU ».

Rufaydah Bussaruth, enseignante : «Une île où l’eau coule 24/7»

rufaydaMaurice, comme le monde entier, a connu des difficultés liées à la Covid-19, dit Rufaydah Bussaruth. Selon l’enseignante, cela a affecté l’environnement et la santé des Mauriciens ainsi que le développement de l’île. Bien que Maurice possède un système de santé relativement bien développé, elle constate néanmoins une hausse du nombre de patients atteints de diabète, d’hypertension et de cancer, entre autres maladies. 

Ainsi, elle est d’avis que pour une meilleure île Maurice de demain, les autorités doivent assurer des caravanes de dépistage plus régulières à travers le pays. Mais aussi, mener plus de campagnes de sensibilisation communautaire, qu’elle considère être la « clef de voûte » de toute politique efficace de prévention.

Au niveau de la protection de l’environnement, Rufaydah Bussaruth rappelle que Maurice est reconnu à travers le monde comme une île paradisiaque. Toutefois, le manque de poubelles dans les rues et sur les plages donne une tout autre image du pays. Elle souhaite également que les trottoirs soient mieux aménagés, avec des rambardes convenables pour assurer une meilleure sécurité des piétons sur la route. 

L’enseignante propose également l’élimination des toilettes à la turque dans les lieux publics. « En aménageant des toilettes ‘normales’, cela diminuerait l’insalubrité incroyable que nous voyons dans les lieux publics. » 

Comme les inondations provoquées par les pluies torrentielles représentent un grand danger pour la population, Rufaydah Bussaruth est d’avis qu’un drainage régulier est une nécessité. Elle pense aussi que dans l’île Maurice de demain, le système de stockage d’eau doit être amélioré afin que les citoyens puissent avoir de l’eau 24/7. 

Quant au fléau de la drogue qui fait des ravages chez les jeunes, l’enseignante avance qu’il faut encourager davantage de jeunes à pratiquer un sport. « Les jeunes sont l’avenir et il faut à tout prix qu’ils soient responsables. » 

L’île Maurice de demain, elle l’imagine aussi comme une destination internationale prospère, dotée d’infrastructures modernes et adaptées à un monde numérique, qui propose un cadre accueillant et dynamique aux personnes de tous les horizons. 

Yuv Sungkur, activiste pour le climat : «Une île à l’écoute de sa population»

yuvÂgé de 23 ans, Yuv Sungkur qui est activiste pour le climat, dessine l’île Maurice de demain comme étant à l’écoute de sa population, la comprenant et la réunissant sous une seule et même voix. 

Chaque Mauricien, insiste-t-il, a son mot à dire, sa façon de penser, son histoire. Tout le monde peut contribuer à dessiner l’île Maurice de demain, estime ainsi le jeune homme. « C’est important pour démontrer que c’est à travers les gens que nous progressons. »

Il imagine l’île Maurice de demain comme étant paisible, bienveillante et sécurisée. Mais aussi inquiétante, en crise et divisée… « Les mots pour décrire notre île sont opposés. C’est compréhensible, surtout lorsqu’on observe les défis auxquels nous faisons face », avance-t-il. 

Il en dresse une liste : la malhonnêteté et le manque de transparence des dirigeants, l’exode des jeunes talents vers l’Europe, un développement inadapté à l’île et à son identité, la division communautaire, les dégâts climatiques de plus en plus fréquents, un système éducatif élitiste et discriminatoire... « Les solutions sont à portée de main. Si nous mettons de côté notre orgueil et notre individualisme pour adopter une vision basée sur l’altruisme et l’unité, nous pourrons réaliser nos plus grandes ambitions. »

L’activiste pour le climat plaide également pour davantage de justice sociale. Il souhaite que la créativité soit encouragée, que le développement soit en accord avec notre identité et que le système éducatif évolue et stimule l’intelligence sociale et émotionnelle.

Yuv Sungkur envisage une île Maurice de demain où la protection de l’environnement est une priorité. « Pour pouvoir dessiner le plus beau des tableaux, il faut avoir le courage et l’humilité de comprendre qu’il est toujours mieux de peindre à plusieurs, plutôt que de s’obstiner à recréer son autoportrait. »

Valérie, cadre : «Une île où l’indice de la qualité de la vie est au beau fixe»

« Roule do %3*#@ ! » Cette phrase nous l’avons tous déjà entendue au moins une fois sur la route. Cette phrase aussi : « Apparemment, il a eu ce poste grâce à un ‘backing’, son papa connaît le directeur. » Ou encore : « Cette fille a été violée. Dapre lord, linn rode, kontan frekante aster pe vinn pleigne. » 

Au quotidien, Valérie (prénom d’emprunt), qui est cadre, soutient que nous subissons tous un manque de respect indistinctement de notre statut social. Cela, tant dans la sphère familiale, qu’à l’école, au travail, dans les transports en commun, etc.

« Vivre avec les autres dans une société de respect et d’amour, de sympathie et de compassion, de paix et de justice, où chacun désire voir l’autre grandir et s’épanouir, voilà ce à quoi nous devrions aspirer dans l’esprit du vivre-ensemble », dit-elle.  

Un tel avenir n’est-il pas utopique ? « Le respect résulte d’un amour, d’une sympathie, d’une sollicitude liés à la reconnaissance de la dignité de chaque personne. Celui qui aime l’autre le respecte », répond-elle. 

Selon Valérie, apprendre le respect à un enfant, c’est lui montrer comment traiter soigneusement les gens et les objets qui l’entourent. « N’oublions pas que les êtres humains, plus particulièrement les enfants, sont des éponges. Ils absorbent jusqu’à un certain point et imitent ce qu’ils voient et entendent. »

Malheureusement, constate la jeune cadre, des bancs de l’école au lieu de travail, on attend du/de la Mauricien/ne une compétitivité sans faille. Ensuite, qu’il/elle fonde une famille et subvienne à ses besoins, tout en étant un parent présent. « On attend de lui ou d’elle la résilience alors que le coût de la vie ne cesse d’augmenter et que son salaire reste pareil. On attend de lui ou d’elle de concrétiser ses projets alors que son salaire peine à couvrir les dépenses mensuelles. On lui en demande trop et par manque d’options, il ou elle ne peut que courber l’échine. On ne le/la respecte pas en tant qu’être humain. »

Une réelle volonté de changer cette culture est indispensable pour le bien-être de tout un chacun, insiste Valérie. « Cela commence par soi mais les institutions ont aussi leur rôle à jouer. S’inspirer du modèle des pays scandinaves où l’indice du bonheur et celui de la qualité de la vie sont au beau fixe pourrait être un fil conducteur dans la construction d’un avenir meilleur pour Maurice. »

 

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