La montée en flèche des cas de dengue à Maurice suscite des inquiétudes, non seulement pour la santé publique, mais aussi pour l’industrie touristique du pays. Alors que les autorités sanitaires luttent contre cette épidémie, les opérateurs touristiques mettent également les bouchées doubles afin de minimiser les risques. Ils estiment que la situation est sous contrôle.
La dengue, une maladie virale transmise par les moustiques, sévit actuellement de manière préoccupante à Maurice, avec une moyenne de 50 à 80 nouveaux cas enregistrés quotidiennement, selon les données fournies par le ministère de la Santé. Malgré cette situation alarmante sur le front de la santé publique, les répercussions sur le secteur touristique n’ont pas encore été ressenties. C’est ce qu’affirme le président de l’Association of Tourism Professionals, Daniel Saramandif. « Jusqu’à présent, à ma connaissance, il n’y a pas eu d’annulations de réservations en raison de la dengue », indique-t-il. Selon lui, les touristes sont informés et prennent toutes les précautions quand ils partent en voyage. « Par exemple, ils se font vacciner lorsqu’ils se rendent dans certaines destinations en Afrique et en Inde. Malgré les risques de maladies, ces pays continuent à attirer les touristes », souligne-t-il. En outre, il fait comprendre que les mesures adoptées par les autorités sanitaires mauriciennes pour lutter contre la prolifération de la dengue les rassurent.
Si dans les hôtels, les risques sont moins élevés, les activités en plein air exigent, toutefois, une vigilance accrue.»
Pour sa part, Shakeel Nundlall, directeur de l’hôtel Le Grand Bleu, avance que les activités au niveau de son établissement se déroulent normalement pour le moment. « Bien que la situation paraisse alarmante, nous n’avons pas encore ressenti les impacts de cette maladie », dit-il. En effet, selon lui, il n’y a pas eu d’annulations en raison de la dengue. « Cependant, des articles en ligne concernant la prolifération de la maladie à Maurice risquent de décourager les touristes qui ont l’intention de venir au pays dans les mois à venir », prévient-il.
Activités en plein air
Si dans les hôtels, les risques sont moins élevés, Daniel Saramandif est d’avis que les activités en plein air exigent, toutefois, une vigilance accrue. « Je pense que les opérateurs engagés dans les activités en plein air, surtout dans les forêts, pourraient enregistrer un ralentissement », explique-t-il. Cependant, il avance que si toutes les mesures de prévention sont prises, les activités pourraient se dérouler normalement.
Les répercussions de la dengue ne sont pas encore ressenties à La Vanille Nature Park. « Le nombre de visiteurs n’a pas baissé et nous espérons que cela continuera, car nous prenons les précautions nécessaires pour assurer la sécurité de nos employés et de nos visiteurs », affirme la responsable du marketing, Faviola Macotte. Cette dernière soutient que si l’épidémie persiste, cela affectera l’ensemble du pays. « Mais le gouvernement mène déjà une campagne de ‘fogging’ à travers toute l’île afin d’éradiquer le danger que représente cette épidémie », fait-elle ressortir.
Le « business as usual » règne également à La Vallée de Ferney. « À ce jour, nous n’avons constaté aucune incidence significative sur la fréquentation du domaine », dit Jean Marc Rivet, Estate Manager de Ferney. Il convient de souligner que la moitié de la clientèle est composée de résidents mauriciens. « Ces visiteurs locaux maintiennent aussi leur niveau d’activité de loisirs », fait-il ressortir. Par ailleurs, notre interlocuteur précise que la haute saison touristique s’annonce prometteuse avec une légère augmentation des arrivées. « Ainsi, il est encore prématuré de mesurer pleinement les implications de cette maladie sur ce secteur », ajoute-t-il.
De même, au niveau des activités nautiques, Prem Beerbul, président de la Fédération des plaisanciers, indique qu’en général au mois de février, il y a un ralentissement dans les activités en mer. « Cette baisse est principalement attribuée aux conditions climatiques instables. En effet, durant le mois de février, il y a souvent de fortes averses et des cyclones. Ainsi, on ne peut pas dire que c’est à cause de la dengue », explique-t-il. D’ailleurs, il avance que la prolifération de la maladie est moins élevée en mer. « Comme nous le savons tous, les moustiques se propagent principalement dans l’eau stagnante », précise-t-il.
Questions à…Jocelyn Kwok, CEO de l’Association des Hôteliers et Restaurateurs de Maurice : «Nous restons confiants en notre capacité à atténuer les risques»
Selon les données du ministère de la Santé, le pays enregistre 50 à 80 nouveaux cas de dengue quotidiennement. Les répercussions de cette épidémie se font-elles déjà ressentir dans le secteur du tourisme à Maurice ?
Les hôteliers n’ont observé aucun impact particulier sur les arrivées touristiques. De façon continue, l’Association des Hôteliers et Restaurateurs de Maurice (AHRIM) tient ses membres informés du déroulement de la campagne nationale de désinsectisation, afin qu’ils puissent répondre aux questions des tour-opérateurs, ainsi que celles des clients, les rassurer et les sensibiliser sur les précautions personnelles à prendre. Les autorités sanitaires et les diverses parties prenantes impliquées du secteur touristique sont confiantes et estiment que la situation est sous contrôle. Des actions intensives sont menées dans les régions de l’île les plus à risque pour limiter toute propagation. De plus, les services de santé ont déployé un protocole solide et éprouvé afin de traiter les personnes infectées. Du côté des établissements touristiques, des contrôles réguliers sont effectués pour détecter toute source potentielle de moustiques. Les protocoles de nettoyage ont été renforcés pour garantir des environnements sûrs pour les clients. Il est important que la sensibilisation se poursuive pour que chaque individu et chaque opérateur économique agissent dans son périmètre, et contribuent ainsi aux efforts de prévention de tout risque de foyer. La vigilance reste de mise.
Les hôteliers n’ont observé aucun impact particulier sur les arrivées touristiques.»
Quels sont les risques pour le tourisme si l’épidémie de dengue persiste dans les semaines, voire les mois à venir ?
Les risques existent, bien entendu, mais au vu des efforts déployés, nous restons confiants en notre capacité à les atténuer et à maintenir notre destination attrayante. Il faut souligner que de nombreux pays sont impactés par la dengue, ce qui signifie que les touristes qui nous visitent sont avertis et prennent leurs précautions. Ils savent qu’elle n’est pas endémique à Maurice. Les initiatives mises en place par les autorités pour combattre la dengue les rassurent, mais il est clair que cette action de sensibilisation ne fonctionnera que si l’effort est commun. Toute la population doit participer à la campagne de nettoyage.
Quelles recommandations proposez-vous pour contrer les impacts de cette épidémie sur le secteur du tourisme ?
Les abords des rues et espaces relevant du domaine public sont en train d’être nettoyés par les services publics. Chacun peut constater que des actions d’envergure sont prises en matière de « fogging » et de désinsectisation. En maintenant ces mesures ainsi qu’une communication régulière et transparente de l’évolution de la situation, nous avons toutes les chances de contrôler la propagation. Mais encore une fois, l’effort collectif est vital. Chaque citoyen a la responsabilité de contribuer à son niveau à cette campagne. Cela veut dire éliminer tout élément susceptible de favoriser la prolifération des moustiques dans les espaces privés - le domicile et le lieu de travail - se protéger convenablement des piqûres, contacter rapidement le 8924, se faire tester en cas de symptômes et rester à l’écoute des consignes des autorités sanitaires.
Mesures de prévention intensifiées
Daniel Saramandif indique que les opérateurs touristiques à Maurice, en particulier les hôtels, ont intensifié leurs mesures de prévention pour contrer la propagation de la dengue. Parmi ces mesures, on retrouve notamment l’élimination des sites potentiels de reproduction des moustiques, tels que les eaux stagnantes et la mise en place de programmes de pulvérisation régulière d’insecticides dans les zones à risque. « De plus, des campagnes de sensibilisation ont été lancées à l’intention des clients et du personnel, mettant l’accent sur les gestes préventifs simples à adopter pour éviter les piqûres de moustiques », fait-il remarquer. Pour lui, la situation est sous contrôle. Shakeel Nundlall abonde dans le même sens. « Nous prenons toutes les mesures de prévention possibles contre la maladie. Par exemple, la fumigation se fait actuellement trois à quatre fois par semaine. Si le besoin se fait sentir, la fréquence de cet exercice sera augmentée », ajoute-t-il. Par ailleurs, il soutient que les employés sont sensibilisés aux dispositifs de protection. Au niveau de La Vanille Nature Park, le « fogging » est effectué dans le parc tous les jours. « Nous conseillons également à nos employés de bien se couvrir et d’utiliser des crèmes anti-moustiques », explique Faviola Macotte.
Même son de cloche du côté de La Vallée de Ferney. « Nous demeurons vigilants et nous suivons de près l’évolution de la situation », affirme Jean Marc Rivet. Chez les plaisanciers, l’accent est mis sur le nettoyage et la désinfection des bateaux. « D’habitude, les skippers nettoient leurs bateaux après chaque voyage. Cependant, avec la prolifération de la dengue, ces derniers font plus attention et s’assurent que tous les coins et recoins sont bien nettoyés et désinfectés », affirme Prem Beerbul.
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