Déconfinement par phases : les avis divergent

Les avis sont partagés par rapport au déconfinement par phases annoncé par le Premier ministre Pravind Jugnauth le mardi 23 mars. Si pour certains, « c’est prématuré », pour d’autres, « non, car le pays ne peut rester trop longtemps en confinement. L’économie va grandement en pâtir ».
«Le déconfinement par phases va dépendre du fait si on a atteint le pic des cas de la Covid-19 », estime le Dr Patrick How, de la Private Medical Practitioners Association (PMPA).

Pour lui, il faut avoir un degré de déconfinement et le faire par phases. Cela, parce qu’il y a encore des cas dans la communauté. « Nous devons apprendre à vivre avec le virus comme l’a dit le Premier ministtre Pravind Jugnauth. Il faut respecter les gestes barrières comme nous l’avons souvent dit avec le port du masque, la distanciation physique et le lavage régulier des mains », souligne-t-il.

Le Dr How ajoute que « le pays ne peut pas rester trop longtemps en confinement. L’économie a déjà trop souffert. On ne peut ouvrir complètement, il faut le faire par phases et prendre les précautions nécessaires ».

Pour sa part, Daniel Saramandif, de l’Association of Tourism Professionnals, ajoute que si le gouvernement a pris une décision concernant le déconfinement « nous ne pouvons que l’accepter ». Mais pour lui, la priorité des priorités, « c’est de combattre l’épidémie. »

« C’est un peu prématuré de procéder à ce déconfinement, même par phases », dit Daniel Saramandif, qui reconnaît cependant que « l’économie doit également reprendre. » Avec le plan de déconfinement annoncé, « chacun devra apprendre à vivre avec l’épidémie et la population doit comprendre qu’il faut prendre les précautions nécessaires. Tout le monde doit prendre ses responsabilités, Nous n’avons pas le choix. Si, après cet épisode, il y a une résurgence, ce sera la faute à la population », dit-il.

Bholanath Jeewuth, de la Nurses Union, plaide aussi pour la prudence. « C’est assez hasardeux de procéder à un déconfinement trop rapide, car nous avons encore des nouveaux cas. Nous devons bien suivre la situation », fait-il ressortir.

Selon lui, les autorités auraient dû simplement annoncer que la situation sera revue le 31 mars au lieu de dire qu’on va procéder au déconfinement par phases. « Cette situation nous laisse perplexes. Il y a encore des recherches à faire pour connaître l’origine des premiers cas. Il aurait fallu attendre encore un peu avant d’annoncer cette première phase du déconfinement », souligne Bholanath Jeewuth.

« La faute à la population si… »

Mais Ajay Jhurry, de l’Association of Tourists Operators, est d’avis qu’un jour ou l’autre, nous devons arriver à un déconfinement. « Nous souhaitons que la propagation diminue et que, dans le plan de déconfinement, tout le monde soit responsable afin qu’il n’y a pas une résurgence de nouveaux cas » dit-il.

Selon lui, c’est la population qui sera fautive si cela arrive. « Ceux qui n’ont aucune obligation de sortir doivent rester chez eux, ceux qui peuvent être en télétravail doivent le faire. Les gestes barrières doivent être respectés. Il y a aussi la vaccination », explique-t-il.

« Le déconfinement, poursuit Ajay Jhurry, doit se faire selon un plan bien établi et graduel et qui prend en considération la courbe des cas positifs. Cela tout en veillant à embarquer de plus en plus de personnes dans le programme de vaccination. Si les données sont favorables au déconfinement, nous pourrons le faire. Il faut pour cela une diminution des cas et une augmentation du nombre de personnes vaccinées. »
Un médecin du privé - qui n’a pas souhaité être cité - est d’avis que « le pays ne peut éternellement rester en confinement ». « Les entreprises doivent commencer à reprendre le travail. Avec un déconfinement graduel, les choses devraient bien se passer », dit-il.

Et si les choses ne se passent pas comme prévu après le déconfinement, « rien n’empêche aux autorités à procéder à un nouveau confinement. Si le déconfinement partiel fonctionne, on peut l’élargir au fur et à mesure. L’économie va s’effondrer complètement si nous restons trop longtemps en confinement », conclut-il.