La crise énergétique qui sévit avec la flambée du prix du charbon et celui de l’huile lourde contraint des Independent Power Producers à se réinventer. Omnicane, qui produit de l’électricité pour la vendre au Central Electricity Board, songe à en fabriquer uniquement à partir de sources d’énergie non polluantes. Elle a déjà entamé des recherches.
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«Il faut envisager la transition énergétique et voir comment arrêter d’utiliser du charbon. » Propos de Jacques d’Unienville, Chief Executive Officer d’Omnicane qui opère deux centrales de production d’électricité pour le compte du Central Electricity Board (CEB) : Omnicane Thermal Energy Operations (La Baraque Ltd) et Omnicane Thermal Energy Operations (St Aubin).
Sa déclaration intervient dans le cadre du litige qui oppose l’organisme parapublic à l’Independent Power Producer (IPP) Terragen qui dit ne plus être en mesure d’assurer la production d’électricité à cause de la flambée du prix du charbon sur le marché international. La situation, selon les représentants de Terragen, pèse lourd dans les finances de l’entreprise. Celle-ci a indiqué en cour qu’elle essuie des pertes de Rs 2 millions à Rs 3 millions par jour.
La hausse du prix du charbon résultant de la guerre entre la Russie et l’Ukraine complique la situation pour les producteurs d’électricité. Omnicane n’est pas en reste, à en croire Jacques d’Unienville. « Oui. Nous sommes frappés par cette crise, mais bon, cela concerne un peu tout le monde », dit-il.
Omnicane pourrait-elle se retrouver dans la même situation que Terragen ? Non, répond le CEO de la compagnie sucrière, pour la simple et bonne raison que contrairement à l’IPP, Omnicane a fait en sorte que les coûts soient partagés entre elle et le CEB en cas de flambée des prix des intrants sur le marché international.
« Ce sont des risques partagés entre nous et le CEB. Ce sont des circonstances qui ont été prévues au moment des négociations contractuelles. Nous sommes donc en mesure de poursuivre nos opérations, et ce peu importe la situation internationale », explique-t-il.
Cependant, au vu de l’incertitude qui règne à l’international, Omnicane a déjà entamé des recherches pour éliminer le charbon de son équation. Bien que son contrat avec le CEB, qui arrive à terme en 2027, fasse mention de la production d’électricité à partir du charbon, Jacques d’Unienville explique que les représentants d’Omnicane sont partants pour revoir les termes de l’accord afin de privilégier uniquement des sources d’énergie non polluantes.
« Le CEB est pleinement au courant des recherches que nous faisons en ce sens. Je pense que c’est faisable si les deux parties concernées parviennent à se mettre d’accord. Mais il faut aussi se mettre en tête que cette transition ne peut pas se faire du jour au lendemain », fait ressortir le CEO d’Omnicane.
Le chiffre
Rs 5,9 milliards
C’est le montant versé par le CEB aux IPP pour l’achat d’électricité pour l’année financière 2019-20. Le chiffre exact est Rs 5 961 526 393. En ce qui concerne l’achat d’huile lourde pour opérer ses centrales de production, le CEB a déboursé Rs 4 514 271 742 pour la période 2019-20.
Capacité de production des Independent Power Producers
IPP | Capacité de production |
---|---|
Omnicane Thermal Energy Operations (La Baraque Ltd) | 90 mégawatts |
AEL (Alteo) | 36,70 mégawatts |
Omicane Thermal Energy Operations (St Aubin) | 32,50 mégawatts |
Terragen | 71,20 mégawatts |
Sotravic | 3,45 mégawatts |
Sotravic, le seul IPP à produire de l’énergie propre
En octobre 2011, Sotravic est devenu le premier IPP à fournir au CEB de l’énergie produite uniquement à partir d’une source renouvelable. Auparavant, le « landfill gas » collecté sur le site de Mare-Chicose était simplement brûlé. Or, ce gaz contient environ 50 % de méthane et représente donc une importante source d’énergie.
Pour la gestion du gaz et spécifiquement la capture du méthane, Sotravic a installé de nombreux puits de gaz verticaux supplémentaires jusqu’à 30 mètres de profondeur. En outre, des collecteurs ont été installés pour améliorer la collecte. Ils jouent un rôle important dans l’optimisation de la gestion du « landfill gas » en permettant un contrôle précis de chaque puits dans un endroit facilement accessible.
La centrale produit environ 3 mégawatts d’électricité propre par mois qui sont injectés dans le réseau national. Le projet, qui est conforme, est enregistré auprès de la United Nations Framework Convention on Climate Change dans le cadre du protocole de Kyoto pour la production et la vente de Carbon Credits (CER’s).
Fabien de Marassé Enouf, CEO d’Alteo : «Il est crucial de produire de l’énergie verte»
Fabien de Marassé Enouf, Chief Executive Officer d’Alteo, fait comprendre que chaque Power Purchase Agreement (PPA) est différent. Raison pour laquelle il estime qu’il est difficile de les comparer les uns avec les autres. « Notre accord avec le Central Electricity Board (CEB) comprend un ‘pass-through mecanism’, ce qui signifie que c’est lui qui prend en charge le coût du combustible », souligne-t-il.
Il indique qu’Alteo est en négociation en ce moment avec l’organisme parapublic dans le cadre de l’extension de son PPA. Selon lui, l’objectif de la firme est de continuer à collaborer pleinement avec le CEB, qui est son partenaire depuis plusieurs décennies.
« Notre situation financière est saine. Nous ne prévoyons aucune interruption de notre fourniture d’électricité au réseau national. En outre, nous passerons à la biomasse dans nos chaudières dans quelques semaines avec le début de la coupe », dit-il.
En ce qui concerne le prix des hydrocarbures, Fabien de Marassé Enouf soutient que le monde entier est dans une situation d’urgence à court et à moyen terme. Il souligne que rien, pour l’instant du moins, ne permet d’anticiper un retour rapide à des conditions plus favorables.
« Si l’évolution du marché des hydrocarbures se maintient, notre pays sera forcément affecté, et ce dans la durée. C’est pour cela que nous considérons qu’il est crucial d’œuvrer dès maintenant pour une transition énergétique rapide et efficace afin de produire plus d’énergie verte à Maurice », dit-il.
Fabien de Marassé Enouf assure qu’Alteo est prêt à travailler en ce sens avec le CEB et les autorités ce sens, avec notamment un projet de centrale 100 % biomasse à Union-Flacq ou encore des projets solaires et éoliens dans l’Est de l’île. Il indique qu’Alteo a contribué à l’avancement du pays pendant plusieurs décennies, notamment grâce à une production d’énergie verte non négligeable pour le réseau du CEB.
« Notre objectif est de poursuivre notre partenariat avec le CEB avec des solutions pérennes dans l’intérêt du pays. Une transition vers les énergies renouvelables ne réussira pas sans la collaboration du privé et du public dans un rapport gagnant-gagnant. Nous attendons donc le Biomass Framework avec impatience », conclut-il.
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