- « Pa ti ena larzan, tou le semenn bann kamarad amenn tant bazar pou mwa »
Dawood Rawat s’est exprimé sur l’effondrement du groupe British American Investment (BAI) et sur les pressions exercées par le MSM, entre autres sujets. C’était lors d’une réunion, le samedi 28 décembre à Port-Louis, en présence des victimes du crash de la compagnie.
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Il a indiqué avoir rencontré le Premier ministre Navin Ramgoolam. Les discussions, notamment concernant le remboursement des victimes de la BAI, ont été positives, estime-t-il. Selon lui, le Premier ministre lui a demandé de lui accorder un peu de temps : « Je ne peux pas dire si cela prendra deux mois ou plus, mais je garde espoir. »
Précisant qu’il ne pouvait rien promettre, car tout dépendrait du gouvernement, il a exprimé toute sa confiance envers le Premier ministre : « Mo ena konfians dan Premie minis. Navin Ramgoolam enn bon dimounn. » Cette confiance, devait-il préciser, lui donnait « beaucoup de courage » et devrait également inspirer les victimes du crash de la BAI.
« Le Premier ministre a des priorités sérieuses et graves à gérer. L’ancien gouvernement a laissé derrière lui un véritable panier de crabes, avec des problèmes à tous les niveaux. Je comprends et je demande un peu de patience », devait-il ajouter.
Cependant, Dawood Rawat a tenu à rassurer les victimes : « Mo pa pou pran enn sou si zot pa gagn zot kas. » Il a également évoqué une possible solution pour sa famille et les victimes. « Je ne prendrai rien sans que tout soit partagé équitablement avec ceux qui ont été affectés. Il est impératif que nous trouvions une solution qui soit juste pour tout le monde », a-t-il assuré, laissant entendre qu’il travaillait activement à une issue favorable.
Par ailleurs, il est revenu sur l’histoire de la BAI. Se décrivant comme un homme à la vision unique, Dawood Rawat a expliqué comment il s’était distingué de ses concurrents dans le secteur de l’assurance en choisissant de cibler les « ti-dimounn », atteignant rapidement 50 % de part de marché, avant de diversifier ses activités en acquérant Mauritius Leasing et en entrant sur le marché de l’automobile via Iframac.
Sa montée en puissance, selon lui, n’était pas du goût des concurrents : « Nou’nn vinn enn danze pou boukou konpetiter, mem bann politisien ti pe dimande kot li pe ale sa boug-la. »
Évoquant le financement des partis politiques par son groupe, Dawood Rawat a expliqué de manière directe : « Si pa donn larzan bann parti politik, ou dosie disparet, zot fini ou. »
« Ki pese monn fer pou rod pini mwa koumsa ? »
Les dix dernières années de règne du MSM ont été au cœur du discours de Dawood Rawat. « Dis dernie banane, monn pas mizer. Ou’nn perdi milion, monn perdi miliar. Mo bann kont inn ferme partou a traver lemond. Dawood Rawat pa ti ena larzan pou aste bazar. Tou le semenn, bann kamarad amenn tant bazar pou mwa », a-t-il révélé.
L’homme d’affaires a évoqué un événement qui l’a profondément marqué : « Mo belser Valérie Rawat (NdlR : ancienne CEO d’Apollo Bramwell), 53 ans, ki ti enn profesionel, finn mor dan Paris dan la mizer. Ki pese monn fer pou rod pini mwa koumsa ? »
Démenti aux affirmations de Vishnu Lutchmeenaraidoo
Dawood Rawat a ciblé l’ex-ministre des Finances Vishnu Lutchmeenaraidoo qui, dans une interview accordée à un quotidien, avait déclaré en référence à lui : « Je l’ai eu. » Il a démenti une autre déclaration de Vishnu Lutchmeenaraidoo, faite à l’époque au Parlement, selon laquelle le groupe BAI avait fait faillite à Trinidad-et-Tobago. « C’est faux », a rétorqué Dawood Rawat. Il a expliqué avoir vendu la filiale de Trinidad-et-Tobago, il y a 25 ans, à un groupe caribéen, décision motivée par le contexte politique : « Ce pays était devenu nationaliste et n’acceptait pas les étrangers à l’époque. »
Le crash du groupe BAI, « un complot bien orchestré »
Dès les trois premiers mois de l’année, après l’arrivée au pouvoir du MSM, le dossier de la BAI s’est retrouvé sur le bureau du gouverneur de la Banque de Maurice. Entre-temps, le gouvernement a commencé à retirer toutes ses liquidités de l’ex-Bramer Bank, qui appartenait alors à la BAI. « Nos actions ont commencé à perdre de leur valeur, et les grands groupes ont cessé de payer leurs dettes. C’était un complot bien orchestré. »
Il a révélé qu’en novembre 2013, sous le gouvernement de Navin Ramgoolam, il avait été informé de la nécessité de réduire les investissements dans les « related parties » (NdlR, les entreprises faisant partie du groupe) : « C’est vertical. Mais pourquoi n’ont-ils pas attaqué d’autres compagnies où les ‘related parties’ sont horizontales ? Pourquoi ont-ils seulement ciblé la British American ? »
La lettre reçue en novembre 2013 stipulait que le groupe avait jusqu’en 2016 pour ramener ses investissements à 10 %. « Vers 2014-2015, nous étions déjà descendus à 50 %, mais j’ai compris que nous n’allions jamais pouvoir atteindre moins de 10 %. Parski dan Moris, kan ou apel BAI, kot ou pou investi ? Avek Lagesse ? Dalais ? Labank komersial ? Mo pa kapav nouri mo konpetiter, mwena labank, mwena lasirans. »
Face à cette situation, des investisseurs sud-africains, anglais et français s’étaient manifestés pour proposer des investissements allant jusqu’à Rs 200 millions. Cependant, « kan sertin dan gouvernman pe trouve ki nou pe resi rezoud nou problem, enn gramatin la Banque de Maurice donn enn let pou dir ki nou ena ziska fin avril pou amenn Rs 350 milion e ki ziska fin desam nou bizin amenn Rs 3,5 miliar ».
Le même jour, la première tranche de Rs 350 millions est réunie, mais « zot dir zot pa pou aksepte nou kas ». Le même jour, à 18 heures, la licence de la Bramer Bank est révoquée, entraînant un « désastre » pour le groupe : « un trou de Rs 5 milliards dans le bilan du groupe ».
Dawood Rawat a également révélé avoir reçu une lettre le même jour, stipulant que le groupe devait être vendu pour une roupie symbolique : « On m’a fait comprendre que je devais signer, sinon mes enfants et mes directeurs allaient souffrir. »
La vente à perte de Britam Kenya
La vente de Britam Kenya s’est faite au détriment des intérêts du groupe BAI : « Huit mois avant la vente, nos actions étaient valorisées à 40 shillings, et un grand consultant américain avait estimé qu’en 2016, elles atteindraient 65 shillings, et 100 shillings deux ans plus tard. Pourtant, elles ont été vendues pour seulement 12 shillings. »
Dawood Rawat a critiqué les manigances d’un directeur pour faire croire que les autorités kenyanes refusaient la vente à des étrangers : « C’est totalement faux ! Nos dirigeants sont-ils à ce point naïfs pour ne pas interroger des avocats qui connaissent les lois kenyanes ? C’est sur ces fausses informations que d’anciens directeurs ont récupéré mes actions. »
Dawood Rawat disposait d’un droit de veto concernant la nomination du CEO et du CFO de Britam Kenya, un droit qui aurait dû inclure une prime lors de la vente : « C’est l’inverse qui s’est produit. Deux ou trois mois après avoir acquis mes parts, ils ont vendu ces actions à des étrangers. Comment peut-on être aussi insensé ? »
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