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Couple : À quand la fin de la violence conjugale ?

De nombreux moyens sont déployés afin de réduire le nombre de cas de violence conjugale à Maurice. Or, selon les chiffres ainsi que les parties concernées, tout porte à croire que les mesures protectrices ne suffisent pas. Dossier.

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La dernière étude récemment parrainée par le ministère de l’Égalité des genres parle de pourcentages alarmants. 18,43 % de femmes et 7,48 % d’hommes sont touchés par le fléau de violence domestique. L’enquête a été menée sur un échantillon de 600 à 700 personnes représentatif de la population.

L’État dépense Rs 2 milliards à cause de ce problème et ce chiffre ne tient en compte que les coûts directs. L’incidence de la violence conjugale est d’environ un épisode par semaine. La violence sexuelle et physique reste parmi les formes les plus récurrentes chez les femmes.

Selon le rapport, les causes de la violence domestique sont multiples. Les raisons principales sont les biens, le statut professionnel, la qualité de la cuisine, les familles nombreuses, les rapports sexuels et l’alcool.

34 264 femmes contre 8 072 hommes ont déjà eu des gifles ainsi que des coups, alors que 41 917 femmes contre 13 464 hommes ont été victimes de violence verbale.

Pis, la violence conjugale prend de l’ampleur depuis quelques années à Maurice. Des morts ont été enregistrés. Selon Ambal Jeanne, de SOS Femmes, les coûts démontrent clairement qu’il y a une urgence. La violence conjugale touche toutes les couches sociales, groupes ethniques et statuts professionnels.

Elle explique qu’à leur niveau, les ONG peuvent encadrer la femme et l’accompagner dans ces démarches, mais le plus important est le changement de mentalité des hommes. « Plusieurs femmes ont péri à cause de la violence et d’autres ont toujours des cicatrices de leurs blessures. Il s’agit d’abord d’une relation de pouvoir entre la femme et l’homme. Ce dernier estime que tout est permis, mais il ne sait pas que les droits humains n’existent pas si les droits de la femme ne sont pas respectés. D’autres facteurs aggravants sont l’alcool et l’adultère », estime-t-elle.

Elle souligne que ces études ne comptent pas les dépenses encourues par les tribunaux et les ONG, entre autres. Pour elle, il est temps que les autorités financent les centres et investissent dans l’éducation de la population.

« C’est un problème de société et nous devons travailler en collaboration pour sortir de ce cercle de violence. Les campagnes agressives devraient commencer à l’école. Il faut apprendre aux filles à dire non et à ne pas entrer tête baissée dans une relation », ajoute-t-elle.

Pour Elena Rioux, travailleur social pour Passerelle, il est important d’expliquer aux femmes que la violence n’est pas un acte normal. Selon son constat, plusieurs femmes choisissent de venir au centre d’hébergement en dernier recours. Si certaines parviennent à dénoncer leur conjoint, elles finissent par le pardonner, affirmant l’aimer encore.

« Victimes de violence physique et verbale, elles se renferment jusqu’à ce qu’elles ne puissent plus tenir le coup. Craignant pour la sécurité de leurs enfants, elles quittent le toit conjugal. Le chômage, la drogue, l’alcool, l’infidélité, la frustration sont souvent les raisons avancées par ces dernières. Il n’y a pas d’âge ou de milieu social, et surtout pas de considération. Les hommes estiment que leurs femmes sont des objets et leur appartiennent. Certaines sont frappées, même si elles sont enceintes, d’autres subissent des traumatismes à force de subir la violence, car elles n’ont pas le courage de franchir le pas et de tout abandonner pour commencer une nouvelle vie », explique-t-elle.

Notre interlocutrice affirme que Passerelle accueille souvent des femmes qui ne sont pas indépendantes. Ces dernières se voient accepter le martyre qui leur est infligé. « Il y aurait un abus de pouvoir de la part de l’homme. Souvent, à leur arrivée, elles reçoivent un soutien psychologique et elles commencent petit à petit à se débrouiller, à scolariser leur enfant. Elles ne sont plus le punching bag de leur conjoint, mais créent leur propre identité. On ne retire pas les vers du nez d’une femme violentée, mais un boa », dit-elle.

«Plusieurs femmes ont péri à cause de la violence et d’autres ont toujours des cicatrices de leurs blessures. Il s’agit d’abord d’une relation de pouvoir entre la femme et l’homme»

Toutefois, Elena Rioux précise que personne ne peut obliger une femme à dénoncer. Elle estime que les campagnes de sensibilisation doivent être intensifiées et que plus de soutien doit être accordé à ces femmes. Elle déplore également le manque de professionnalisme de certains officiers de police.

« Plusieurs retournent chez leur époux, faute de moyens. Fatiguées de faire des va-et-vient pour obtenir une aide sociale, elles préfèrent encaisser les coups. D’autres ne sont pas guidées par les préposés. Ces derniers découragent la femme à enregistrer une plainte », ajoute-t-elle.

Selon une préposée d’un Family Support Bureau (FSB), les cas de violence conjugale sont parfois d’une atrocité extrême. Or, souvent, les femmes préfèrent se murer dans le silence, car elles ont peur des représailles. Elle précise que l’objectif est avant tout de garantir la sécurité d’une personne qui allègue avoir été victime de violence conjugale.

Par ailleurs, le FSB organise des activités telles que des causeries dans des centres communautaires et sur les lieux de travail.

« Plusieurs cas sont rapportés par le voisinage ou des collègues des victimes. Nous assurons la sécurité de la victime et des enfants avant tout. Nous évaluons la situation pour voir s’il y a eu abus émotionnel ou physique et nous proposons différentes options à la victime. Si c’est la première fois que la femme rapporte un cas de violence domestique, nous proposons une session de counselling avec le présumé agresseur. Si la situation est grave, nous plaçons la femme dans un shelter tout de suite et l’aidons à avoir un Protection Order. Il faut dire que la plupart en demandent, car elles ont peur de retourner chez elles. Ce sont des mères de famille et elles nous confient qu’elles ne veulent pas que leur enfant soit témoin de telles scènes de violence. Dans de tels cas, nous référons l’enfant à un Family Counsellor ou à la Child Development Unit. »


 

Karuna Rajiah : «Prendre une décision pour son avenir et celui de l’enfant»

La violence conjugale ne se résume pas aux deux partenaires. Elle peut avoir des conséquences sur la famille. Souvent, la femme, car la majorité des cas la concerne, reste malgré tout pour diverses raisons, notamment les enfants.

Selon la psychologue Karuna Rajiah, la première fois que survient la violence est très déterminante. « Si une femme, la première fois, accepte sans rien dire, c’est elle la responsable de la violence conjugale. Elle préfère rester et affirmer qu’elle le fait pour son enfant, même si c’est risquer sa vie ou pire, et exposer l’enfant a un environnement violent. Dans la plupart des cas, l’enfant devient une personne violente en grandissant. Il observe et il finit par imiter. Il croit que c’est un moyen de communication ou d’expression », indique-t-elle.

La femme ne réalise pas que si elle quitte le toit où il y a de la violence, l’enfant apprendra qu’on ne doit pas se laisser faire. Elle explique que les enfants voient et ressentent ce que vit la victime de la violence conjugale, mais ils sont plus impuissants que la victime.

« De ce fait, c’est à elle de prendre une décision pour son avenir, ainsi que pour celui de l’enfant, car l’impact psychologique peut être conséquent. Rester en espérant que la situation changera a un prix, car souvent, elle risque de s’envenimer. Entre-temps, il faut aussi favoriser le dialogue. Un parent essaye tout le temps de dissimuler sa peine, mais l’enfant sait qu’il souffre. C’est très important pour l’enfant de savoir que le parent victime ira bien et il faut le rassurer. J’encourage les parents à initier leurs enfants à des activités telles que la discipline du jujitsu, pour que les enfants sachent que la violence n’est pas un moyen de communiquer ou de s’exprimer. Le coloriage, la peinture et les fables peuvent également aider l’enfant », poursuit-elle.

Fazila Jeewa Daureeawoo : «Les valeurs doivent être inculquées aux enfants dès leur jeune âge»

La ministre de l’Égalité des genres et du Bien-être de la famille est d’avis que la loi ne suffit pas pour combattre la violence conjugale. Pour elle, il faut revoir l’éducation des enfants. « Il est grand temps que les garçons et les filles comprennent qu’une personne n’est pas supérieure à une autre. Cela commence à la maison et se poursuit à l’école. Les valeurs doivent être inculquées aux enfants à un jeune âge. Par exemple, il faut montrer à un petit garçon comment traiter sa sœur et que le respect est très important. Les parents, de leur côté, doivent comprendre qu’il faut éviter de créer un environnement instable et violent. Les enfants, témoins de violence à la maison, croient que les conflits se résolvent par la violence. Pour eux, frapper l’autre devient un acte tout à fait normal », fait-elle remarquer.

De quel soutien bénéficient les femmes victimes de violence conjugale ?
Une panoplie de services est à la disposition des victimes, afin de leur apporter un soutien optimal. Au niveau des six Family Support Bureau, elles peuvent bénéficier d’un service d’écoute, d’une aide psychologique et de conseils légaux.

Les préposés les guident pour les procédures en vue d’un Protection Order, d’un Occupation Order et d’un Tenancy Order. Le ministère les aide aussi à trouver un logement temporaire, entre autres. Une des mesures phares a été de rendre les appels sur la hotline 139 gratuits, afin d’encourager le public à dénoncer les cas de violence domestique.

Bien que la loi ait été revue, les cas sont en hausse. Que compte faire le ministère ?
Le ministère a adopté une approche sur quatre axes : la protection, la prévention, la réhabilitation et la réintégration.

Un élément majeur dans le combat contre la violence domestique est la sensibilisation, pour changer la mentalité. Le nombre de femmes victimes de violences n’est pas anodin. La société patriarcale est à la base d’un déséquilibre entre l’homme et la femme, au sein de la société. Le combat pour rehausser le statut de la femme permettra de rétablir ce déséquilibre et, par ricochet, de réduire les cycles de violences qui entraînent la mort des femmes aujourd’hui.

Le ministère ne remportera pas ce combat sans le soutien des autres ministères, de la société civile et de la population, avait déclaré la ministre lors de la célébration de la Journée de la femme en mars.

La transmission des valeurs familiales reste un aspect important du combat, car c’est une érosion de ces valeurs qui mène à la flambée des violences, et pas seulement de la violence domestique, avait-elle affirmé.

Plusieurs programmes visant à consolider les liens familiaux sont proposés par le ministère, tels que le Pre-Marital Counselling et le Mariage Enrichment Programme, qui seront bientôt dispensés dans les centres sociaux et les centres communautaires, pour mieux préparer les nouveaux couples aux responsabilités familiales et à la gestion des conflits.
La formation est aussi mise en avant avec les partenaires clés, notamment ceux qui traitent de la violence domestique en première ligne. En 2016, 421 policiers ont été formés. Le ministère revoit actuellement les modules de cette formation pour améliorer l’aspect intervention des policiers. Cette année, quelque 300 policiers de différents grades vont suivre cette formation. Le but étant d’avoir un officier formé dans chaque poste à Maurice, 24/7.

Une session de travail a été organisée avec les magistrats sur les nouveaux amendements, car ils ont un rôle important à jouer pour freiner la violence domestique. Cette session était organisée avec la collaboration de la haute commission australienne qui avait sollicité la participation d’une magistrate australienne, spécialisée en violence domestique.
Le ministère travaille activement sur la mise en place d’un centre de services intégrés pour mieux encadrer les victimes et les aider à se remettre sur pied.

Me Indranee Bhoyrul-Boolell : «Il faut admettre que la solution miracle n’existe pas»

Que dit la nouvelle loi ?
À Maurice, c’est le Protection from Domestic Violence Act 1997, amendé pour la quatrième fois en juin 2016, qui régit la loi sur les violences domestiques. La nouvelle loi inclut, comme délits, les insultes, les menaces de coups et de blessures et le fait de priver son/sa partenaire de ce dont il ou elle a besoin : la nourriture, les vêtements et un toit.

Les amendes et les peines d’emprisonnement ont été revues, et la violence physique au sein du couple devient une infraction passible d’arrestation.

Le terme époux concerne non seulement les couples mariés, mais aussi deux personnes de sexe opposé qui vivent comme mari et femme et cela s’étend aussi à tout homme et femme vivant ensemble et ayant un enfant de leur relation.

L’Enforcement Officer et la police ont plus de pouvoirs.

Pourquoi la violence domestique prend-elle des proportions insensées, malgré les amendements ?
Ce qui est encore plus inquiétant, c’est que les chiffres sont en dessous de la réalité, car bien des cas ne sont pas rapportés. Nous entendons souvent des cas de violence domestique et de morts d’homme.

Cette hausse s’explique par un plus grand nombre de plaintes, à la suite de campagnes de sensibilisation et du durcissement de la loi. Certaines ONG font de l’information, encadrent les victimes et les encouragent à ne plus se murer dans le silence.

Le Mauricien est devenu plus matérialiste et plus égoïste. Il cultive le culte de l’individualité. C’est le « moi » qui prime. Le bonheur, le sentiment de l’autre sont relégués au second plan.

Il s’avère nécessaire d’inculquer des valeurs aux couples et aux enfants. Il existe aussi des normes patriarcales qui prévalent, des notions dépassées de la primauté de l’homme sur la femme, qui perdurent au 21e siècle. 

L’autonomie de la femme peut effectivement changer la dynamique du couple. Les femmes victimes de violence domestique sont souvent celles qui dépendent financièrement de leur mari. Par « autonomie de la femme », je n’entends surtout pas cette notion erronée d’émancipation qui les pousse à renoncer à leurs responsabilités conjugales. En effet, c’est une tendance qui prend de l’ampleur chez les jeunes.

L’autonomisation peut se réaliser en accord avec sa vie conjugale. Je constate aussi que la pauvreté, le chômage et l’alcool sont des facteurs qui poussent à la violence conjugale.

Quels sont les soutiens disponibles en cas de violence conjugale ?
La victime peut porter plainte au poste de police le plus proche. Si la police estime que la situation est grave, elle est habilitée à arrêter l’agresseur. La police se tourne aussi vers la Police Family Protection Unit (PFPU) et le Family Support Bureau (FSB). Ces institutions se chargeront de trouver un abri/foyer pour la victime (à titre d’exemple, SOS Femmes ou Passerelle) et d’entamer des procédures judiciaires (demande de Protection Order auprès d’un magistrat de district).

L’intervention des ONG est indispensable pour accompagner les victimes et les agresseurs, mais le gouvernement se doit d’aider les abris. Offrir et gérer un abri sans financement est un vrai casse-tête. En raison des nouvelles mesures de la Corporate Social Responsibility, des abris ont des difficultés financières.

Quelles sont les solutions ?
Il faut admettre que la solution miracle n’existe pas. La sévérité de la loi, si elle est bien médiatisée, pourrait bien avoir un effet dissuasif contre les agresseurs potentiels. Les amendes ont augmenté, Rs 25 000 pour le premier délit et, en cas de deuxième, Rs 100 000 et une peine d’emprisonnement n’excédant pas deux ans. Pour la troisième fois, voire pour tout délit qui suit, le coupable sera sous le coup d’une peine d’emprisonnement ne dépassant pas cinq ans.

Cependant, il me semble que les agresseurs ignorent encore ce que la loi prévoit concernant la violence domestique. Des campagnes de sensibilisation agressives et percutantes à travers le pays s’avèrent nécessaires. Il ne faut pas seulement éduquer les gens en ce qui concerne la violence, mais aussi informer sur les sanctions liées à cette offense.

L’accent doit aussi être mis sur la réhabilitation et la rééducation à la fois des victimes et des agresseurs. Un encadrement psychologique/ thérapeutique ne doit pas être écarté.

Témoignages

Reena, 25 ans : «On ne peut traiter un humain comme il l’a fait avec moi»

« Impossible de vivre auprès d’un homme aussi violent », lance Reena. Cette mère de trois enfants a accouché, il y a deux mois. Elle n’a connu aucun moment de joie et de répit, même pas pendant sa grossesse. Résidente d’un abri pour les femmes victimes de violence conjugale, elle relate le récit d’une vie bafouée par des injures et des coups. « Mon mari est infidèle, il l’a toujours été. De plus, il était alcoolique. Il me frappait en me traitant de tous les noms. Il m’interdisait de sortir, mais m’accusait d’avoir un amant. C’est trop facile de mettre tout sur le dos de l’autre. On ne peut traiter un humain comme il l’a fait avec moi ». Reena a mis un terme à leur relation et a quitté le toit conjugal, car elle est convaincue que son époux ne changera pas ses habitudes. « J’aurais dû porter plainte la première fois qu’il m’a frappée, quand j’étais enceinte. Bien qu’il subvenait aux besoins de la famille, il n’avait aucun respect pour moi et pour mon corps. Aujourd’hui, je suis loin de lui et je compte le rester avec mes enfants, mais les démarches administratives pour avoir une aide sociale sont longues. J’espère tenir le coup. »

Marguerite, 43 ans : «J’avais mal quand mon mari me frappait et j’ai peur pour mon fils»

Marguerite est, depuis deux mois, dans un abri. Pour cette mère de deux enfants, la priorité est de garder ses enfants à l’écart de la violence. Son époux, âgé de 36 ans, devenait incontrôlable quand il consommait de l’alcool. « Des fois, la violence verbale peut être très grave. Mon fils, âgé de 4 ans, a tendance à imiter son père et je ne veux pas qu’il lui ressemble. C’est pourquoi j’ai décidé de venir ici. Mon fils pleurait sans cesse, car il était traumatisé. Ma souffrance était minime comparée à celle de mon fils. J’avais mal quand mon mari me frappait, car cela avait un impact sur mon fils. Je ne travaillais pas et je pense qu’il profitait de cette situation pour me contrôler. » Les cas rapportés dans la presse interpellent Marguerite et elle réalise que sa vie est en danger auprès de son mari. Elle affirme que les choses ne se seraient pas améliorées, si elle était restée avec lui. « J’ai essayé en vain de sauver notre mariage et de l’aider à gérer ses émotions. J’ai finalement porté plainte contre lui. Maintenant, je veux juste avoir un emploi pour assurer l’avenir de mon enfant », explique-t-elle.

En chiffres

Ci-dessous, le nombre de cas enregistrés de 1999 à 2015 par le Family Support Bureau du ministère de l’Égalité des genres.

Année Hommes Femmes
1999 66 1 510
2000 37 1 235
2001 41 1 369
2002 47 1 230
2003 106 1 541
2004 143 1 579
2005 54 982
2006 65 976
2007 227 1 721
2008 287 1 959
2009 325 2 027
2010 263 1 952
2011 195 1 622
2012 214 1 760
2013 176 1 610
2014 174 1 506
2015 174 1 452
2016 123 (à juin) 1 852

 

 

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