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Cherté de la vie : le caddie s’allège, les consommateurs s’appauvrissent

Avec un endettement estimé à plus de Rs 128 milliards à fin février 2022, les ménages, notamment ceux au bas de l’échelle et la classe moyenne, voient leur capacité d’achat chuter drastiquement. Les choses ne devraient pas s’améliorer de sitôt.

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Le début du Ramadan et la hausse anticipée des prix du riz et des produits surgelés ont, semble-t-il, occasionné un pic dans la fréquentation des grandes surfaces le week-end dernier. Reste que devant la cherté de la vie, engendrée par la dépendance de Maurice à l’importation et la dépréciation de la roupie face aux principales devises, la baisse du pouvoir d’achat reste un sujet de préoccupation.

Les conséquences n’ont d’ailleurs pas tardé à se faire sentir. Le mode d’achat a changé, observe Yusuf Sambon, directeur de Lolo Hypermarket. Ce phénomène concerne notamment ceux au bas de l’échelle et la classe moyenne, qui subissent de plein fouet l’effet de la dépréciation de la roupie. « Le dollar s’est apprécié et est aujourd’hui à Rs 44 environ. Tous les prix des denrées de base ont grimpé. Il faudrait s’attendre à ce que le coût du riz augmente de 10 % à 15 % également. »
 Résultat : « Ceux au bas de l’échelle ont réduit leurs courses alors que le consommateur moyen cherche des alternatives moins coûteuses en termes de produits », fait comprendre Yusuf Sambon. 

La cherté de la vie est notamment engendrée par notre dépendance à l’importation et la dépréciation de la roupie.

Le changement dans le mode de consommation ne concerne pas uniquement les produits alimentaires. Chez Priceguru, l’on constate que les gens dépensent selon leurs priorités. Au dire de Yannick Ayacanou, le CEO, « les gens vont vers des types de produits fonctionnels. L’achat impulsif a laissé place à un rééquilibrage des dépenses en ordre prioritaire. Tout cela est en raison de la dépréciation accrue de la roupie», souligne-t-il. 

Perte de valeur

Force est de constater que la dévaluation de la roupie a provoqué un appauvrissement de la société mauricienne. L’économiste Kevin Teeroovengadum fait ressortir que l’actuel Produit intérieur brut (PIB) par tête d’habitant en dollar à Maurice est synonyme d’un retour en arrière de plus de 10 ans. « Cela fait deux ans que la classe moyenne et ceux au bas de l’échelle subissent l’impact de la hausse des prix. Ceux qui touchent un revenu moyen supérieur commencent également à en sentir les effets. Nous sommes dans une spirale infernale. » 

Évoquant plus récemment la période pré-Covid où le dollar valait Rs 30, il craint que la situation n’empire. « La tendance ira vers un dollar qui équivaudra facilement à Rs 50. » Les ménages, dit-il, devront faire face à une capacité de remboursement affaiblie alors que les taux d’intérêt vont grimper. Cela, ajouté à la dépréciation de la roupie mauricienne et à l’inflation, est un cocktail inquiétant. « Maurice est mal barré. L’on risque de se retrouver comme la Grèce ou le Sri Lanka qui sont des économies super endettées et qui n’ont pas de devises », prévient Kevin Teeroovengadum. 

Il est toutefois encore possible de changer la donne. Pour espérer sortir de ce marasme, l’économiste suggère de créer de nouveaux secteurs économiques, d’attirer plus d’investisseurs, de hausser nos exportations tout en réduisant nos importations.

 

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