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Chagos : Londres affirme qu’elle gardera le contrôle total sur Diego Garcia

Le Royaume-Uni conservera le contrôle de Diego Garcia, avec « pleine capacité de restreindre l’accès aux adversaires ».

Le gouvernement britannique a réaffirmé son engagement à préserver la base militaire stratégique de Diego Garcia dans le cadre des négociations menées avec Maurice sur la souveraineté de l’archipel des Chagos. Dans une réponse officielle publiée le 13 février par le Foreign, Commonwealth and Development Office (FCDO), Londres a précisé que « nous avons atteint notre objectif principal dans les négociations avec Maurice : protéger l’avenir de la base militaire américano-britannique sur Diego Garcia ».

Cet accord, qui doit encore être soumis au Parlement britannique pour examen, prévoit que la base militaire pourra continuer à fonctionner pendant 99 ans, avec une option de prolongation. Le Royaume-Uni conservera le contrôle de Diego Garcia, avec « pleine capacité de restreindre l’accès aux adversaires », précise le FCDO.

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Et d’ajouter que « le gouvernement est convaincu que l’accord conclu protégera la sécurité du Royaume-Uni, garantira l’avenir de la base américaine sur Diego Garcia et renforcera la présence à long terme du Royaume-Uni et des États-Unis dans l’Indo-Pacifique pour les générations à venir. Une fois les détails de l’accord finalisés, le traité sera présenté au Parlement pour examen et débat »

L’annonce intervient alors qu’une pétition, logée au Parlement britannique, demandant au gouvernement de « revoir la décision de céder la souveraineté des îles Chagos à Maurice » a récolté 12 095 signatures au 14 février. Si elle atteint 100 000 signatures d’ici au 30 juin, elle pourra être examinée pour un débat parlementaire.

Entre-temps, le Secrétaire d’État américain, Marco Rubio, et le Foreign Secretary du Royaume-Uni, David Lammy sont supposés aborder le devenir du deal sur les Chagos à Munich durant ce weekend. À Maurice, l’on se montre de plus en plus confiant qu’un accord pourra être obtenu d’ici quelques semaines. D’ailleurs, la demande faite par les États-Unis pour s’asseoir à la table des négociations avec le Royaume-Uni et Maurice est perçu comme un signe positif dans la mesure où les États-Unis avaient jusqu’ici toujours brillés par leur absence lorsqu’il s’agissait de pourparlers directs. Pour les États-Unis, l’affaire Chagos était avant tout une affaire britannique. L’accord suscite également des inquiétudes quant à une éventuelle présence d’autres puissances sur l’archipel. Stephen Doughty, ministre des Affaires étrangères, a averti dans The Times que, sans transfert de souveraineté encadré, « Maurice pourrait louer des îles proches de Diego Garcia à la Chine ou à la Russie ». Il estime que l’accord sécurise les intérêts britanniques et américains en empêchant toute implantation étrangère sur les îles périphériques de l’archipel.

D’autres voix s’élèvent contre cet accord, à l’image de l’ancien conseiller juridique du gouvernement, sir Michael Ellis, qui, dans une déclaration au Telegraph, estime que le processus pourrait être contesté en justice. Il évoque des failles juridiques et le coût du transfert de souveraineté, ainsi que les conséquences pour les droits des Chagossiens. Face aux critiques, le gouvernement britannique défend la solidité de l’accord. Devant la Chambre des Lords le 6 février, la secrétaire d’État au FCDO, Baroness Chapman of Darlington, a rappelé que le processus avait débuté sous le précédent gouvernement en 2022 et qu’« après 11 cycles de négociations, nous avons obtenu un accord qui protège la base pour au moins 99 ans, une période qui peut être étendue ». Elle a insisté sur le fait que le traité comportera « des engagements clairs pour des arrangements sécuritaires robustes, incluant la prévention de la présence de forces de sécurité étrangères sur les îles extérieures et garantissant que la base puisse continuer à fonctionner de manière sûre et efficace. Nous n’accepterions qu’un accord dont nous sommes convaincus qu’il protège notre sécurité nationale et celle de nos alliés ».

Les Chagossiens divisés sur le destin de l’archipel

Iona Cleave, Heathcliff O’Malley, deux journalistes du journal anglais The Telegraph, ont rencontré récemment des Chagossiens à Maurice, où ils ont recueilli leurs témoignages sur leur opposition à un accord visant à transférer la souveraineté des îles Chagos à Maurice. Cet accord est rejeté, selon The Telegraph, par un certain nombre de descendants des exilés, qui insistent sur l’identité britannique des Chagos et leur désir de rester sous la souveraineté du Royaume-Uni.

Lors d’une réunion à Port-Louis, des centaines de Chagossiens ont, selon les deux envoyés spéciaux du Telegraph, exprimé leur mécontentement. Suzette, une femme de 70 ans née à Diego Garcia, a notamment déclaré : « Je suis Britannique et les îles Chagos doivent rester britanniques. » Elle se souvient avec nostalgie de son enfance sur l’île avant d’être expulsée en 1971 pour laisser place à une base militaire anglo-américaine.

Malgré des promesses de fonds pour améliorer leur situation, de nombreux Chagossiens doutent de l’efficacité de cet argent, suspectant que les autorités mauriciennes l’utiliseraient à des fins autres que le soutien direct aux communautés concernées. La majorité des 400 Chagossiens présents à cette réunion prévoient de demander la citoyenneté britannique avant 2027, cherchant ainsi un avenir meilleur au Royaume-Uni.


 

 

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