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Cédric Béguier : «L’abus des contrats à terme sur les devises pose un risque au système financier»

Selon l’ancien ministre des Finances, Rama Sithanen, la roupie a perdu rapidement de sa valeur juste après le Budget. Il blâme les banques d’utiliser l’instrument du forward rate sur un très court terme (jusqu’à 24 heures) pour les achats et ventes de devises étrangères. Qu’en est-il ?
Cette pratique n’est pas nouvelle. Elle fait partie des outils à disposition des banques afin de préserver ou accroître leurs marges, mais également afin de couvrir leurs risques et besoins en liquidité. Toutefois, l’abus des contrats à terme sur les devises peut entraîner un risque systémique au sein du système financier, des défauts ou des problèmes de liquidité.

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Pouvez-vous nous expliquer le mécanisme de forward rate et de spot rate et leurs impacts sur l’approvisionnement en devises, mais également sur le taux de change de la roupie face aux autres devises ?
Le taux forward est le taux de change fixé aujourd’hui pour une transaction qui aura lieu à une date future spécifiée. Il s’agit d’un contrat financier qui verrouille le taux de change pour une transaction future. À l’inverse, le taux spot correspond au taux de change actuel auquel une devise peut être échangée contre une autre pour une transaction immédiate. Cela permet de gérer les risques liés aux fluctuations des taux de change, assurant ainsi une meilleure stabilité économique et financière. L’abus de hedging par des pourvoyeurs de devises tels que les management companies, le BPO ou le secteur hôtelier, consiste à se protéger contre la volatilité des taux de change, leur permettant une certaine planification budgétaire pour payer les dépenses courantes exprimées en roupies et ainsi conserver une marge sur leurs devises. Cependant, l’abus ou la spéculation sur les mouvements futurs des taux de change peut avoir un impact sur l’offre et la demande.

Quel a été le mouvement de la roupie face aux principales devises ?
En 10 ans, le glissement de la roupie est respectivement de 37 % face au dollar, 21 % face à l’euro et 16 % vis-à-vis de la livre sterling.

La Banque de Maurice viendrait avec des « guidelines » pour y mettre bon ordre. Est-ce la voie à suivre ?
Il va de soi que l’institution régulatrice encadre l’utilisation des produits financiers et dans notre cas celui du « forex forward » afin de limiter les abus et d’en contenir l’impact.

Que recommandez-vous pour inverser la tendance ?
Il faut une plus grande diversité économique. Il faut réduire la dépendance du pays aux importations et promouvoir les exportations de haute valeur ajoutée. Cela passe par une politique budgétaire favorisant la promotion de nouveaux secteurs d’activités durables, créateurs de valeurs et favorisant l’emploi et la conservation, voire le rapatriement de la diaspora mauricienne. Parallèlement, il faut une plus grande ouverture économique via plus de partenariat public-privé favorisant l’innovation, l’efficacité et le maintien des projets dans le temps. De même, il faut un meilleur encadrement et une plus grande transparence dans l’utilisation des outils de change par les banques ou agents de change. 

 

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