20 ans après les émeutes de 1999, consécutives à la disparition tragique du chanteur Joseph Reginald Topize, dit Kaya, quelles leçons ont été tirées ? Tel était le thème de l’émission ‘Au cœur de l’info’ animée par Terence O’Neill et Florence Alexandre le jeudi 21 février. Les quatre intervenants de l’émission ont été unanimes à dire que le problème demeure entier…
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Paula Lew Fai, psychosociologue, concède que le pays a connu « une avancée de fond » depuis les émeutes de février 1999. Cela, malgré le fait qu’il n’y ait pas eu de remise en question des structures existantes. « Même s’il y a eu une prise de conscience, les actions n’ont pas suivi », précise-t-elle. Elle ajoute qu’il y a toujours une « stigmatisation des personnes et de leurs localités » et que « les stéréotypes sont toujours présents » dans la société. « La population créole doit réaliser qu’il y a des dynamiques. Les non-créoles doivent changer de regard et appréhender les obstacles en place depuis des siècles. Chaque communauté doit prendre conscience de ses limites. Chaque culture doit avoir ses freins », dit-elle.
Le CEO de Business Mauritius, Kevin Ramkhelawon, fait, quant à lui, ressortir qu’il y a un long chemin à faire avant de rendre notre économie plus inclusive. Il ajoute que l’inégalité salariale se creuse entre ceux qui sont au bas de l’échelle et les hauts cadres, puis souligne que « le pays fait face à un manque de ressources techniques ». Business Mauritius, dit-il, a mis sur pied deux programmes : la dual apprenticeship program et la national skills program afin d’aider ceux qui n’ont pu réussir dans la filière académique.
« L’épisode de février 1999 a choqué plus d’un », avance de son côté la sociologue Vidula Nababsing. Elle ajoute que « dans la société, il y a des personnes qui se sentent exclues. Maurice se développe, mais beaucoup de gens ne se retrouvent pas dans le train du progrès. Beaucoup restent en dehors de l’intégration et du développement. Le pays doit suivre une voie où tout le monde pourra sortir gagnant. Bizin pran compte. Bizin ena ene rezon. Mem si rezon la pas tout a fait valable dans tou lé cas », dit-elle.
Pour Alain Ahvee, du parti de gauche Lalit, « nous n’avons pas vraiment tiré des leçons des événements de février 1999 ». D’ailleurs, poursuit-il, la vérité sur la mort de Kaya n’a toujours pas été établie et « il n’y a pas eu de vraies commissions d’enquête afin d’établir la vérité sur la disparition du chanteur. » Et d’ajouter : « Il y a une frustration sociale. La raison profonde de ce malaise est politico-économique. Il faut définitivement revoir notre stratégie de développement et donner une alternative à l’économie dépendante de la canne et du textile », conclut-il.
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