Après un accident - Surmonter son handicap : une épreuve souvent difficile

Xplik ou K Santé Les invités sur le plateau de l'émission Xplik ou K Santé.

Un accident peut condamner une personne à devenir handicapée à vie. Surmonter une telle épreuve peut s'avérer pénible et nécessite le soutien et l'accompagnement de différents professionnels de santé : psychologue, ergothérapeute et kinésithérapeute.

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Un accident de la route ou de travail peut provoquer l'amputation d'un membre de la victime ou la rendre paraplégique. Se retrouver ainsi du jour au lendemain, en situation de handicap, est souvent pénible et constitue une épreuve difficile à surmonter. C'est ce qu'ont soutenu les invités de l'émission Xplik Ou K Santé de Radio Plus.

Selon la psychologue Véronique Wan, pour vivre et surmonter son handicap, il faut avant tout commencer par l'acceptation de sa nouvelle condition physique. « Quand le diagnostic est connu après un accident et que la personne réalise qu'elle a perdu l'usage de ses membres, elle passe par un choc émotionnel », a-t-elle expliqué.

Surmonter cette situation prend du temps. « Il est souvent difficile pour la victime d'accepter sa nouvelle situation d'autant que c'est toute sa vie qui bascule et que plus rien ne sera plus comme avant », a soutenu la psychologue.

Elle a aussi souligné que le temps d'acceptation de sa nouvelle condition physique varie d'une personne à l'autre. La victime doit à la fois renoncer à son passé et faire le deuil de sa vie antérieuer pour vivre avec son « nouveau corps » et sa nouvelle condition physique. Ce qui va lui permettre d'accepter sa nouvelle image et de retrouver son estime personnelle.

Outre l'encadrement des professionnels de santé, elle doit également bénéficier du soutien de son entourage aussi bien que des associations qui regroupent les personnes en situation de handicap pour avoir cette volonté de continuer à vivre.

Pas une fatalité

Selon Véronique Wan, le handicap n'est pas une fatalité ni la fin du monde. « Il est possible de vivre avec son handicap », a-t-elle affirmé. Mais elle a noté que souvent les personnes, qui se trouvent du jour au lendemain en situation de mobilité réduite, passent par une phase de dépression. Elles n'arrivent pas à accepter leur état ou réalisent qu'elle seront un poids pour elles-mêmes ou pour leur entourage. Cela engendre des idées suicidaires également. « L'accompagnement d'un psychologue est important pour aider la personne à se reconstruire. Elle doit être respectée et reconnue dans sa souffrance. C'est là où elle pourrait mieux appréhender son avenir et sa vie », a fait comprendre la psychologue.

La psychologue Véronique Wan.

Elle a aussi souligné que chaque cas est différent et chacun prend le temps qu'il lui faut pour s'en remettre. « Cela varie de quelques mois à quelques années », selon Véronique Wan. Et d'ajouter que son entourage doit comprendre les changements de comportement et d'attitude de la personne qui se retrouve en situation de handicap à la suite d'un accident. « C'est normal de passer par cette phase tout comme la phase de déni, de révolte et de colère ».

Se retrouver handicapé du jour au lendemain suscite également un sentiment d'injustice, a-t-elle aussi affirmé. Il en est de même sur le plan des interrogations: pourquoi moi ?

« Il faut beaucoup de patience à ce moment-là pour les comprendre et les soutenir » a-t-elle expliqué.

Évaluation des capacités

Surmonter son handicap à la suite d'un accident passe aussi par des sessions de réhabilitation et de réinsertion par des ergothérapeutes et kinésithérapeutes.

« Après un accident, une évaluation des capacités et potentiels de la personne est effectuée. Ses points forts et faiblesses sont analysés afin de savoir quelle direction prendre », a expliqué Mithesh Soobarah, vice-président de l'Association des ergothérapeutes.

Cela nécessite différentes sessions de travail qui sont effectuées pour faire fonctionner les muscles à travers des activités thérapeutiques. Cela peut être des simples jeux en lançant balles qui incitent la personne à travailler ses muscles. L'ergothérapeute travaille aussi avec la famille qui doit continuer la tâche à la maison. « Nous faisons également un travail vocationnel pour connaître les activités que la personne peut faire et aime faire afin de l'encourager à aller vers elles », a-t-il aussi expliqué.

Le kinésithérapeute, pour sa part, a pour rôle d'augmenter les mouvements et la force des muscles de la personne tout en diminuant ses douleurs et améliorer ses postures. Selon Sarvesh Patpur, le kinésithérapeute traite les problèmes purement physiques pour aider la personne à être autonome : s'habiller, se déplacer d'un point à l'autre et manger, entre autres. Il travaille aussi avec la famille pour lui expliquer les choses qui peuvent être faites et celles qu'il faut éviter.

Le travail d'accompagnement d'un patient se fait en collaboration avec celui de l'ergothérapeute, du kinésithérapeute et du psychologue. « Chacun à un rôle spécifique », a souligné Mithesh Soobarah.


Être reconnu et accepté

Il est important pour les handicapés de sortir, d'aller à la rencontre des autres et de se socialiser, a souligné Véronique Wan. « C'est important de ne pas rester dans son coin. » Elle a aussi fait comprendre que les handicapés ont une vie sociale, affective et sexuelle qu'il ne faut pas nier. « Ils ont beaucoup d'amour à donner et à recevoir et demandent à être reconnus et respectés », selon elle.

La psychologue a affirmé qu'il y a beaucoup de manquements à Maurice envers les personnes en situation de handicap. Leurs droits ne sont pas assez pris en considération. « Il y a un manque de connaissances et d'informations qui fait que la société n'arrive pas à comprendre et accepter la personne en situation de handicap », a-t-elle dit.


Centre de réhabilitation

Jean-François Favory, président de la Commission des personnes en situation de handicap à l'ONG Dis-Moi, a un ambitieux projet: créer un centre de réhabilitation à l'intention des personnes en situation de handicap. Paraplégique depuis l'âge de 8 ans à la suite d'une erreur médicale, il milite pour la réhabilitation et la réinsertion des handicapés.

« Ce centre ne fera pas uniquement des sessions de physiothérapie mais aussi de réinsertion dans la vie familiale et dans la société afin que la personne en situation de handicap puisse vivre une vie 'normale' et être indépendante », a-t-il expliqué. Ce sera un Independant Living Centre, calqué sur le modèle des pays européens et des États-Unis selon lui. Pour Jean-François Favory, c'est en rencontrant d'autres personnes en situation de handicap que le processus de réhabilitation commence pour une personne handicapée à la suite d'un accident. « La personne découvre de ce qu'elle peut faire malgré son handicap en s'inspirant des autres dans la même situation qu'elle », a expliqué le président de la Commission des personnes en situation de handicap. Pour lui, il est impératif que ces personnes ne restent pas cloîtrées chez elles afin de mieux découvrir les possibilités qui s'offrent à elles. « En rencontrant les autres, elles deviennent conscientes des efforts personnels de chacun pour s'en sortir en les prenant pour modèle », a-t-il dit.

Chaque personne en situation de handicap a besoin de développer son corps physiquement et savoir comment utiliser un fauteuil roulant pour aller au lit, et se déplacer. Le centre de réhabilitation envisage de constituer des groupes de discussions pour aider tout un chacun à devenir indépendant. Il a aussi souligné que l'ONG Fraternité mauricienne des malades et des handicapés (FMMH) de GRNO peut aussi accompagner et soutenir les personnes en situation de handicap.

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