Le renversement d’Ali Bongo au Gabon après sa réélection le 26 août dernier est un coup de théâtre. Celui qui était à la tête du pays depuis 14 ans avait signé quelques accords avec Maurice sous le gouvernement travailliste.
Le déplacement du président gabonais Ali Bongo Ondimba à Maurice en 2013 n’était pas anodin, ayant débouché sur la signature de quelques accords entre les deux pays. Certains étaient relatifs à la diplomatie, au tourisme ou encore à l’agro-industrie. Arvin Boolell, alors ministre des Affaires étrangères, explique qu’il y avait une relation amicale et diplomatique entre les deux pays. « C’est par élégance que Maurice a signé ces accords. Omar Bongo était un ami privilégié de Maurice. L’une de ses femmes est d’ailleurs une Mauricienne », fait-il comprendre.
Arvin Boolell affirme que les accords entre Maurice et le Gabon n’ont pas eu l’effet escompté. Le difficile système gabonais est mis en cause. Les chiffres du tourisme le démontrent. En effet, ils étaient seulement 89 touristes gabonais à fouler le sol mauricien en 2022 (voir plus loin). Cependant, Kevin Teeroovengadum, économiste, déplore les initiatives à la plus haute sphère de l’État mauricien pour la signature de divers Memorandum of Understanding (MOU) qui ne produisent pas de résultats. « Maurice excelle dans la signature d’accords. Hormis le pétrole, le Gabon n’a pas vraiment de ressources. Les sociétés mauriciennes qui investissent en Afrique optent pour d’autres pays. D’ailleurs, l’accord entre le Fonds Gabonais d’Investissement et IBL n’a pas marché », fait-il observer.
Fin du règne Bongo
Le coup d’État du 30 août dernier pour mettre un terme à la dynastie Bongo au Congo a vu l’entrée en scène d’un président de transition, en l’occurrence, le général Oligui Nguema. Kevin Teeroovengadum souligne toutefois que ce dernier fait partie de la famille Bongo. Ce qui lui fait dire qu’il faudra patienter avant de parler de la gestion du pays. Interrogé sur l’impact que pourrait entraîner cette situation au Gabon sur Maurice, Amédée Darga, insiste que cela n’aura pas de répercussions.
Le Managing Director de Straconsult ABDS argumente qu’il y a très peu de relations commerciales entre les deux pays. « Les activités sont retournées à la normale au Gabon après le coup d’État. Les Mauriciens qui sont au Gabon ne sont pas en danger. Il existe une relation entre nos deux pays, mais il n’y a pas d’intensité d’affaires entre Maurice et le Gabon », poursuit Amédée Darga.
Toujours est-il qu’Arvin Boolell souligne que les autorités mauriciennes doivent condamner ce coup d’État. Cela, alors que Maurice est membre de l’Union africaine. « Notre déclaration se doit d’être fidèle avec la décision prise collectivement par l’Union africaine », avance l’ancien ministre des Affaires étrangères.
Pour rappel, le passage d’Ali Bongo à Maurice en 2013 devait déboucher sur la mise en place d’une ambassade du Gabon dans le pays. Or, cela n’a pas abouti. Et de l’avis d’Amédée Darga, le mieux serait de se focaliser sur des pays qui sont proches de Maurice d’un point de vue géographique et de ceux avec qui « nous pourrons avoir une intensité commerciale ».
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