Les zones habitées, les parcs ou encore les abords des routes de campagne sont envahis par les singes. Les agences gouvernementales veulent éloigner les singes des zones résidentielles. Cependant, le moyen le plus efficace et le moins cruel de contrôler la population de singes à Maurice est encore de les capturer et de les envoyer dans les élevages destinés à l’exportation, estiment les éleveurs.
Cette résurgence de primates ne date pas d’hier. C’est un processus de presque dix ans qui a abouti à une augmentation considérable de singes dans la nature. Le mieux placé pour en parler, c’est Nada Padayatchy, vice-président de la Cyno Breeders Association (CBA), instance regroupant les éleveurs de singes pour l’exportation.
Cette augmentation de la population des primates découle de la cessation de la capture par les entreprises d’élevage de singes du pays. C’est en 2009 qu’elles ont cessé cette opération, car elles n’en avaient plus besoin. Les éleveurs ont alors dû composer avec les individus à leur disposition.
La raison de cette cessation de la capture : la crise économique de 2008 qui a ralenti l’industrie de la recherche. En sus, plusieurs grands laboratoires ont fusionné. La demande a donc chuté. De 1985 à 2009, ces sont les entreprises de capture et d’élevage qui ont aidé le pays à contrôler la population de singes dans la nature.
D’ailleurs, le calcul est vite fait. Selon les estimations de la CBA, le pays compte environ 70 000 singes dans la nature. Environ la moitié de la population est apte à se reproduire. De ce nombre, il faut compter entre 15 000 et 17 000 femelles. Si chaque femelle donne naissance à un petit chaque année, cela fera une moyenne de 12 000 à 17 000 petits par année. Toutefois, les quatre entreprises, membres de la CBA, ne peuvent que capturer un maximum de 4 000 singes par année. Ce qui fait qu’il y a, en moyenne, 10 000 singes en plus dans la nature tous les ans. Cette estimation donne un aperçu de l’augmentation de la population des primates au fil des années.
En 2018, le ministère de l’Agro-industrie a noté qu’il n’y a pas eu de reproduction du Pigeon Rose dans la nature. La raison, c’est que les singes détruisent l’habitat de ces oiseaux endémiques et mangent leurs œufs. Aussi, les planteurs des régions de Plaine-Sophie et de La Marie se plaignent des singes qui ravagent leurs cultures. Cela a donné des arguments pour recommencer la capture. Des cages sont placées régulièrement dans ces zones.
Cependant, la capture s’est accélérée en 2020 surtout après le confinement. La recherche a été relancée grâce à la course au vaccin contre la Covid-19. Les éleveurs envoient des primates vers les États-Unis, l’Europe, la Grande-Bretagne et le Canada. « La population est contrôlée grâce à la capture, mais pour arriver à un nombre moins nuisible, il faudra attendre deux à trois ans…La population, les planteurs et les conservateurs devront patienter », estime Nada Padayatchy.
Population en hausse
Le Dr Vikash Tatayah, directeur de la conservation à la Mauritian Wildlife Foundation (MWF), explique que les singes n’ont aucun prédateur dans la nature. Ce qui fait que la population augmente considérablement d’année en année. En sus, le pays n’a pas connu de grands cyclones qui aident à contrôler la population des primates. Aussi, les développements se rapprochent de plus en plus de l’habitat des singes, explique le scientifique.
Outre le danger qu’ils représentent pour la faune endémique, les singes sont en compétition directe avec les chauve-souris. C’est ce qui pousse les mammifères volants à quitter les bois pour chercher de la nourriture dans les vergers. Les singes s’aventurent aussi loin des forêts et cherchent de la nourriture dans les poubelles, dans les plantations de légumes et de fruits. Ils sont souvent nourris par des visiteurs. « Ces derniers temps, il y a eu des plaintes venant des écoles, de habitants, des planteurs et des visiteurs des lieux touristiques », affirme le Dr Vikash Tatayah. D’ajouter qu’il faudra un cadre pour contrôler la population de singes « tout en respectant les sensibilités et les normes ». « Il faut éduquer la population sur la pression qu’exercent les singes sur la biodiversité, la surpopulation de cet animal est néfaste pour la faune et la flore locales », souligne le scientifique.
Le gouvernement a trouvé, une solution pour le moment. Il s’agit de la capture et de la libération loin des maisons. C’est le cas à Balfour. Le service vétérinaire du ministère de l’Agro-industrie et le National Parks and Conservation Service travaillent ensemble pour capturer les singes. Des cages ont été installées dans la région de Balfour. Une technique appelée « la capture passive ». Il n’y a pas de capture active, méthode utilisant des filets ou des armes. La technique passive est aussi utilisée par les entreprises.
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