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Variant Delta : le pic attendu en novembre

Dr Ziyad Gunga, Dr Irfaan Daureeawoo et Dr Shameem Jaumdally.

L’exercice de séquençage se poursuit pour détecter la prévalence du variant Delta à Maurice. Ce variant, qui fait des ravages ailleurs, gagne du terrain chez nous. Sur 23 échantillons, 16 cas ont été détectés. Des professionnels de la santé n’écartent pas la possibilité d’atteindre le pic en novembre.

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Selon le Dr Ziyad Gunga, la réouverture des frontières était synonyme d’espoir et d’un semblant de retour à une vie normale. Cependant, le pays est frappé par un rebond épidémique causé par une diffusion croissante du variant Delta. Pour rappel, le Delta, de par ses capacités de contamination et de transmission plus accrues, a supplanté rapidement les autres variants pour devenir la souche dominante de la Covid-19 dans la plupart des pays. « L’émergence de ce variant sur notre île est tout sauf surprenante. La recrudescence des cas peut être attribuée à deux facteurs :  l’inefficacité optimale de la vaccination et un relâchement au niveau des mesures de protection et des gestes barrières », lance le médecin. 

Selon le Dr Gunga, concernant la vaccination, les études ont démontré non seulement une efficacité réduite des vaccins, avec un avantage pour les vaccins à ARN messager type Pfizer et Moderna, mais aussi une baisse de l’immunité au fil du temps. « La communauté scientifique reste, à ce jour, sceptique devant l’efficacité du vaccin Sinopharm et Sinovac face au virus Delta », affirme le médecin. Il ajoute cependant que les scientifiques sont d’accord sur le fait que cela doit viser prioritairement une population dite à risque : notamment les personnes âgées et celles dont le système immunitaire est affaibli. 

Il poursuit que certes, la vaccination efficace réduit le risque de développer une forme grave de la pathologie ainsi que la mortalité. Le Dr Ziyad Gunga estime qu’il faut rappeler à la population que même les personnes parfaitement vaccinées peuvent s’infecter et transmettre le virus à d’autres. « Selon une étude récente dans Nature, le fait d’être contagieux sur une plus longue durée en étant asymptomatique expliquerait en partie la raison pour laquelle le Delta se propage exponentiellement. Autre phénomène constaté, les personnes infectées par le Delta ont des charges virales plus fortes que la version originale du virus », précise-t-il.

Le Dr Ziyad Gunga concède que certainement, la dissémination du variant Delta peut avoir des conséquences catastrophiques à Maurice. Afin de limiter les risques d’une crise sanitaire nouvelle, il préconise le maintien des gestes barrières en parallèle à une campagne de vaccination ciblant les personnes à risque.

De 9 % à 70 % en deux semaines 

Le Delta est si fort qu’il surpasse les autres variants, les empêchant d’émerger. Tous doivent se sentir concernés, car nul n’est à l’abri. C’est ce que déclare le virologue, le Dr Shameem Jaumdally. Il se dit d’ailleurs « inquiet » du pourcentage grandissant du Delta. « En deux semaines, le taux est passé de 9 % à 70 %. Ce chiffre ne fera qu’accroître et peut même atteindre les 90-95 % lors des prochains séquençages. Le Delta gagne du terrain et arrivera à son pic en novembre. Ce variant prend une semaine et demie pour s’établir comme variant prédominant. Avec la reprise des activités et avec les petits foyers qu’on voit un peu partout, surtout avec des gens qui se rencontrent dans des mariages, dans des fêtes d’anniversaire ou des prières,  le risque est plus élevé », souligne-t-il. 

Le Dr Shameem Jaumdally explique aussi qu’on voit déjà les effets du Delta. « On doit réaliser que ce n’est pas la vaccination qui empêchera la transmission et l’infection », lance-t-il. 

Au niveau des autorités, on souligne que le Delta est comme « n’importe quel variant » bien qu’il surclasse tous les autres, étant  50 % plus contagieux. « C’est un fait que le Delta sera prédominant sur le variant local, soit le B.1.1318 », affirme une source au niveau du ministère de la Santé. 

On estime néanmoins que notre atout majeur contre le Delta reste le fait que 80 % de la population a déjà été immunisée. « On pense aussi que la saison estivale qui arrive jouera aussi en notre faveur et la propagation connaîtra une baisse, car le virus se propage plus en hiver », déclare notre source. 

Un appel est lancé aux personnes non vaccinées de se faire inoculer, car nul n’est à l’abri du Delta. 

Hausse inévitable 

Le Dr Irfaan Daureeawoo avance, lui, que les non-vaccinés sont beaucoup plus susceptibles d’être infectés et donc de transmettre le virus. La variante Delta, selon le CDC est le variant le plus dominant aux États-Unis. Le variant B.1.617.2 (Delta), découvert en Inde pour la première fois en décembre 2020, est devenu le variant dominant en Inde durant la période mi-avril 2021. Depuis mai 2021, ce variant a été détecté dans environ 43 pays, selon le GISAID. « Le variant Delta est caractérisé par les mutations de la protéine de pointe et plusieurs de ces mutations peuvent affecter les réponses immunitaires. En vue de sa progression, avec la réouverture des frontières, une hausse du variant Delta est inévitable.  Plus le virus circule, plus le risque d’une mutation est grand », dit le médecin. Le Dr Daureeawoo déclare que la prise en charge d’un patient infecté au variant Delta reste la même. Le corticostéroïde, le remdesivir ainsi que le tocilizumab sont utilisé pour le variant Delta ou les autres.  

93 nouveaux cas lundi

Dans un communiqué émis lundi, le ministère de la Santé a indiqué avoir répertorié 93 nouveaux cas positifs de Covid-19. Parmi quatre personnes ont dû être envoyées à l’hôpital ENT pour être traitées en raison de la gravité de leur état.Le ministère de la Santé indique que 900 462 personnes ont eu leur première dose de vaccin contre la Covid-19 à Maurice. 844 041 personnes ont aussi eu leur deuxième dose. 

Hôpital ENT

Rajeunissement des patients admis

Selon les données du mois d’octobre, parmi les personnes admises à l’hôpital ENT, qui traite les cas les plus graves de Covid-19, une majorité n’est pas vaccinée contre le coronavirus.

Les autorités constatent également un rajeunissement des patients. Selon les informations disponibles, parmi la trentaine d’admissions, une dizaine de personnes sont âgées entre 40 et 60 ans. 

Non seulement la majorité n’est pas vaccinée, mais en plus, bon nombre des patients souffrent de plusieurs comorbidités telles que le diabète, le cholestérol ou encore l’hypertension. Ce qui n’est pas pour arranger leur situation.

Pour l’instant, l’état de santé des malades soignés en ce moment à l’hôpital ENT est jugé stable. Mais, les autorités restent sur leur garde car la semaine dernière, six patients âgés d’une trentaine d’années y sont décédés de la Covid-19. 

Selon nos informations, la contamination des 40 à 60 ans serait due à un relâchement des gestes barrières dans la communauté, mais aussi à la reprise de plusieurs activités économiques. 

Sur un autre registre, la vaccination de ceux âgés de 11 à 15 ans est une autre option sur laquelle les autorités réfléchissent activement. Cela, notamment à cause de la prolifération du variant Delta dans la communauté.

Pour l’heure, un peu plus de 28 000 adolescents âgés de 15 à 17 ans ont déjà reçu une première dose du vaccin américain.

 

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