La rapidité avec laquelle les différents vaccins contre le Covid-19 ont été développés suscite certaines questions, notamment du point de vue de leur fiabilité. Normalement, cela prend une dizaine d’années pour qu’un vaccin soit approuvé.
Diverses raisons peuvent expliquer comment certains vaccins ont pu se trouver rapidement sur le marché. C’est ce que nous explique la doctoresse Catherine Gaud. Il y a eu d’énormes progrès dans le domaine de la biologie moléculaire, nous dit l’immunologiste. Et le processus adopté pour les vaccins de Pfizer/BioNTech et Moderna s’appuie sur les séquences génétiques : l’acide ribonucléique messager (ARNm). Ce procédé était à l’étude déjà pour d’autres maladies.
Pas de culture de virus
Dès l’identification du nouveau virus, au cours du premier mois, le génome viral (tous les gènes) a pu être connu en totalité. Le vaccin à l’ARNm se sert d’une petite partie de ce matériel génétique, celui qui est codé pour la protéine Spike, qui permet l’attache du virus sur la cellule ciblée qu’il doit infecter pour survivre. Il se trouve que c’est précisément cette protéine qui est immunogène. En d’autres mots, elle sert à fabriquer les anticorps (contre elle). « Alors que les vaccins sont habituellement cultivés afin qu’un virus atténué puisse être administré », il n’y a donc pas eu besoin de culture de virus pour fabriquer les vaccins à ARNm. Ce qui a fait gagner beaucoup de temps. Car « sous la méthode de l’ARNm, il faut juste copier le message de la séquence génétique ». Ce nouveau procédé a donc permis de gagner du temps, ce qui fait que deux laboratoires, Pfizer/BioNTech et Moderna, ont été les premiers à avoir proposé leurs produits à quelques jours d’intervalle.
Est-ce que ces vaccins sont efficaces ? « Oui », selon le Dr Gaud. Que ce soit celui de Pfizer/BioNTech ou celui de Moderna, ils sont efficaces à plus de 95 %. Toutes les phases concernant les essais cliniques ont été respectées, selon elle, mais ont été compressées. Cela en raison de l’urgence sanitaire, avec une épidémie qui galope aux États-Unis et en Europe, particulièrement en Angleterre. Donc, pour sauver des vies, c’est une course contre la montre dans ces pays. Ce qui n’est pas du tout le cas à Maurice.
Qu’en est-il des effets secondaires ? Comme pour tout vaccin, ils ne sont pas à écarter. Parmi les effets secondaires immédiats : mal au bras, fièvre de 38,5 °C. « Mais cela n’est pas grand-chose et beaucoup de vaccins peuvent entraîner cela. Cependant, le vaccin Pfizer peut, dans certains cas, entraîner des allergies », dit-elle. C’est environ un cas sur 100 000, 10 fois plus que les autres vaccins. « Tous ces effets secondaires peuvent survenir chez n’importe qui, indépendamment de son état de santé », ajoute le Dr Gaud, et même en l’absence d’antécédent d’allergie. Concernant les effets à long terme, on ne sait pas s’il y en a à ce stade », dit-elle.
À ce jour, environ 8 millions de personnes ont été vaccinées dans le monde par des vaccins différents. Ce chiffre comprend également 1,5 millions par le vaccin chinois de Sinopharm, qui est un vaccin très classique, explique notre interlocuteur. Des chiffres significatifs commencent à être enregistrés. Mais ce qui n’est pas encore connu, c’est si le vaccin protège de la transmission à autrui, fait ressortir le Dr Gaud. « Il ne faut pas oublier ceux chez lesquels le vaccin ne marche pas (5 % pour les vaccins ARNm) et qui malgré les injections ne sont pas du tout protégés », dit-elle.
Mais les vaccins sont une fantastique avancée qui permettra d’apercevoir la fin du tunnel dans quelques mois, selon le Dr Gaud. Le vaccin diminue beaucoup la circulation virale et diminue ainsi l’apparition de virus « mutants », plus contagieux ou qui un jour peut-être pourraient devenir résistants aux vaccins.
L’OMS accorde des recommandations provisoires d’utilisation à Pfizer
Le vaccin contre le Covid-19 de Pfizer/BioNTech a obtenu un « Interim recommendations for use » de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sous la liste des utilisations d’urgence. C’est le seul jusqu’ici qui a officiellement été « approuvé » par l’organisation onusienne. Un communiqué en date du 8 janvier 2021 l’a confirmé. À chaque fois qu’un vaccin sera approuvé, l’OMS va lui accorder ce « Interim recommendations for use », explique le Dr Laurent Musango, représentant de l’OMS à Maurice. Mais plusieurs pays n’ont pas attendu l’OMS et ont commencé la vaccination bien avant ce guide provisoire. Ils se sont appuyés sur l’approbation donnée par la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis et la Medecines and Healthcare products Regulatory Agency (MHRA) de Grande-Bretagne.
Selon le Dr Musango, ces recommandations provisoires d’utilisation pour le vaccin de Pfizer/BioNTech contiennent, par exemple, les informations concernant les indications et contre-indications du vaccin. « Ce vaccin ne peut être administré aux moins de 16 ans, aux femmes enceintes et à celles qui allaitent leur bébé », dit-il. Selon lui, le vaccin peut atténuer le risque d’avoir des complications en cas d’infection avec le virus. Si tel est le cas, le risque de pouvoir contaminer les autres est « faible », affirme le Dr Musango. « Le vaccin ne peut être administré à une personne qui est positive au Covid-19. Celui qui a été testé positif doit attendre un délai de six mois avant de pouvoir être vacciné », ajoute-t-il.
Pour le représentant de l’OMS à Maurice, en vaccinant au moins 60 % de la population mauricienne, le pays aura une immunité collective suffisante pour permettre au virus de disparaître de lui-même. Ce qui se fera au fur et à mesure, car il n’y aura plus de transmission.
Détection du nouveau variant de la Covid-19 : un appareil de séquençage bientôt disponible à Maurice
Maurice attend son propre appareil de séquençage, qui permettra de détecter le nouveau variant de la Covid-19. C’est ce qu’a déclaré le Dr Laurent Musango. Le représentant de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) à Maurice intervenait sur Radio Plus, ce samedi 16 janvier. Le Dr Laurent Musango explique que « les autorités ont déjà envoyé une vingtaine d’échantillons en Grande-Bretagne ». Et d’ajouter « qu’un laboratoire en Afrique du Sud a accepté de les analyser ».
Particularité des différents vaccins
Pfizer/BioNTech
Ce vaccin requiert des conditions de stockage de -70 °C, ce dont Maurice ne dispose pas. Ce vaccin est efficace à 95 % et doit être pris en deux doses, à un intervalle de 21 jours.
Moderna
Ce vaccin vient d’être accepté par les États-Unis et l’Europe. C’est en double dose également qu’il se doit d’être administré à un mois d’intervalle. Le produit doit être stocké à une température de -4 à -20 °C. Le vaccin est efficace à 94,5 %.
Astra Zeneca
Ce produit est un vaccin à vecteur viral (adénovirus). C’est ce virus bénin pour l’homme qui amène le matériel du coronavirus dans la cellule pour faire fabriquer les anticorps. À prendre en deux doses. Il se conserve au simple réfrigérateur.
Spoutnik
Le vaccin est à vecteur viral également. Il est à administrer en double dose à prendre à un intervalle de 12 jours d’intervalle. Il est efficace à 92 %, d’après les autorités russes, mais en dehors d’une étude très préliminaire internationale, nous ne disposons pas de données scientifiques.
Janssen
Les essais cliniques de ce vaccin sont en phase 3. Ce vaccin est très intéressant, car il serait à prendre en une seule dose. Il serait accessible en mars ou avril.
Dr Irfan Daureeawoo, médecin généraliste : «Les effets secondaires sont similaires à ceux de tout vaccin»
La vaccination contre le Covid-19 a des effets secondaires, comme n’importe quel autre vaccin, affirme le Dr Irfan Daureeawoo. Ce médecin généraliste mauricien, installé en Grande-Bretagne, explique que la campagne de vaccination se passe bien actuellement. Vacciné le mercredi 13 janvier, il soutient que les effets secondaires sont similaires aux autres types de vaccins : maux de tête, allergies, notamment. « Certaines personnes ont eu une légère fièvre », dit-il.
Certaines personnes ont eu une légère fièvre»
D’autres peuvent ressentir des douleurs musculaires. « Je me sens très bien et j’ai déjà repris le travail », affirme-t-il. Il encourage les personnes à se faire vacciner, car la seule façon d’éradiquer le Covid-19, c’est d’avoir une immunité collective. Il espère que Maurice, comme les Seychelles, arrivera à avoir les vaccins pour entamer la campagne de vaccination.
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