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Vaccin contre la fièvre aphteuse : baisse de 40 % de la production laitière

Le vaccin contre la fièvre aphteuse n’est pas sans conséquence. Selon des éleveurs, il diminue par 40 % la production laitière. Enquête.

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«Side effect ! » La vaccination des animaux contre la fièvre aphteuse apporte son lot d’inconvénients. Selon la dizaine d’éleveurs, regroupés au sein de la Cow Breeders Cooperative Society, depuis que leur cheptel a été vacciné le 21 août, la production laitière aurait diminué de plus de 50 %. « Nous disposons d’environ 250 têtes de bétail. Nous sommes la première ferme où les premières doses [du vaccin] ont été administrées et nous en sommes reconnaissants. Cependant, depuis l’exercice de vaccination, notre production de lait, qui tourne autour de 480 litres par jour, est descendue jusqu’à 230 litres par jour. Ainsi, une vache, qui produisait entre 18 et 20 litres, ne produit plus que huit litres de lait environ. À Rs 21 le litre, cela représente un manque à gagner d’environ de Rs 150 000 par mois », affirme Veer Sohawon, secrétaire de cette société coopérative. 

Une baisse que cet habitant de Beau-Bassin, éleveur depuis 17 ans, attribue au « stress » causé par le vaccin. « Nous avons certes informé le service vétérinaire du ministère de l’Agro-industrie, mais jusqu’ici, personne n’est venue s’enquérir de notre situation », déplore Veer Sohawon, plus connu sous le sobriquet d’Adil.

L’inquiétude des éleveurs est grandissante, sachant qu’un deuxième vaccin sera bientôt administré à leurs animaux. « Les vétérinaires nous ont informés qu’ils repasseront dans 21 jours pour un ‘rappel’, un deuxième vaccin. Est-ce que cela va avoir des répercussions sur notre production laitière ? » s’interroge notre interlocuteur.

Suren Surat, directeur de SKC Surat qui possède environ 200 têtes de bétail, affirme, lui aussi, avoir noté une baisse de la production laitière qu’il estime à environ 40 %. Toutefois, il relativise, estimant que c’est mieux d’avoir une baisse de production que de perdre l’animal. « Certains éleveurs m’ont fait part de leurs appréhensions concernant cette baisse de production. Je leur ai fait comprendre que c’est une situation normale, le vaccin ayant des effets secondaires. Mais c’est quelque chose de temporaire et surtout, c’est mieux d’avoir une baisse de production que de mettre tout le cheptel à risque et tout perdre », avance Suren Surat.

Baisse transitoire

Sollicité, le Dr Deodass Meenowa, vétérinaire en chef au ministère de l’Agro-industrie, concède qu’il y a bien une baisse dans la production laitière suivant l’exercice de vaccination. Toutefois, il avance que «cette baisse est en dessous des 40 % » mentionnés par les éleveurs. « Nous assurons un suivi avec des vaches se trouvant à Curepipe. Je peux vous dire que la baisse n’atteint pas les 40 %. D’ailleurs, elle n’est que transitoire. La production retournera à la normale. Mais chaque vaccination engendra une baisse, c’est inévitable», soutient-il.

Outre leur production, les éleveurs affirment que la consommation de lait a, elle aussi, accusé une baisse. « Il y a comme une psychose dans le pays, avec des incertitudes dans la tête de certains consommateurs. Cela les pousse à consommer le lait en poudre plutôt que le lait liquide », ajoute Veer Sohawon.

L’inconvénient du prix fixé

Si les fidèles de la communauté musulmane se réjouissent de la fixation des prix pour le sacrifice d’Abraham, tel n’est pas le cas pour les éleveurs locaux. Cette fixation de prix aurait, selon les dires, « signé la mort des petits éleveurs » à Maurice. « Trois ans de cela, nous étions plus de 2 000 à travers le pays. Depuis que le gouvernement fixe le prix dans le cadre du Qurbani, beaucoup de petits éleveurs ont été contraints de rendre leur tablier. Nous ne sommes aujourd’hui que 800 », déplore Prakash Bukhoree, président de la société coopérative.

Cet habitant de Plaine-des-Roches explique que l’élevage d’un bovin coûte en moyenne Rs 60 000 sur deux ans. « Pour un bovin, il faut 10 kilos d’aliments d’engraissement et laitier par jour sur deux ans. L’aliment d’engraissement est vendu à Rs 438 le sac de 40 kilos et l’aliment laitier est vendu à Rs 677 le sac de 50 kilos. Ce qui revient à environ Rs 57 000, sans compter le fourrage, la main-d’œuvre et le diesel, entre autres charges. À cela, il faut ajouter le prix de l’animal, soit Rs 25 000. En fin de compte, une tête de bétail nous revient à Rs 90 000 et le gouvernement souhaite que nous les revendons à Rs 50 000-Rs 60 000 la pièce », explique le président de la Cow Breeders’ Cooperative Society.

 

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