
Médecin le jour, Sensei le soir, le Dr Sandip Vencatakistnen allie médecine et Kyokushin. Entre soins et arts martiaux, il prêche discipline, résilience et équilibre corps-esprit.
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Il y a des médecins qui soignent le corps. D’autres, l’esprit. Le Dr Sandip Vencatakistnen fait les deux. À la Clinique Medicare à Bambous, il est médecin généraliste. Sur le tatami, il devient Sensei Sandy, 4e Dan de Kyokushin, cet art martial japonais exigeant où le corps et l’esprit se rencontrent dans la discipline et le dépassement de soi. Entre coups portés et leçons de vie, il montre que le karaté peut être bien plus qu’un sport : un véritable outil de résilience, de discipline et de transformation personnelle.
À 4 ans, sous l’œil attentif de son père, Shihan Nanda Vencatakistnen, 5e Dan et Branch Chief de la Kyokushin World Federation (Mauritius)depuis 2019, il apprend la première leçon : le corps peut souffrir, mais l’esprit peut rester invincible. D’ailleurs, explique-t-il, le Kyokushin signifie littéralement « La Vérité Ultime » : « Plus qu’un art martial démonstratif, cette forme de karaté japonaise met l’accent sur la résistance, la rigueur et la vérité dans l’effort. Elle se distingue par une approche de combat en full contact à mains nues, accompagnée d’un entraînement particulièrement exigeant. C’est une véritable école de vie. »
Le karate, ajoute-t-il, a constitué un fil rouge tout au long de son parcours. À 18 ans, il ouvre même son premier dojo à Port-Louis. Après le Collège Royal de Port-Louis, une bourse l’emmène en Russie pour étudier la médecine. Là-bas, il continue de pratiquer le Kyokushin. « En Russie, j’ai participé à plusieurs tournois internationaux et j’ai ouvert un dojo », précise-t-il. À son retour à Maurice en 2015, il enchaîne les succès : champion national en 2016, troisième place à l’Open de La Réunion en 2017, vice-champion de l’Indian Ocean Championship en 2019 et sélectionné pour le World Championship au Kazakhstan. Nommé entraîneur national de la selection mauricienne en 2020, il préside, depuis 2024, la KWF (Mauritius).
Mais ce n’est pas seulement la compétition qui le définit. Pour le Dr Vencatakistnen, le Kyokushin est un instrument de santé, mentale notamment. « Le Kyokushin renforce la résilience, la gestion du stress et la confiance en soi. Sa philosophie de ‘Never give up’ aide à surmonter les difficultés de la vie. Cette philosophie de ne jamais abandonner, même face aux épreuves de la vie ou de la maladie, je la transmets autant à mes élèves qu’à mes patients », explique-t-il.
Il raconte comment les jeunes timides ou victimes de harcèlement trouvent dans le dojo un espace pour se reconstruire : « Beaucoup de jeunes arrivent au dojo très timides, souvent victimes d’intimidation et en manque de confiance. Le Kyokushin leur enseigne le respect, le contrôle de soi et la maîtrise des émotions. Ils trouvent un équilibre et deviennent plus résilients, capables de s’affirmer sans agressivité. »
Les retours des jeunes qu’il forme sont éloquents : « Ils gagnent en confiance, développent la discipline et la concentration à l’école. Les victimes de harcèlement ou les jeunes très timides s’affirment. Ils apprennent à respecter les autres et à se respecter eux-mêmes. Nombreux sont ceux qui me disent que le dojo est devenu une seconde famille, un lieu où ils trouvent force, équilibre et motivation. »
Chez ses pratiquants, de 5 à 80 ans, les effets se voient sur le corps et l’esprit. « C’est aussi un excellent moyen de gérer son poids et de rester en bonne santé », note-t-il. Le Kyokushin devient alors une « méditation en mouvement ». « Le stress mental possède également une composante physique que l’on a souvent tendance à négliger. Le Kyokushin aide à relâcher les tensions et à retrouver un équilibre intérieur », détaille-t-il, en évoquant de jeunes élèves et patients qui ont trouvé une nouvelle stabilité dans leur vie grâce à l’art martial.
« La discipline acquise durant l’entraînement se transpose dans les études et dans la vie quotidienne. Les katas exécutés en Kyokushin permettent de briser le stress et de rester concentré sur ses objectifs. Durant mes études de médecine, je revenais constamment aux pratiques des katas, surtout en période d’examens », raconte-t-il.
Son approche médicale s’inspire directement de cette discipline. « Les arts martiaux apportent une dimension de prévention et de bien-être complémentaire aux soins médicaux classiques », affirme-t-il. La respiration, la méditation et le mouvement sont au cœur de sa pratique.
À la clinique Medicare de Bambous, il combine médecine conventionnelle et traitements innovants : Focus Shockwave, Cold Plasma Therapy, Pressotherapy, EMS Chair Therapy… Beaucoup de premières à Maurice. « Depuis quelques années, les Mauriciens sont de plus en plus réceptifs aux approches intégratives. Ils ne se limitent plus au traitement des symptômes, mais considèrent aussi le bien-être physique, psychique et émotionnel. »
Son double rôle de médecin et de Sensei nourrit un engagement fort pour la communauté. « En tant que médecin, je soigne le corps et j’accompagne mes patients dans leur rétablissement. En tant que Sensei, je forme le cœur, la discipline et la détermination des jeunes et des adultes. Ces deux rôles sont complémentaires. La rigueur du karaté soutient ma démarche médicale et la bienveillance du médecin nourrit ma pédagogie dans le dojo », explique-t-il.
À travers la Fédération Kyokushin de Maurice, il promeut cette philosophie comme un vecteur de bien-être et de vivre-ensemble. « Les projets éducatifs menés dans les écoles et les quartiers visent à démontrer que le Kyokushin n’est pas seulement un sport, mais une philosophie de vie. C’est une dynamique qui favorise la santé, la discipline et le vivre-ensemble. »
Pour l’avenir, il rêve plus grand : intégrer le Kyokushin dans les écoles, les cliniques et les communautés afin qu’il soit reconnu comme « un outil de santé publique et de développement personnel ». Et conclut avec cette aspiration : « Je rêve d’un avenir où chaque enfant et chaque adulte pourra bénéficier de cette discipline, non pas seulement pour apprendre à se défendre mais surtout pour apprendre à se dépasser, à gérer ses émotions et à bâtir une société plus forte et équilibrée. »
Médecins et karatékas : un duo hors du commun !
Dans le tumulte de la vie hospitalière, certains trouvent refuge dans le calme. D’autres, comme le Dr Sandip Vencatakistnen, alias Sensei Sandy, et son épouse, le Dr Neha Goorah-Vencatakistnen, trouvent leur équilibre dans la puissance du Kyokushin. Timide et réservée, le Dr Neha se contentait du yoga et du zumba. À 26 ans, jamais elle n’aurait imaginé enfiler un kimono.
C’est pourtant au détour d’un stage médical à l’hôpital Dr A.G Jeetoo à Port-Louis qu’elle croise Sensei Sandy. Il l’invite au dojo de Bambous, où il enseigne le Kyokushin. Avec humour, elle confie : « Au début, j’y allais pour lui… mais après trois mois, ce n’était plus par amour pour lui mais pour le Kyokushin… »
Formée au SSR Medical College, le Dr Neha se souvient de son internat comme d’une période de stress intense. « Sous la guidance de Sensei Sandy, le Kyokushin m’a offert bien plus qu’un exutoire. C’était une discipline, une force intérieure et un focus renouvelé… » raconte-t-elle à Le Dimanche/L’Hebdo.
Depuis ses débuts en 2017, elle a gravi les échelons du Kyokushin et arbore aujourd’hui fièrement sa ceinture verte. Deux examens la séparent de la ceinture noire, mais pour l’instant, elle consacre son temps à ses deux enfants. Chaque semaine, elle s’entraîne une heure et demie au dojo et chaque jour, pratique avec son mari et leurs enfants. Pour elle, le karaté est devenu un rituel familial, un moment de cohésion et de bien-être partagé.
Au cabinet de la clinique Medicare, le Dr Neha intègre les bienfaits du Kyokushin à sa pratique médicale. Elle le recommande souvent aux parents lors des bilans de santé, notamment pour les enfants hyperactifs, et suggère le yoga pour améliorer la santé mentale. « Le Kyokushin aide à canaliser l’énergie, à renforcer la confiance en soi et offre à chacun, surtout aux femmes, les outils du self-défense », précise-t-elle.
Ensemble, les Drs Sandip et Neha Vencatakistnen rappellent que la santé ne se limite pas aux prescriptions. Elle se cultive dans le mouvement, la discipline et l’harmonie entre le corps et l’esprit.

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