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Mookhesswur Choonee : Itinéraire d’un infatigable engagé

Mookhesswur Choonee a exercé plusieurs portefeuilles ministériels au cours de sa carrière politique.

Ancien ministre, haut-commissaire et professeur, Mookhesswur Choonee refuse l’idée de retraite. Entre engagement associatif, vie de famille et passion pour la transmission, il revendique une continuité plutôt qu’une rupture.

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Il n’aime pas le mot « retraite ». Pour Mookhesswur Choonee, ancien ministre, haut-commissaire et professeur de biologie, la vie ne se divise pas en chapitres. Elle se poursuit, avec ses habitudes, ses engagements et cette volonté d’être utile. Installé à Moka, il préfère parler de continuité plutôt que de rupture.

Né dans une famille modeste du district de Flacq, il a grandi dans une maison où l’effort et la discipline étaient les seules clés possibles. L’enfant studieux découvre vite que le savoir ouvre des portes. Élève appliqué du Royal College de Port-Louis, il s’impose par sa rigueur et son amour des études. 

Il se rêve d’abord médecin, mais ses ambitions se heurtent aux réalités matérielles. C’est en Inde, à Chandigarh, qu’il réoriente son avenir. Il y décroche un diplôme en radiographie et radiothérapie, sponsorisé par l’OMS, au Post Graduate Institute of Medical Education and Research. Cette période forge son regard : discipline, rigueur, mais aussi ouverture à un monde plus vaste que celui de son île natale.

À son retour, il choisit l’enseignement. Dans les salles de classe, il transmet la biologie avec exigence, mais ses cours débordent du programme. Ses anciens élèves se souviennent d’un professeur qui transformait un schéma de cellule en réflexion sur l’effort ou la solidarité. C’est aussi dans ces années-là qu’un détail banal change son existence. Chargé d’aller chercher les salaires de ses collègues auprès de la PSSA (désormais PSEA), il croise Devika. Leur mariage devient, selon ses propres mots, « le socle sur lequel tout le reste s’est construit ».

L’enseignement, pourtant, ne suffit pas à étancher sa soif d’engagement. Héritier de la fibre sociale paternelle, il se tourne vers la politique. Son père, figure respectée du travail social – aujourd’hui âgé de 97 ans – lui a transmis très tôt cette idée simple : « servir son prochain est le plus noble des devoirs ». 

Premier scrutin, première victoire : dans la circonscription n˚12, il bat des adversaires de renom, porté par une campagne de proximité et de travail acharné. La suite est connue : plusieurs portefeuilles ministériels – Jeunesse, Arts et Culture, Logement et Terres – où il imprime sa marque.

Un autre moment fort de sa carrière est sa nomination comme haut-commissaire de Maurice en Inde. Là-bas, il retrouve le pays de ses études, mais dans un rôle tout autre. « J’ai vécu ce poste comme une mission de cœur. » Il tisse des liens avec la diaspora, renforce la coopération bilatérale et s’emploie à faire rayonner Maurice dans un pays-continent où il faut savoir exister.

Les titres et les fonctions, pourtant, ne l’impressionnent guère. Sa plus grande fierté, répète-t-il, se trouve dans sa famille. Son fils, Kaushal, s’est distingué en design en devenant lauréat. Sa fille, Preeyah, Chartered Accountant, a quitté une carrière prometteuse en Angleterre après que son père l’a convaincue, « avec tendresse et conviction », de revenir mettre son savoir au service de Maurice. Dans la maison de Moka, les rires de ses petits-enfants, Tiyahna (5 ans) et Keiyahn (3 ans), rythment désormais les journées. « Les voir courir dans le jardin, c’est un bonheur simple mais incomparable », confie-t-il.

Son quotidien est réglé mais jamais monotone : marche matinale dans les rues paisibles de Moka, lectures – « Les livres m’ont toujours permis de voyager au-delà de mes propres frontières » –, repas partagés et coups de main en cuisine pour Devika, qu’il aime aider à préparer les mets traditionnels. Mais c’est surtout dans l’action associative qu’il se retrouve. Président ou membre actif de plusieurs organisations, dont le GOPIO (Global Organisation of People of Indian Origin), il anime des causeries, accompagne des familles en difficulté, plaide pour la solidarité et s’adresse aux étudiants sur des thèmes allant de l’investissement à Maurice aux défis environnementaux. « La jeunesse doit comprendre qu’elle est la clé de l’avenir », aime-t-il répéter.

De ses fonctions ministérielles, il parle sans emphase. Ce qui reste, assure-t-il, ce ne sont pas les portefeuilles ni les honneurs, mais « les vies que l’on a touchées, les sourires que l’on a redonnés ».

À Moka, entre ses livres, ses promenades et les éclats de rire des enfants, Mookhesswur Choonee mène une vie en apparence ordinaire. Mais elle est traversée par une constante : la conviction qu’une « nouvelle jeunesse » peut naître quand on refuse d’interrompre l’élan. Pour lui, l’engagement n’est pas une fonction passagère, mais une façon d’habiter le monde.

 

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