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Bus Social et café mobile : le plan révolutionnaire d’un étudiant mauricien pour sauver des vies

À 21 ans, Young Pak Kian Louis porte un projet qui pourrait transformer l’approche de la santé mentale des jeunes.

«Imaginez-vous entrer dans un bureau pour un dépistage du VIH, avec de nombreuses publicités affichées juste devant la porte. En sortant, vous croisez des étudiants et leur première réaction serait : ‘Il n’a certainement pas utilisé de protection.’ » Cette image choc, Young Pak Kian Louis la brandit pour dénoncer les espaces qui stigmatisent au lieu de sauver. À 21 ans, le président du Conseil national des étudiants a un plan pour révolutionner l’aide aux jeunes en détresse.

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En ce mois de septembre dédié à la prévention du suicide, une question cruciale se pose : où les jeunes Mauriciens peuvent-ils vraiment parler sans être jugés ? La réponse de Young Pak Kian Louis Mygel Andrew Young Chin Fa est sans appel : « La plupart des jeunes ne connaissent pas vraiment les lieux sûrs. Il existe toujours un obstacle entre les services existants et leur visibilité. »

Le jeune homme, engagé dans le bénévolat, a théorisé sa vision d’un « lieu sûr » autour de trois composantes révolutionnaires. D’abord, l’espace physique : « Un lieu accessible à tous, quelles que soient les origines, neutre, confortable et qui offre une liberté intime, sans isolement ni stress. » Ensuite, le temps : « Offrir de son temps est l’acte unique qui témoigne de l’estime que l’on porte à la personne. » Enfin, l’écoute active : « Le cœur du concept, où l’intelligence émotionnelle joue un rôle important. »

Cette approche holistique tranche avec les solutions actuelles. Certes, des psychologues interviennent dans les collèges publics et des ONG comme Befrienders Mauritius offrent un soutien gratuit. Mais pour Young, ce n’est pas suffisant.

Le « Hybrid Youth Social Hub » : un rêve devenu projet

Son idée la plus audacieuse ? Un espace social hybride révolutionnaire, un « Hybrid Youth Social Hub » : « Un lieu à l’esthétique décontractée, avec des canapés moelleux et des plantes. Aucun bureau ne constitue un obstacle à la communication. » Connecté à une plateforme en ligne avec chat anonyme et gratuit, animé par de jeunes psychologues et des « ambassadeurs jeunesse » formés à l’écoute active.

Mais Young va plus loin. Il imagine un « Bus social », une unité mobile qui sillonnerait l’île : « Se rendre dans les zones rurales ou près des collèges et universités à des heures stratégiques. » Une approche de terrain pour aller chercher ceux qui n’osent pas franchir la porte d’un cabinet.

Inspiré du Social Crust de Vancouver, Young propose un « café social » qui emploierait des jeunes ayant surmonté des problèmes de santé mentale. « Un café social mobile ou fixe permettrait des rencontres informelles dans des lieux souvent fréquentés par les jeunes, avec un personnel formé à l’écoute active. »

Cette vision pragmatique s’attaque frontalement au principal obstacle : la stigmatisation. « Une peur ancrée en chacun de nous, une peur intérieure qui nous demande : ‘Que vont-ils penser ? Puis-je leur faire confiance ?’ »

Briser le cercle vicieux du silence

Car les lieux actuels peuvent intimider. Young dénonce ces espaces qui, malgré leurs bonnes intentions, repoussent par leur aspect clinique ou leur manque de discrétion. À l’inverse, il valorise les environnements naturellement accueillants : « La classe d’un professeur apprécié, le domicile d’un ami ou le cabinet d’un psychologue. »

Pour garantir la sécurité de ces nouveaux espaces, il s’appuie sur trois principes fondamentaux : « Droits, respect et responsabilité. Les droits impliquent l’absence de jugement, le respect de l’anonymat, et la responsabilité de préserver la confidentialité. »

L’aspect le plus novateur de son projet ? Impliquer massivement les jeunes eux-mêmes : « Recruter et former des jeunes pour jouer un rôle d’ambassadeurs. Leurs missions ne seront pas de faire de la thérapie, mais principalement de l’orientation, de l’écoute active et de l’accueil. »

Il propose même la création d’un comité national sur la santé mentale des jeunes pour influencer les décisions politiques. Une approche « bottom-up » qui bouscule les codes traditionnels de l’aide sociale.

Conscient des défis financiers, Young a prévu des solutions concrètes : partenariats avec des entreprises via la RSE, appel à des bénévoles expérimentés, collaboration avec des doctorants. Il envisage même un « Diplôme en travail social » pour professionnaliser les bénévoles.

Un impact mesurable

Les bénéfices attendus sont concrets : « Pour les écoles, il y aurait moins de harcèlement, une meilleure gestion du temps, un meilleur environnement. Au sein de la communauté, cela construirait une forme d’identité pour les jeunes, favorisant une socialisation positive. »

L’objectif ultime ? « Réduire le facteur de stigmatisation pour diminuer la peur des jeunes de demander de l’aide, permettre une détection précoce des tentatives de suicide et, à long terme, réduire les actes suicidaires. »

Sa conclusion résonne comme un manifeste : « Nous ne sommes pas faits pour guérir seuls ; nous sommes faits pour guérir ensemble. » À 21 ans, Young Pak Kian Louis porte un projet qui pourrait transformer l’approche mauricienne de la santé mentale des jeunes. Reste à savoir si les décideurs sauront saisir cette perche tendue par une génération qui refuse de se taire.

 

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