Les turbulences qu’a connues le vol DE-2314, opéré par la compagnie Condor, continuent de susciter des interrogations. Sollicité, un commandant de bord d’Air Mauritius se dit d’ailleurs perplexe sur les circonstances de cet incident.
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«Je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie. J’étais convaincue que c’était la fin pour moi, mon enfant et mon mari », raconte Evelyne (prénom d’emprunt), Mauricienne d’une quarantaine d’années. Sa petite famille et elle avaient embarqué à Frankfort, mercredi, pour le fameux vol DE-2314 opéré par la compagnie Condor, qui aura connu de fortes turbulences, jeudi vers 4 h 30, dans l’espace aérien seychellois.
À son atterrissage à l’aéroport Sir Seewoosagur Ramgoolam, à 6 h 29, les services de secours sont venus en aide à des passagers en état de choc. Dix-sept personnes ont subi des blessures nécessitant des soins. À samedi, quatre, toutes des femmes, des 272 passagers et 13 membres d’équipage de l’A330-900neo étaient toujours soignés dans des centres de santé.
Trois l’étaient à l’hôpital Jawaharlal Nehru, Rose-Belle. Une quatrième personne, une hôtesse de l’air qui était en fonction lors du vol, est traitée dans une clinique. Elle est la plus touchée, car elle a subi une fracture à la colonne vertébrale qui inspire des inquiétudes.
« Heureusement que nous avions mis notre ceinture de sécurité. Je pense que cela nous a évité d’être blessés. Dès que le clignotant s’est allumé, j’ai attaché celle de mon enfant et dit à mon mari, qui dormait, d’attacher la sienne. Les secousses ont commencé rapidement après. Comme beaucoup de gens dormaient, pas tout le monde avait attaché sa ceinture. J’ai vu des gens s’envoler dans la cabine pour retomber avec force. Je croyais que l’avion allait se briser. C’était la grosse panique à bord », avance Evelyne.
Et d’ajouter : « le temps restant du vol semblait être une éternité. Certains avaient beaucoup de mal à se calmer. Nous étions comme des victimes de guerre. »
Le Département de l’Aviation civile a ouvert une enquête, comme le veut la réglementation internationale, pour connaître les circonstances exactes de l’incident. En parallèle, la police a également ouvert une procédure.
Zone de convergence intertropicale
La rédaction du Défi Media Group a sollicité les explications d’un commandant de bord d’Air Mauritius concernant cet incident. Il indique que les turbulences sont courantes sur cette trajectoire durant cette période de l’année.
Opérant pour la ligne aérienne nationale depuis plusieurs années, le commandant de bord souligne que « l’endroit précis où l’appareil de Condor Airlines a subi des turbulences est une zone de convergence intertropicale. C’est-à-dire, un passage à haute turbulence durant certaines périodes de l’année. En général, les commandants ordonnent de servir le petit-déjeuner avant ou après être passé dans cette région aérienne. Car l’appareil est à 2 heures de l’île Maurice à ce point ».
Interrogé sur le fait qu’un vol d’Air Mauritius, qui a emprunté quasiment le même passage aérien, a pu « esquiver » la zone de turbulence, selon la police, le commandant répond qu’Air Mauritius possède plusieurs avions sophistiqués, dont l’Airbus 350 et l’Airbus 330neo (New Option Engine). « Ces appareils possèdent des radars extrêmement à la pointe. Ce qui nous permet d’éviter les turbulences. Par ailleurs, grâce aux multiples données que nous offrent les logiciels de ces appareils, cela nous permet de prendre les meilleures décisions lors des vols », dit-il.
Le commandant de bord d’Air Mauritius s’interroge toutefois. « Nous ne sommes pas meilleurs que les autres opérateurs aériens, mais je suis quand même un peu perplexe. Comment cela s’est-il produit, surtout sur cette région et durant cette période de l’année ? Car l’équinoxe de mars marque le changement de saison, qui correspond un peu au début de l’automne et la fin de l’été dans l’hémisphère sud. Ce sont des phénomènes météorologiques qu’il faut bien étudier », dit-il.
Pilotage automatique
Questionné sur le pilotage automatique, élément évoqué, au niveau de l’enquête policière, par la commandante de bord sur le vol Condor Airlines, il précise que « c’est tout à fait normal en croisière. Le pilotage automatique est enclenché juste après le décollage et déconnecté juste avant l’atterrissage. Cela, dans le but de laisser le commandant de bord s’occuper d’autres tâches. Mais même si le pilotage automatique est enclenché, le commandant peut toujours changer de trajectoire ».
Selon lui, « en général, ce qu’il faut faire dans une situation pareille, c’est ralentir. Car les turbulences varient avec le carré de la vitesse. Par exemple, si la vitesse est 4, il faut faire la racine carrée de la vitesse qui équivaut à un niveau 16 pour la turbulence ».
Pour le commandant de bord, « forcément, les personnes qui ont été blessées n’avaient pas attaché leur ceinture de sécurité au moment des turbulences. Or, il faut souligner que dans le principe des commandants, avant qu’un vol ne décolle, il/elle accueille ses passagers. Un briefing est effectué à l’intention des passagers et lors des explications, nous demandons toujours aux passagers de garder leur ceinture de sécurité, même si la lumière du ‘seat belt’ est off, par mesure de sécurité ».
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