Selon le ministre de la Bonne gouvernance, l’affaire BAI est un problème sans précédent. Il estime que les Mauriciens doivent comprendre qu’il n’est pas aisé d’y trouver des solutions.
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Peut-on dire qu’on est sur le point de trouver une solution pour les grévistes de la faim ?
D’abord, nous comprenons tous la souffrance des grévistes. Le Premier ministre a ce dossier à cœur, c’est l’une de nos priorités. Depuis la semaine dernière, on se réunit régulièrement pour étudier tous les aspects de cette affaire, afin de trouver des solutions.
Quelles sont les options à l’étude ?
Avant d’en parler, permettez-moi de dire que nos compatriotes doivent comprendre que ce qu’on appelle le problème BAI est le plus gros souci que le pays ait connu. Je dirais même que c’est un problème sans précédent. On parle de 130 000 policy holders, de 25 000 à 30 000 investisseurs dans le plan Supercash Back Gold et de Bramer Asset Management. Cela implique plus de Rs 20 milliards. Jusqu’ici, le gouvernement a fait tout son possible pour soulager une partie des souscripteurs.
J’ai entendu certains dire à la radio qu’on aurait dû maintenir les opérations de la BAI et de la Bramer Bank, mais à l’installation du nouveau gouvernement, les régulateurs ont eu les coudées franches et ont fait un constat de leur situation. Ils ont dû prendre les décisions qui s’imposent pour protéger le public. Au cas contraire, on aurait eu plus de problèmes, parce que le gouffre financier de la BAI et de la Bramer Bank ne cessait de s’agrandir.
On ignorait où allait l’argent investi par les souscripteurs. De grosses sommes ont quitté le pays. Les régulateurs, dont la Financial Services Commission et la Banque de Maurice, ont dû agir pour protéger notre système financier. Sans ces actions, notre économie se serait écroulée.
Quand on voit un proche du MSM acheter des voitures à un prix dérisoire, on se pose des questions...
On doit voir ce problème dans sa globalité. Aujourd’hui, certaines personnes laissent entendre qu’on aurait pu faire autrement et, pourtant, quand elles faisaient partie du gouvernement, elles n’avaient trouvé rien à y redire. Cela dit, le gouvernement et ses techniciens travaillent d’arrache-pied en vue de trouver une solution. Sera-t-elle à la satisfaction de tout le monde ? Va-t-on accepter qu’on utilise les deniers publics pour payer des investisseurs privés ? Ce sont des choses qu’il faut analyser. Le problème n’est pas aussi simple, sinon mon prédécesseur aurait trouvé une solution, il y a deux ans. Ce problème a été mal géré dès le départ. Roshi Bhadain a fait croire qu’il y aurait de l’argent pour rembourser tout le monde.
Voulez-vous dire que l’ancien ministre Roshi Bhadain a induit le gouvernement et la population en erreur ?
L’ex-ministre de la Bonne gouvernance a induit tout le monde en erreur. La National Property Fund Ltd, qui tombe sous mon ministère, dispose de toutes les informations. Elle sait combien de personnes ont été payées et la somme d’argent que l’on va générer et ce qu’on pourra payer suivant un plan global. Quand j’ai atterri au ministère de la Bonne gouvernance, il n’y avait même pas de dossier à cet effet.
Combien reste-t-il à rembourser ?
J’ai dit au Parlement qu’il restait Rs 9 milliards à rembourser. Cela inclut des personnes ayant investi Rs 100 millions ou plus. Si on les exclut, on descend à environ Rs 8 milliards. Il faut préciser que ces Rs 9 milliards ne concernent pas les sociétés coopératives, à l’instar de Vidur. Mon prédécesseur a décidé qu’elles n’étaient pas éligibles à un remboursement.
Et les compagnies qui y ont investi ?
Elles sont aussi exclues, au même titre que les associations. Si on les inclut, on arrive à un montant de Rs 10 milliards.
Roshi Badhain avait parlé d’un remboursement en tranches jusqu’en 2020. Vous dites qu’il a fait cette annonce sans savoir d’où cet argent proviendrait ?
Où est-il maintenant ? J’ai donné des chiffres au Parlement. Pensez-vous qu’on est en mesure de générer Rs 9 milliards dans l’immédiat ?
Le gouvernement compte-t-il trouver une solution pour Vidur et les autres sociétés ?
On va les inclure également. Ce qui nous prend plus de temps. On étudie aussi l’impact de ce remboursement sur le Capital Budget. Le problème n’est pas simple. Le Premier ministre veut trouver une solution dans les meilleurs délais.
Il y a certains actifs qui attendent d’être vendus. Avez-vous trouvé des acquéreurs ?
On est à la recherche de repreneurs. Roshi Bhadain a dit qu’on pouvait vendre la National Insurance Company pour Rs 8 milliards. Cela a compliqué la situation. Aucun acquéreur ne s’est pointé.
La Sicom va-t-elle faire l’acquisition de la National Insurance Company ?
J’ai dit que toutes les options étaient ouvertes. Il y a non seulement la Sicom, mais aussi d’autres compagnies qui ont exprimé leur intérêt. L’important, c’est de ne pas rééditer l’épisode Britam et vendre à la va-vite.
On dit que, par le passé, certaines personnes n’ont pas assumé leurs responsabilités, alors que Pravind Jugnauth était ministre des Finances…
Je vous rappelle que Xavier-Luc Duval a aussi occupé ce ministère. À un certain moment, il disait que la BAI était solide et maintenant il déclare qu’elle était malade. Il ne peut tenir un double langage. Un langage quand il est au gouvernement et un autre dans l’opposition. Sous l’ancien gouvernement, le Premier ministre et le ministre des Finances avaient donné du sérum à la BAI.
Pravind Jugnauth avait dit qu’il devrait y avoir 200 Dawood Rawat…
Oui ! Quand vous gérez vos affaires correctement, quand vous avez un plan… Vous vous souvenez qu’à l’époque, la BAI faisait beaucoup d’acquisitions, dont des terres agricoles à Sébastopol. Est-ce un plan pour les affaires, selon vous ? Il a dilapidé l’argent des policy holders et des investisseurs. D’où la présente situation. Ce qui explique qu’il recherchait le soutien de divers partis politiques et, aujourd’hui, ce sont les souscripteurs et les investisseurs qui en font les frais. Nous, au gouvernement, ne pouvions rester les bras croisés et laisser pourrir la situation. Le Fonds monétaire international avait même dit dans un rapport que la BAI représentait un risque énorme pour notre stabilité financière. Les autres banques ne voulaient pas traiter avec la Bramer Bank.
Salim Muthy parle d’un investisseur indien qui serait intéressé à racheter la MauBank pour Rs 19 milliards...
Un journaliste m’a posé cette question. Cela dit, si un investisseur est sérieux et veut racheter une banque, il doit savoir où aller et avec qui traiter. Doit-il se rendre au Jardin de la Compagnie pour faire connaître son intention ?
Kentish Moorghen : «Il faut un audit»
Pour Kentish Moorghen, le directeur de Prime Pillar et expert financier, il y a plusieurs options pour rembourser les souscripteurs aux plans de la BAI. D’abord, il propose un audit de tous les actifs de la BAI. Ensuite, il préconise d’établir un plan pour les vendre et pour trouver l’argent pour rembourser les clients.
« La partie assurance a été reprise par la National Insurance Company. Je ne connais pas sa solidité financière et j’espère qu’elle est sur la bonne voie, car tout repreneur voudra savoir si elle est profitable ou pas. »
L’expert financier estime qu’on ne se serait pas trouvé en pareille situation si, au départ, il y avait eu un audit pour connaître la valeur de tous les actifs du groupe, avant de procéder à la fermeture de la Bramer Bank et d’arrêter les activités de la BAI et de ses filiales. Pour lui, il reste toujours à prouver qu’il y a eu Ponzi Scheme.
Kentish Moorghen souligne que des actifs ont été vendus à la va-vite et qu’il faudrait éviter d’en faire de même pour les actifs restants. Il pense que puiser dans les fonds publics est une solution à court terme et qu’il est important que l’État trouve des solutions au cas par cas.
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