Sommes-nous prêts à affronter les caprices de Dame Nature ?

Sommes-nous suffisamment armés pour faire face aux inondations ?

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La question débattue dans l’émission Au cœur de l’info, samedi matin. Nawaz Noorbux et Jugdish Joypaul avaient réuni des représentants de la Road Development Authority et du National Disaster Risk Reduction and Management Centre. Prem Goolaub, de la station météorologique de Vacoas, était aussi sur le plateau.

Il a été question des systèmes d’évacuation d’eau mis en place par les autorités, mais aussi des équipements mis à la disposition des prévisionnistes. Déjà, il y a ce chiffre qui a retenu l’attention. à ce jour, Rs 1, 3 milliard ont été déboursées pour les travaux de réparations de la route Terre-Rouge/ Verdun.

Prem Goolaub, directeur suppléant de la station météo : « Nous avons beaucoup plus de pluie dans un court laps de temps »

Le directeur par intérim de la météo, Prem Goolaub, explique que Maurice n’a pas connu de cyclone intense depuis 2002, avec le passage de Dina. « Nous avons connu des cyclones, mais pas de la même intensité et il y a eu aussi des tempêtes tropicales plus ou moins intenses, mais qui ne sont pas passées sur Maurice. En matière d’inondation, les Mauriciens se souviennent de celles de 2008, mais avant cela, nous avons eu des inondations localisées. Ce qui se passe maintenant, c’est que nous avons des accumulations d’eau provoquées par une grande quantité de pluie dans un court laps de temps. C’est un phénomène qui est là et qui risque de perdurer. »

Prem Goolaub a ajouté que, de la météorologie à l’hydrologie, l’environnement physique de Maurice a beaucoup changé ces dernières décennies.  « Maurice n’est plus ce qu’il était dans les années 80. Il y a eu beaucoup de développement. Quoi qu’il en soit, le problème fondamental reste le réchauffement climatique. L’humidité excessive dans l’atmosphère a changé la nature des averses. Nous avons beaucoup plus de pluie dans un court laps de temps. »

à propos des pluies torrentielles, le directeur par intérim de la station météorologique a précisé que ce terme était essentiellement utilisé pour avertir les établissements scolaires. La pluie torrentielle est définie par une forte pluviométrie enregistrée, soit 100 mm en 12 heures. Avec l’introduction d’un système de réduction des risques, il y a des précautions à prendre avant même d’atteindre les 100 mm de pluie.

Sommes-nous assez préparés pour anticiper ce genre d’averses ? En tout cas, selon Prem Goolaub, un radar en provenance du Japon, plus performant que ce que nous avons déjà à la station de météorologie, sera opérationnel en septembre de cette année.

Route Terre-Rouge /Verdun - Khemraj Servansing, de la SMF : « Jusqu’ici, les travaux de réparation ont coûté Rs 1,3 milliard »

Le commandant Khemraj Servansing a souligné que Maurice est classé par le World Risk Report des Nations unies comme étant parmi les 13 pays les plus vulnérables aux aléas naturels. Il explique que la mise sur pied du National Disaster Risk Reduction and Management Centre était devenue inévitable. « Cet organisme réunit des représentants de différents ministères, dont celui de l’Environnement, et de la police.

Nous sommes régis par un conseil de 27 membres, présidé par le ministre de l’Environnement, Etienne Sinatambou, et composé de fonctionnaires de différents ministères, de la police, de Business Mauritius et de la Chambre de Commerce de Maurice, entre autres. Nous nous rencontrons une fois par mois pour prendre des décisions et faire des recommandations. La National Disaster Risk Reduction and Management Act de 2016 stipule les attributions et les responsabilités de cet organisme. »

Khemraj Servansing a expliqué, par ailleurs, que même au niveau des collectivités locales, des Local Disaster Risk Reduction and Management Committees ont été mis sur pied et sont présidés respectivement par les maires au niveau des municipalités et les présidents de conseils de district.

Le commandant a expliqué qu’en cas de désastre imminent, le National Emergency Operations Command (NEOC) est activé. « Il y a trois niveaux. Dès que nous apprenons qu’il y aura une pluviométrie inhabituelle, nous déclenchons notre NEOC de niveau 1. Nos cadres commencent alors à gérer la situation. Si elle se détériore, nous activons le niveau 2. Pour ce qui est du niveau 3, nous avons 25 à 30 membres, avec des représentants de tous les secteurs, comme la Road Development Authority et le service médical. Ce comité est présidé par le commissaire de police. »

Dharmen Elayya, du National Disaster Risk Reduction  and Management Centre : « Un protocole à suivre »

à Maurice, il y a trois régions susceptibles de subir des glissements de terrain, selon Dharmen Elayya, du National Disaster Risk Reduction and Management Centre. Ces trois régions sont Chitrakoot, à Vallée-des-Prêtres, Vallée-Pitot et Quatre-Sœurs. Trois régions qui nécessitent une surveillance constante. « Nous avons là aussi un protocole à suivre. Il y a le warning stage. La police va sur place pour avertir les personnes qui habitent dans ces régions à risque. Ils sont prêts à évacuer à tout moment.

Une fois que la pluviométrie enregistrée est de 100 mm en 24 heures, nous déclenchons l’évacuation. La police régulière et la Special Mobile Force procèdent à l’évacuation des familles. Plusieurs exercices de simulations ont été faits dans le passé. »

Dr Dass Mootanah, directeur de la RDA : « Rs 100 M dépensées pour l’entretien des drains »

C’est le chiffre révélé par le Dr Dass Mootanah. Il a souligné que beaucoup de travaux de nettoyage et d’entretien de drains ont été entrepris l’année dernière. Le directeur de la Road Development Authority (RDA) a expliqué que des problèmes survenaient surtout sur les routes secondaires. « Nous nous penchons sur la question, car quand ces routes sont  inondées, l’eau arrive jusqu’aux routes principales. Les autoroutes actuelles sont construites selon des normes précises, en ce qui concerne l’évacuation correcte des eaux de pluies. »

Revenant au problème que connaît l’autoroute Terre-Rouge/Verdun, le directeur de la RDA a expliqué que la construction de cette autoroute a coûté Rs 2,6 milliards, mais elle connaît malheureusement des problèmes de glissement de terrain. Un tronçon de 300 mètres a cédé et, à la lumière de cela, la RDA a effectué des tests et des monitorings. « La RDA a identifié les zones à risque. Différentes méthodes ont été utilisées pour les sécuriser. 

À cause du mauvais temps et des flash floods, il y a eu des fissures sur le tronçon de Ripailles en direction de Valton. Nous procédons au monitoring de la pression d’eau qui vient d’en bas. Nous faisons un relevé concernant les glissements de terrain tout autour. C’est une région complexe. Il y a différents types de fissures qui nécessitent différentes méthodes de réparation. Jusqu’ici, les travaux de réparation ont coûté Rs 1,3 milliard. Ce qui reste à faire, ce sont des travaux mineurs. Nous devions finir en mars, mais nous allons prendre plus de temps que prévu. Nous adoptons une solution de risque zéro. »

Ravi Mungrah, ingénieur à la RDA : « Nous investissons dans l’amélioration des drains »

Le rond-point à hauteur de La Croisette, à Grand-Baie, a été inondé à la suite des récentes averses. L’ingénieur Ravi Mungrah a soutenu que la conception d’un retention pond a été mal réalisée. « Le complexe a fait provision pour un retention pond afin de retenir les eaux de pluies et qui doivent s’infiltrer dans la terre. Dans ce cas précis, la terre a été saturée et n’a pas tout absorbé. »

Ravi Mungrah a aussi souligné qu’un plan de trois ans avait été mis sur pied « et nous investissons beaucoup pour l’amélioration des drains afin de réduire les inondations. Mais il y a des agglomérations qui sont construites sur des flood plains. Nous ne pouvons pas intervenir dans de tels cas. Les collectivités locales doivent assumer leurs responsabilités. »

 

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