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Sécurité routière : une question d’attitude

Les données du bureau central des statistiques montrent que 2 814 hommes et 215 femmes ayant leur permis ont été impliqués dans des accidents de la route en 2015. Au niveau de la sécurité routière, les femmes sont considérées comme étant les plus responsables et moins dangereuses que les hommes au volant.

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« Les femmes conduisent mieux que les hommes », indique le président de Prévention routière avant tout (PRAT), Alain Jeannot. Les résultats les plaçant en conducteur idéal, les femmes sont à l’honneur. Malgré les conseils en sécurité routière, le nombre de morts sur les routes est en forte hausse. Rien que pour les mois de janvier au 6 octobre de cette année, la route à déjà fait 120 morts. Mais dans le monde le nombre de victimes féminines est moins important que le nombre de victimes masculines.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) indique que, dans le monde, ce sont les accidents de la route qui sont la première cause de décès chez les jeunes âgés de 15 à 29 ans. Cependant, le fait qui saute aux yeux, est parmi les conducteurs impliqués dans des accidents, ceux qui sont tués ou grièvement blessés sont de sexe masculin. L’OMS confirme que les hommes risquent davantage que les femmes d’être impliqués dans un accident de la route. Près de trois quarts (73 %) des tués sur les routes sont des hommes. Chez les jeunes conducteurs, les hommes de moins de 25 ans encourent près de trois fois plus de risques d’être tués dans un accident de voiture que les jeunes femmes.

Pourtant le principe d’égalité dans la circulation est bien présent avec un bon pourcentage d’hommes et de femmes au volant. La forte inégalité se trouve cependant au niveau des accidents et des infractions. Quant au contraste de l’attitude psychologique du genre, il démontre clairement que le fossé entre les sexes est bien réel. Un tour d’horizon permet aux observateurs de partager leurs avis sur une situation qui peut toutefois être modifiée avec un changement d’attitude, qui pourrait se faire grâce à l’éducation.

Kresta Dedans : « Le comportement hautain dissimule l’impuissance »

Les femmes roulent mieux que les hommes. C’est le constat de la motarde de la police nationale, Kresta Dedans. Elle est quotidiennement sur les routes, sur sa 650 CC à surveiller la moindre infraction. « Pour moi, l’homme et la femme sont égaux. D’ailleurs, il n’y a pas de grande différence dans leur manière de conduire. L’écart se creuse quand il s’agit du respect mutuel. Je trouve que les femmes sont plus respectueuses vis-à-vis de leur alter ego alors que les hommes ont un comportement plus arrogant.

C’est une attitude qui, selon moi, sert de carapace ». La policière observe que les hommes se sentent inférieurs vis-à-vis d’une femme flic. Ils veulent sortir les griffes, mais sont contraints par la loi d’abdiquer. Sentant leur virilité réduire, ils adoptent donc un comportement hautain pour dissimuler leur manque de puissance. « Face à cette attitude, en tant que policière, j’essaie de rester neutre. Mais en tant que femme cela me révolte », dit-elle.

Professeur Ibrahim Koodoruth : « L’ego est un frein majeur »

Pour le sociologue et professeur d’université, Ibrahim Koodoruth, les hommes du XXIe siècle pratiquent toujours la politique de l’autruche. Faire fi du danger constitue, selon le sociologue, un moyen de démontrer sa puissance. Il estime nécessaire de refaire l’éducation des chauffards. Pourquoi se comportent-ils mal au volant ? Un ego démesuré semble en être la cause. « Cette attitude doit être traitée depuis le plus jeune âge», estime-t-il.

Il est difficile de changer l’attitude des hommes au volant. Le professeur Koodoruth pense toutefois qu’il n’est pas trop tard pour changer le comportement des futurs usagers de la route. Pour y parvenir, il conseille d’attaquer le problème à la source. « La formation des jugements s’ancre très tôt dans la vie. L’éducation est donc la solution pour rendre les hommes plus responsables et consciencieux au volant ».

La domination masculine, explique-t-il, se fait sentir sur la route, car les idées reçues veulent que les hommes soient décrits comme les maillons forts : « Insulter les femmes sur la route est un moyen de montrer leur force. C’est une agressivité qui peut causer des accidents ». Un autre comportement répréhensible des hommes, ajoute-t-il, c’est le non-respect du code de la route : « La mentalité de la résistance est toujours une manière de prouver qui est le plus fort ». Outre ce comportement macho, le besoin d’appuyer sur le champignon, même quand il n’y a aucune urgence, est une habitude ancrée dans une société dominée par le sexe fort.

Alain Jeannot : dompter l’indomptable

Les femmes sont plus respectueuses vis-à-vis du code de la route. Le président de l’association Prévention routière avant tout (PRAT), Alain Jeannot, pense d’ailleurs que cette situation est similaire dans d’autres pays. Les hommes, affirme-t-il, ont plus tendance à adopter une attitude  de je-m’en-foutiste. Il cite d’ailleurs le nombre d’accidents de la route qui sont commis par la gent masculine. « De janvier 2013 à décembre 2015, 249 chauffeurs ont été impliqués dans des accidents alors qu’ils n’avaient pas de permis de conduire.

De ces conducteurs, 244 étaient des hommes », précise-t-il. Selon lui, un changement d’attitude s’impose. Une transformation qui permettra de réduire le nombre de blessés et de morts sur les routes. Pour réussir dans cette voie, le président de PRAT suggère que l’éducation des Mauriciens soit refaite en prenant en considération les aspects culturel, social et physiologique. « Si les bêtes sauvages peuvent être domestiquées, pourquoi

pas les êtres humains ? C’est une question de volonté. Il faut d’abord identifier le problème », lâche-t-il. Alain Jeannot est d’avis que les hommes doivent considérer le bon côté de la femme et suivre l’exemple. Et vice-versa, en un partage instructif et complémentaire.

Inspecteur Digvijay Bahadoor : dire stop aux idées reçues

« Les trois infractions fréquemment commises sur nos routes sont l’excès de vitesse, le dépassement de l’alcoolémie et le téléphone au volant. Les accidents de la route sont également causés par des facteurs psychologiques », indique l’inspecteur Digvijay Bahadoor de la Trafic Branch. Les données démontrent que les chauffeurs impliqués dans des accidents de la route sont majoritairement des hommes. Selon lui, c’est dû à l’imprudence. « Les femmes sont plus prudentes au volant.

Elles prennent en considération le code de la route. Elles sont d’ailleurs plus courtoises. Ce sont des éléments qui peuvent éviter une collision », dit-il. Pour l’inspecteur, les stéréotypes qui disent que les femmes sont lentes ne sont que des idées reçues. « Certaines perceptions veulent même que les accidents impliquant des femmes sont dûes au fait qu’elles se maquillent au volant ou qu’elles envoient des textos.

Ce sont toutefois des informations non-fondées tant que la police n’a pas de preuves. D’ailleurs, aucune étude n’a été effectuée dans ce sens », explique-t-il.

Mireille Invulnérable : « Renverser les clichés »

Mireille Invulnérable, 37 ans, n’a qu’une manière de gérer les clichés : adopter la zen attitude. Cette monitrice de moto-école est adepte du slogan « femmes au volant, succès au tournant». Elle est la première femme monitrice de moto-école et elle en est fière. Pour elle, ce job est le signe que la femme actuelle se trouve sur le même piédestal que l’homme : « Pourquoi se soucier de ce que les autres pensent quand nous avons les mêmes droits ? Il est dommage qu’aujourd’hui je sois l’unique femme monitrice de moto-école à Maurice.

Je suis toutefois persuadée que je viens d’ouvrir la porte aux autres femmes ambitieuses ». Pour Mireille Invulnérable, les femmes doivent se surpasser et arrêter de courber l’échine en croyant que certains domaines sont réservés aux hommes.

« Les clichés sont faits pour être renversés. Donc, faites comme moi. Quand je suis sur ma moto, les regards n’existent plus. Il n’y a qu’elle et moi. Les commentaires acerbes, je les ignore », indique-t-elle en esquissant un sourire.

Nombre d’accidents et de morts (chiffres du Bureau des Statistiques)

Janvier à octobre 2017 (données de la police)

  • Nombre de morts : 120 (+ 17,6 %)
  • Victimes mauriciennes (incluant piétons et passagers) : 96 hommes et 24 femmes
  • Victimes étrangères : 5 hommes et 3 femmes
  • Jour et heure quand il y a le plus d’accidents : les dimanches, entre 18 heures et minuit

2016 (données de la police)

  • Nombre de morts : 144
  • victimes mauriciennes (incluant piétons et passagers) : 102
  • Jour et heure où il y a le plus d’accidents : les dimanches, entre 18 heures et minuit

2015 (données du Bureau des Statistiques)

  • 3 029 cas d’accidents
  • Sans permis : 81 hommes - 0 femme
  • Learner driver’s licence: 873 hommes - 18 femmes
  • Avec permis: 2 814 hommes - 215 femmes
 

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