Sécurité routière : la Road Traffic Act suffisamment armée ?
Par
Ashwin Kanhye, Jean-Marie St Cyr
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Ashwin Kanhye, Jean-Marie St Cyr
Ce sont les jeunes, âgés entre 16 et 25 ans, qui ont été les plus impliqués dans des accidents de la route. Les amendements apportés à la Road Traffic Act permettront-ils de combattre ce phénomène de rajeunissement ? Éléments de réponse.
Le comportement, ainsi que la culture des jeunes automobilistes, sont, selon Barlen Moonsamy, des facteurs qui mènent à ce phénomène de rajeunissement. « Il y a d’abord le fait qu’ils n’ont pas d’expérience. Une qualité qui s’acquiert avec le temps et la pratique », fait ressortir notre interlocuteur. Il faut ajouter le tempérament des jeunes.
« Ils sont généralement à la recherche de sensations fortes, sans compter qu’ils sont souvent dans une logique de défier les autorités », explique Barlen Moonsamy. Ce dernier va plus loin en réclamant l’introduction du permis probatoire. Cette mesure est en vigueur dans plusieurs pays d’Europe, notamment en France depuis le 1er mars 2004. Le permis probatoire s’applique pour les titulaires du permis de conduire pour la toute première fois et c’est seulement au terme du temps dit probatoire et à condition qu’aucun retrait de permis n’ait eu lieu pendant cette période que le conducteur finit par obtenir un permis permanent.
À Maurice, plusieurs sources au niveau de la force policière s’accordent à dire que l’introduction de cette mesure est à l’étude. Le ministre Nando Bodha a affirmé mardi que, bien que la Road Traffic Act ait été amendée en trois occasions sous son mandat, il compte proposer de nouveaux amendements. Les mesures apportées à la Road Traffic Act vont-elles mieux protéger les jeunes conducteurs contre les accidents de la route ? Barlen Moonsamy se dit sceptique, car les changements apportés à la loi ne s’adressent pas spécifiquement ce phénomène de rajeunissement.
Le président de l’Association Routière Avant Tout (PRAT), Alain Jeannot, se veut plus optimiste. Il avance que toutes mesures susceptibles de remédier aux accidents de la route sont salutaires. « L’augmentation des amendes est une bonne idée. Les jeunes, qui sont les plus exposés aux accidents, sont généralement en train de démarrer dans la vie avec un premier travail et à cette période ils ne disposent pas de grandes ressources financières. Ils se retrouvent aussi souvent à dépendre financièrement de leurs parents. Il y aura de ce fait une prise de conscience, tant au niveau de ces jeunes qu’au niveau des parents, qui vont s’assurer que leurs enfants évitent de se mettre en danger sur la route », avance-t-il. « Cela ne sert à rien de venir avec de nouvelles lois si les policiers se contentent de ne faire des contrôles que les week-ends. Ce genre d’exercice doit s’étendre sur tous les jours de la semaine, au cas contraire ce sera un retour à la case départ », craint-il.
Une des mesures importantes concernant la Road Traffic Act porte sur la restriction de l’alcool au volant. Une mesure applicable déjà dans plusieurs pays en Europe et en Afrique. Si certains interdisent la consommation d’alcool au volant, d’autres ont réduit la limitation. Alors que dans d’autres pays, la vente d’alcool est carrément interdite et du coup, certains pays en Europe du Nord et de l’Est, comme la République Tchèque, la Hongrie, la Slovaquie et la Roumanie ne tolèrent aucune présence d’alcool dans le sang lorsqu’on est au volant. Dans d’autres pays de l’Union européenne, le taux autorisé est de 0, 5 g/L (50 milligrammes par 100 ml) de sang. Cela semble se faire peu à peu, puisque 18 États membres ont déjà appliqué cette pratique.
Allcoolémie non tolérée
Certains pays ont instauré un taux d’alcoolémie inférieur pour les jeunes conducteurs. Parmi, l’Espagne qui limite ce taux à 0,3 g/L pour les nouveaux conducteurs, alors que pour la Grèce, l’Irlande, la Lettonie, le Luxembourg, les Pays-Bas et la France, un taux de 0,2 g/L est autorisé, en Autriche le taux autorisé est de 0,1 g/L. 3w. Dans les pays comme la Croatie, l’Allemagne, l’Italie et la Slovénie, il est formellement interdit pour les jeunes conducteurs de consommer de l’alcool au volant.
D’autres pays ont une législation moins laxiste, notamment l’Estonie, la Suède et la Pologne où le taux ne doit pas dépasser 0,2 g/L.
Même les pays d’Afrique sont concernés par les restrictions. La Tunisie a réduit le seuil de l’alcoolémie tolérée pendant la conduite. Ce dernier est passé de 0,5 à 0,3 gramme par litre de sang dans le but de limiter les accidents de la route.
Avec les nouveaux règlements de la Road Traffic Act, le ministère de la Santé, le Pharmacy Board et la Pharmaceutical Association of Mauritius (PAM) travaillent actuellement sur l’élaboration d’un tableau indicatif. Cela concerne les effets du taux d’alcool présent dans les médicaments sur l’organisme. Ce tableau va permettre à ceux qui doivent prendre des médicaments qui contiennent un certain pourcentage d’alcool de savoir s’ils respectent la limite qui est de 20 mg. Notre interlocuteur souligne que les consommateurs devraient se montrer responsables et veiller qu’il n’y ait pas d’interaction entre leurs médicaments et d’autres produits comme les boissons alcoolisées qui accentuent les effets secondaires tels la somnolence. Le document devrait être prêt d’ici une semaine.