La vigilance est le mot d’ordre face aux escrocs qui rôdent et évoluent constamment dans leur approche malveillante. Les institutions bancaires sont aux aguets.
« Le secteur bancaire continue d'être sain, robuste et résistant, malgré les vents contraires extérieurs sous la forme de turbulences bancaires et de perturbations des marchés financiers mondiaux affectant les États-Unis et certains pays européens », affirmait le gouverneur de la Banque de Maurice, Harvesh Seegolam, lors du dernier Comité de politique monétaire. Or, s’il y a bien une question qui trépide la robustesse du secteur bancaire, c’est le « phishing » ou hameçonnage. En effet, certains clients des banques ont malencontreusement subi les conséquences de ce phénomène grandissant.
Quelque 475 cas de transactions frauduleuses ont été notés en 2022 selon la Banque de Maurice. Et le phénomène perdure en 2023. Des récentes publications sur Facebook soulevaient la problématique avec des pertes par milliers de roupies. Celles-ci concernaient certains utilisateurs d’une application mobile de la première entité bancaire du pays. Dans la foulée, la MCB a réagi : « suite à certaines publications circulant sur les réseaux sociaux faisant état d’escroqueries par l’intermédiaire de MCB Juice, nous tenons à rappeler à notre clientèle qu'il est essentiel de ne jamais partager vos coordonnées bancaires avec des tiers, tels que votre numéro de carte, votre One-Time Password (OTP) reçu par SMS ou vos identifiants clients. De même, avant d'effectuer un achat en ligne, notamment entre particuliers, vérifiez la fiabilité du prestataire ».
Le groupe affirme mettre en place des protocoles de sécurité stricts. La MCB indique également continuellement améliorer ses mesures de protection face aux nouvelles menaces. Celles-ci suscitent néanmoins de l’inquiétude. Car, comme le précise-t-on du côté de la Banque de Maurice, ce genre de cas de phishing prend de l’ampleur non seulement à Maurice, mais aussi à travers le monde entier. Qu’est-ce qui explique cette montée en puissance ? Un banquier répond que le nombre de fraudeurs est en hausse, en raison de la quantité de gens qui sont aujourd’hui habiles avec les outils informatiques. « Les fraudeurs se perfectionnent et rivalisent d’ingéniosité », argue le banquier.
Solutions
Or, dans la majorité des cas, les victimes ne peuvent pas récupérer leur argent. D’où la nécessité pour les institutions bancaires de prendre les dispositions afin d’éviter les transactions frauduleuses. Le « risk management » s’avère d’une importance majeure. Les clients des banques ont également une grande part de responsabilité. C’est dans cette optique que la Banque de Maurice alerte à intervalles réguliers les membres du public contre ces arnaques. Cela, à travers des communiqués et des mises en garde publiés sur son site. « Nous organisons aussi des sessions d’éducation financière avec les jeunes, mais aussi les personnes âgées, pour conscientiser le public par rapport à de nouvelles formes de fraudes financières », souligne-t-on chez la Banque centrale.
En cas de phishing, les victimes sont appelées à se rendre auprès de leur banque dans les meilleurs délais avec tous les éléments collectés tels que les traces de ces échanges. La Banque de Maurice conseille également aux victimes de demander à la banque de faire un rappel du virement bancaire au plus vite.
Le modus operandi des fraudeurs
Les escrocs ont parfois recours à des appels téléphoniques, mais ils privilégient davantage les réseaux sociaux comme plateforme pour approcher de potentielles victimes, explique-t-on à la Banque de Maurice. Facebook et WhatsApp sont les deux réseaux les plus utilisés en raison de l’accès immédiat à une très large audience. « C’est vraiment lancer un hameçon dans un vaste océan, en sachant à coup sûr qu’il y aura au moins une prise », poursuit-on. Dans la plupart des cas, les victimes sont des personnes ayant des besoins urgents d’argent et qui, par crédulité, perçoivent comme une solution providentielle les messages de possibilités d’emprunts rapides ou de gains juteux pour des investissements.
Les escrocs se font souvent passer pour des ‘facilitateurs’ ayant de bons contacts ou des représentants de banques commerciales. Ces derniers, ayant été approchés par des victimes potentielles, passent à l’étape supérieure en prenant contact avec leurs victimes par téléphone ou par courrier électronique. Souvent, les courriels portent le logo d’une entité bancaire ou financière et indiquent même une adresse similaire à celle de l’entité.
Lors de ces échanges, les fraudeurs prétendent ainsi pouvoir offrir un prêt à un taux très avantageux, voire plus faible qu’ailleurs, ou aider à obtenir un financement en 48 heures ou moins. D’autres font croire aux victimes qu’elles ont gagné à la loterie ou qu’elles bénéficient de cadeaux ou d’offres spéciales. Les stratagèmes sont nombreux et vont de la demande en mariage à la cagnotte d’une loterie en passant par l’envoi de colis de valeur ou d’offres d’investissement offrant de gros profits.
Les escrocs procèdent alors à des demandes d’envoi de documents personnels ou requièrent les détails de comptes ou de cartes bancaires et les identifiants et mots de passe en vue d’effectuer des transferts de fonds en leur faveur ou pour couvrir des frais administratifs. Pour les fraudeurs, l’objectif est d’obtenir les informations permettant de vider les comptes de leurs victimes.
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