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Santé numérique - moins d’écrans, plus de vie : le pari des vacances scolaires déconnectées 

Huit enfants sur dix entre 5 et 11 ans un téléphone mobile.

Alors que les vacances scolaires débutent, les écrans s’imposent comme les compagnons de jeu privilégiés de nombreux enfants. Pourtant, experts et médecins alertent : trop d’écran nuit au développement cognitif, au sommeil et aux relations humaines. Et si ces semaines de pause devenaient l’occasion de redonner toute leur place au jeu, à la créativité et aux liens familiaux ? 

Les vacances scolaires sont là. Pourtant, pour bon nombre d’enfants et d’adolescents, ce ne sont ni les grands jeux ni les aventures qui occupent leurs journées, mais bien les écrans. Trois semaines pour les plus jeunes, un mois pour les collégiens : autant de temps où la surexposition numérique guette. 

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Les dangers sont réels. Santé mentale fragilisée, troubles du sommeil, difficultés d’attention : les effets d’un usage excessif des écrans sont désormais bien documentés. Selon un rapport de Statistics Mauritius, 82,2 % des enfants âgés de cinq à 11 ans (soit plus de 8 enfants sur 10) utilisaient un téléphone mobile en 2024, contre 70 % en 2020. Chez les adolescents de 12 à 19 ans, le taux grimpe à 97,6 %, contre 95,7 % en 2020. 

« Je suis régulièrement interpellée sur la question du temps d’écran pour nos jeunes enfants. Ma position est claire : la prudence est de mise », prévient le Dr Vedhiyen Moonsamy, directeur de santé et bien-être au sein du ministère de l’Éducation. 

Il explique que l’éveil de nos tous petits passe avant tout par l’exploration du monde réel, les interactions humaines, le jeu libre, qui sont les véritables piliers de leur développement cognitif, émotionnel et social. Il avance que le numérique fait partie de notre quotidien et qu’il ne s’agit pas de le bannir, mais de l’intégrer avec discernement. 

« Pour les enfants en bas âge, chaque minute passée devant un écran est une minute de moins pour construire des liens, manipuler des objets, courir, sauter et parler », dit-il. Il encourage parents et éducateurs à privilégier la qualité à la quantité.

« Choisissons des contenus interactifs et éducatifs, et partageons ces moments avec nos enfants pour les accompagner. Le dialogue, l’explication et la co-visualisation sont essentiels », explique-t-il. Il ajoute que son message est celui d’une approche équilibrée : le temps d’écran doit rester marginal et encadré, au service de l’apprentissage et du lien, jamais en substitution de l’expérience vécue. 

Le Dr Vedhiyen Moonsamy indique que les études récentes mettent en lumière des tendances claires. « Pour les enfants de moins de deux ans, l’exposition, bien que non recommandée, est pourtant une réalité. Près d’un quart des enfants d’environ 17 mois passe une heure ou plus par jour de semaine devant un écran. Cette proportion grimpe à près de 35 % les jours de fin de semaine. Un peu moins d’un tout-petit sur 10 (8,9 %) regarde des émissions ou vidéos avant de se coucher, une pratique clairement déconseillée qui nuit à la qualité de leur sommeil. » 

De plus, pour les enfants d'âge préscolaire (de deux à cinq ans), le médecin souligne que bien que les recommandations limitent l’écran à une heure par jour, la réalité dépasse souvent ces seuils. « Le matin et le soir sont des périodes à risque : l’écran peut être utilisé pour faciliter le réveil ou, plus fréquemment, pour calmer l’enfant avant le coucher. Les repas sont aussi des moments où la présence d’écrans est malheureusement courante, privant les enfants d’interactions familiales essentielles. » 

Au-delà de l’âge, certains contextes aggravent cette exposition. « Les enfants vivant dans des ménages à faible revenu sont souvent plus exposés : 51 % d’entre eux passeraient plus de temps devant les écrans, contre 36 % pour les autres. De même, la présence d’un enfant plus âgé dans le foyer tend à augmenter le temps d’écran des plus jeunes. » 

Le Dr Moonsamy ajoute qu’il est clair que les écrans s’insinuent dans le quotidien des enfants, souvent par habitude ou par manque d’alternatives. « Chaque parent, chaque adulte a un rôle à jouer pour privilégier le jeu, la découverte et l’interaction humaine. » 

Les écrans peuvent être des alliés lorsqu’ils sont bien utilisés. Mais en période de vacances, ils ne doivent pas devenir les seuls compagnons de nos enfants. Encourager les sorties, les loisirs créatifs, la lecture ou le sport est essentiel. Pour les jeunes esprits en pleine construction, débrancher, c’est aussi mieux grandir.

Les « 4 pas » à respecter à tout âge 

1. Pas d’écran le matin 
2. Pas d’écran pendant les repas 
3. Pas d’écran avant de s’endormir (au moins 1 heure avant) 
4. Pas d’écran dans la chambre de l’enfant 

Ces règles visent à protéger le sommeil, les interactions familiales et la concentration des enfants. Il est recommandé de privilégier le jeu, la lecture et les activités physiques. Le numérique doit être un outil, non un substitut aux expériences humaines fondamentales.

Santé numérique

 

Les jeunes face à l’addiction 

Aujourd’hui, il est rare de voir un jeune sans son smartphone. Que ce soit dans son lit, dans la salle de bains ou en chemin, l’appareil est toujours à portée de main. Ce besoin constant de rester connecté, suivre les tendances, discuter avec ses amis, ou simplement ne rien manquer, révèle une peur sous-jacente : celle de la solitude. 

« Beaucoup d’élèves passent des heures sur des jeux comme Clash Royale ou Fortnite, parfois plus de 3 à 4 heures par jour », observe Kristen Nallan, enseignant à l’école internationale Le Bocage. « Ce n’est pas juste du divertissement, c’est devenu une routine. » Cette habitude a des conséquences visibles : fatigue en classe, devoirs non terminés, et même des troubles cognitifs comme le brouillard cérébral. 

Des études montrent que la lumière des écrans et certaines applications sont conçues pour créer une dépendance. Et cette exposition commence très tôt. « Certains parents utilisent les écrans comme solution rapide pour calmer leurs enfants dès la petite enfance », note Kristen Nallan. « Mais cela installe une relation précoce et problématique avec la technologie. » 

Aujourd’hui, il devient difficile de blâmer les jeunes : les smartphones sont profondément ancrés dans leur quotidien. Mais essayez de leur prendre leur téléphone, et vous verrez à quel point cela peut les affecter émotionnellement. « J’ai vu des élèves devenir anxieux ou même déprimés lorsqu’ils sont privés de leur téléphone », ajoute l’enseignant. 

Avec les vacances qui approchent, le temps passé devant les écrans risque d’augmenter encore. Beaucoup ne réalisent pas combien d’heures ils perdent chaque jour. C’est particulièrement préoccupant pour les élèves en School Certificate (SC) et Higher School Certificate (HSC0, qui devraient justement réduire leur usage du téléphone pour mieux se concentrer sur leurs études. « Les vacances sont une période clé pour consolider les acquis, surtout après les mock exams », rappelle Kristen Nallan. 

Selon lui, il ne s’agit pas d’interdire totalement les smartphones, mais de poser des limites claires. Voici quelques mesures simples mais efficaces : 

  • Définir des heures sans téléphone (par exemple le soir ou pendant les repas) 
  • Bloquer l’accès à certains sites ou applications 
  • Vérifier régulièrement l’usage du téléphone 
  • Éviter de laisser le téléphone dans la chambre la nuit 
  • Encourager des activités en plein air : randonnée, vélo, sorties nature… 

« L’autodiscipline est essentielle, mais elle ne suffit pas toujours », souligne Kristen Nallan. « Le rôle des parents est crucial, mais beaucoup n’ont pas le temps ou les outils pour encadrer efficacement leurs enfants. » Ce manque de suivi ouvre la voie à une utilisation excessive du téléphone. 

Enfin, si les parents eux-mêmes passent beaucoup de temps sur leur téléphone, il leur sera difficile d’imposer des règles à leurs enfants. « Les jeunes observent et imitent. Si les adultes ne montrent pas l’exemple, les limites deviennent floues », conclut Kristen Nallan. Il faut donc une réelle volonté parentale pour instaurer des règles claires et encourager une meilleure hygiène numérique.

Réduire le temps passé devant les écrans 

Ashvinduth Dwarka, Head of French Department au Modern College, souligne qu’une des premières étapes pour réduire le temps passé par les jeunes devant les écrans est d'établir des limites et des règles claires. Il avance que les parents et les éducateurs peuvent fixer des limites de temps pour les écrans, en fonction de l'âge et des besoins des jeunes. Il est également important, selon lui, de définir des moments de la journée où les écrans ne sont pas autorisés comme pendant les repas ou avant de se mettre au lit. « Les parents peuvent également établir des règles pour les contenus que les jeunes peuvent regarder ou utiliser sur les écrans. Par exemple, ils peuvent interdire les contenus violents ou inappropriés pour les jeunes. En établissant des limites et des règles claires, les jeunes apprendront à utiliser les écrans de manière responsable et équilibrée. » 

Les activités alternatives 

Une autre façon de réduire le temps passé devant les écrans est d'encourager les activités alternatives. Ashvinduth Dwarka propose que les parents et les éducateurs incitent les jeunes à pratiquer des activités physiques : sports ou jeux de plein air. Les activités créatives (la peinture, la musique ou l'écriture, la lecture ou encore la participation à des activités communautaires) peuvent également être encouragées. 

Les écrans comme outil éducatif 

Les écrans ne sont pas nécessairement mauvais pour les jeunes. Ashvinduth Dwarka souligne qu’ils peuvent être utilisés pour promouvoir l'apprentissage et le développement des jeunes. « Les parents et les éducateurs peuvent utiliser les écrans pour accéder à des ressources éducatives en ligne, comme des vidéos ou des applications éducatives. Les jeunes peuvent également utiliser les écrans pour créer du contenu à l’exemple d’une vidéo ou d’une présentation pouvant les aider à développer des compétences essentielles que sont la créativité et la communication, entre autres. » 

Des espaces sans écrans 

Ashvinduth Dwarka demande aux parents de créer des espaces sans écrans dans la maison, comme la salle à manger ou les chambres à coucher. Les écoles peuvent également créer des espaces sans écrans, notamment des salles de classe ou des bibliothèques. « En créant des tels espaces, les jeunes apprendront à apprécier les moments de silence, de réflexion, de prise de décision et à réduire leur dépendance aux écrans. Les espaces sans écrans peuvent également favoriser la communication et les interactions sociales entre les jeunes. » 

La surexposition 

Ashvinduth Dwarka souligne que la surexposition aux écrans est devenue un problème majeur pour les jeunes. Les écrans sont omniprésents dans notre vie de tous les jours, que ce soit à travers les téléphones intelligents, les ordinateurs, les tablettes ou les télévisions. Selon le prof, les enfants et les adolescents qui passent trop de temps devant les écrans sont plus susceptibles de développer des problèmes de santé comme l'obésité, les troubles du sommeil et les problèmes de vision. La sédentarité associée à la surexposition aux écrans peut également contribuer à une diminution de la condition physique et à une augmentation du risque de maladies chroniques. 

« Les jeunes qui passent trop de temps devant les écrans ont également tendance à avoir une alimentation moins saine, ce qui peut aggraver les problèmes de santé. Sur la santé mentale, la surexposition aux écrans peut entraîner l'anxiété, la dépression et les troubles du sommeil. La comparaison sociale sur les réseaux sociaux peut également contribuer à une diminution de l'estime de soi et à une augmentation du stress. » 

Impacts sur le développement cognitif 

La surexposition aux écrans peut également avoir des impacts négatifs sur le développement cognitif des jeunes. « Les jeunes peuvent avoir des difficultés à se concentrer, à mémoriser et à résoudre des problèmes. La surexposition aux écrans peut également réduire la capacité des jeunes à penser de manière critique et à prendre des décisions éclairées. Ils peuvent également avoir des difficultés à développer des compétences essentielles comme la lecture, l'écriture et les mathématiques. » 

Moyens pour réduire les impacts 

Il existe plusieurs moyens pour réduire les impacts négatifs de la surexposition aux écrans sur les jeunes. Selon Ashvinduth Dwarka, les parents et les éducateurs peuvent jouer un rôle important en limitant le temps passé devant les écrans et en encourageant les activités physiques et créatives. Les jeunes peuvent également être encouragés à développer des habitudes saines : la lecture, la marche et les sports. 

Il avance que les activités extracurriculaires offrent une opportunité pour les jeunes de développer des compétences, de faire de nouvelles expériences et de se connecter avec d'autres personnes partageant les mêmes intérêts. Ces activités ont pour objectif de permettre aux jeunes de développer des compétences essentielles pour leur avenir. « Les activités sportives, par exemple, aident les jeunes à développer des compétences comme la discipline, la persévérance et le travail d'équipe. Les activités artistiques, telles que la musique ou la danse, permettent aux jeunes de développer leur créativité, leur expression, des compétences sociales comme la communication et la résolution de conflits. Les jeunes qui participent à des activités extracurriculaires apprennent à travailler avec les autres, à partager des idées et à résoudre des problèmes de manière efficace. » 

Toujours selon le pédagogue, les activités extracurriculaires peuvent avoir un impact positif sur la confiance en soi. « Les jeunes qui se sentent compétents et capables dans une activité extracurriculaire sont plus susceptibles de se sentir confiants et capables dans d'autres domaines de leur vie, comme l’amélioration des résultats scolaires. » 

Il demande les parents et les éducateurs à encourager les jeunes à participer à des activités extracurriculaires pour les aider à atteindre leur plein potentiel.

Troisième trimestre décisif pour les élèves 

Après un trimestre exigeant, les élèves du primaire et du secondaire bénéficieront d’un congé scolaire du lundi 21 juillet au dimanche 17 août 2025. La reprise des cours est prévue pour le lundi 18 août, marquant le début du troisième trimestre, qui s’achèvera le vendredi 7 novembre 2025. Au secondaire, les élèves débuteront les cours 11 août pour finir le 31 octobre. 

Bien que plus court que les précédents, ce dernier trimestre est déterminant, puisqu’il inclut les évaluations de fin d’année pour les élèves. Concernant le Primary School Achievement Certificate (PSAC) destiné aux élèves de Grade 6, les Modular Assessments se tiendront les 2 et 3 septembre 2025, tandis que les examens finaux sont programmés du 28 au 31 octobre 2025. Les élèves de Grade 5 éligibles au PSAC, ainsi que les candidats privés, composeront aux mêmes dates. 

Dans ce contexte, Vishal Baujeet, président de la Government Teachers’ Union (GTU), encourage vivement les élèves à mettre à profit cette période de congé pour réviser efficacement et se préparer avec sérieux aux différentes évaluations.

Gianeswaree Caully : « Il faudra établir des règles sur l’utilisation des écrans » 

À l’heure où les écrans s’imposent dans le quotidien des plus jeunes, de nombreux parents cherchent des alternatives pour préserver l’équilibre et le développement de leurs enfants. Activités créatives, jeux partagés, moments de complicité : des solutions simples existent pour réduire le temps passé devant les écrans et renforcer les liens familiaux. La psychologue clinicienne Gianeswaree Caully nous en parle. 

Les écrans sont partout, mais quelles alternatives les parents peuvent-ils offrir à leurs enfants ? 
Les parents peuvent proposer un éventail d’activités hors écran, comme mettre à disposition des livres d’histoires, des livres de coloriage ou encore des ouvrages d’activités ludiques (labyrinthes, jeux des erreurs…). Ils peuvent également initier des activités manuelles (DIY crafts) avec leurs enfants, afin que ceux-ci puissent les poursuivre en autonomie par la suite. Il est aussi possible de stimuler leur créativité en leur fournissant du matériel comme de la pâte à modeler, accompagné d’un thème (la mer, le zoo, les dinosaures…). Jouer avec les enfants permet d’encourager les jeux tout en modélisant des comportements de partage et de politesse entre frères et sœurs. 

Comment encourager les enfants à respecter de nouvelles règles sans les punir ? 
Pour cela, il est essentiel d’établir des règles claires concernant l’utilisation des écrans, et de réduire progressivement le temps passé devant ceux-ci. Par exemple, on peut diminuer ce temps de 30 minutes chaque semaine. Si l’enfant parvient à respecter cette nouvelle limite, il est important de valoriser ses efforts. 

Quel rôle les parents peuvent-ils jouer dans la réduction du temps d’écran ? 
Les parents peuvent consacrer davantage de moments de qualité à leurs enfants, afin de renforcer leurs liens. Ils peuvent également adopter eux-mêmes un comportement moins centré sur les écrans. La réduction du temps d’écran peut devenir un défi collectif, partagé par tous les membres de la famille. 

 

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