Creator for a cause, Sandrine Julien crée des messages qui ont un sens. Elle rêve d’un monde plus juste et équitable et s’engage résolument dans le combat pour la justice.
Depuis 12 ans, Sandrine Julien milite pour les droits humains. Cette Creator for a cause âgée de 40 ans met en lumière les injustices subies par les minorités à travers son travail et dans le domaine social. Passionnée par le traitement d’images, de vidéos et de photos, elle aime également créer des messages qui ont un sens. Consciente des défis auxquels sont confrontées des filles issues de milieux défavorisés, les travailleuses du sexe et les personnes LGBTQ+ entre autres, elle consacre ses efforts à les soutenir au quotidien.
En tant que femme lesbienne, Sandrine Julien est confrontée à une double discrimination qui renforce son engagement pour la justice. Son combat ne se limite cependant pas à revendiquer des droits, mais aussi à sensibiliser la population sur les réalités vécues par les minorités. Cette « Beach Lover » qui aime explorer son île, car c’est pour elle une source infinie de découvertes enrichissantes, utilise différentes plateformes pour ce faire, que ce soit à travers des conférences, des ateliers ou des campagnes de sensibilisation. « J’ai toujours cherché à apporter une aide concrète à ceux qui en ont le plus besoin », confie-t-elle.
Son rêve est de voir un monde plus équitable où chacun a la possibilité de s’épanouir pleinement, quels que soient son origine, son genre ou son orientation sexuelle. Elle souligne qu’elle continuera à se battre jusqu’à ce que cette vision devienne réalité.
Femme forte
Les femmes fortes ont-elles un rôle crucial dans la société ? « Leaders politiques, entrepreneuses et scientifiques etc., les femmes d’aujourd’hui défient les normes patriarcales en incarnant des rôles variés mais, selon moi, pas assez. Personnellement, je pense que certaines femmes inspirent la nouvelle génération à rejeter les stéréotypes de genre et à revendiquer l’égalité. À Maurice surtout, elles montrent qu’il est temps de rejeter le patriarcat toxique », répond Sandrine Julien. Elle cite des affirmations telles que : « Fam bizin res dan la kwizinn », « Garson premie lo, tifi deziem lo » et « Mwa ki mari dan lakaz », entre autres, pour illustrer les mentalités rétrogrades qu’elle dénonce.
Qu’entend-elle par femme forte ? La définition d’une femme forte, pour Sandrine Julien, est celle qui n’a pas peur d’être indépendante. Qui défie les obstacles avec courage. Qui ose exprimer sa vérité avec confiance. « Cela peut être une mère célibataire dans sa bicoque en tôle qui travaille dur pour s’occuper de ses enfants, une jeune femme qui ose dénoncer un homme qui la harcèle en pleine rue, ou encore une femme qui accepte de se remettre en question mais qui se bat pour ses convictions. »
Qu’en est-il de sa partenaire ? « Ma femme, elle, c’est la plus forte ! » lance Sandrine Julien dans un éclat de rire. C’est sa femme, ajoute-t-elle, qui l’encourage à être la meilleure version d’elle-même. « Elle me pousse à me surpasser et à m’améliorer continuellement. Bien que nous ne soyons pas toujours d’accord sur plusieurs choses, nous nous inspirons l’une de l’autre et cela nous permet de grandir ensemble. »
Qui dit femme forte dit féministe ? Selon Sandrine Julien, certains pensent que les féministes sont des « femmes en colère » qui détestent les hommes et qui rejettent tous les aspects de la féminité traditionnelle comme le mariage, la maternité, le fait de prendre soin de la famille, regardant de haut celles qui font ce choix. « Manti tousala. »
Les femmes peuvent-elles concilier force et féminité pour mener une vie épanouie ? Être féminine ne veut pas dire « asiz trankil dan enn ti kwin, riye me pa tro riy for, koze me pa tro koz for, met enn zoli rob me pa tro touni, travay me res trankil si to lapey pli for ki to mari, fer zanfan etc. », réplique Sandrine Julien.
Pour elle, une femme forte et féminine est tout simplement authentique, sans compromis. « Cela peut signifier différentes choses pour différentes personnes mais ça se résume à être à l’aise avec sa propre force intérieure et à l’exprimer. Cela peut être aussi simple que de porter ce qui lui plaît, des cheveux au naturel ou pas, de parler avec assurance et de poursuivre ses objectifs avec détermination. » En bref, être forte et féminine, c’est simplement être soi-même. « Samem tou. »
Et quelle est la place de la vulnérabilité ? Déjà, fait comprendre Sandrine Julien, la vulnérabilité ne signifie pas être faible. « En acceptant notre vulnérabilité, nous favorisons souvent notre croissance personnelle. Nous nous ouvrons à de nouvelles expériences, à des connexions et à des opportunités d’apprentissage et de développement », estime-t-elle.
La vulnérabilité nous permet également d’être authentiques et fidèles à nous-mêmes. « Quand nous cachons nos vulnérabilités, nous finissons souvent par présenter une fausse version de nous-mêmes au monde. J’ai essayé, c’est épuisant ! Donc, mesdames, nous ne sommes pas parfaites et c’est normal, nous sommes humaines. »
Dans le même ordre d’idées, prendre soin de soi, est-ce important pour maintenir un équilibre dans la vie des femmes ? Sandrine Julien répond par l’affirmative. En prenant soin d’elle-même, la femme s’offre du temps, son « me-time ». Elle est d’avis que c’est important pour développer une plus grande confiance en soi. Elle pense même que cela peut avoir un impact positif sur sa vie sociale, professionnelle et relationnelle.
Cela permet aussi de renforcer l’autonomie et l’indépendance des femmes, car elles apprennent à se fier à leurs propres capacités à répondre à leurs besoins et à leurs désirs. « Pa atann enn mari pou fer sa, fer li zot mem, zot ena kapasite. »
Sa construction personnelle
Sa construction en tant que femme, dit Sandrine Julien, elle le doit à plusieurs femmes. « En gros, ma mère m’a donné à manger, mon bain et c’est tout. Ce qui m’a appris qu’on ne devait compter que sur soi-même. » Une de ses enseignantes l’a aidée dans son développement, sa marraine lui a donné de l’empathie et sa patronne au boulot lui a montré qu’une femme pouvait avoir droit au même salaire et aux mêmes opportunités qu’un homme. « Mes cousines m’ont aussi beaucoup soutenue. Mon papa, lui, m’a donné l’envie d’apprendre et de m’améliorer et aujourd’hui, c’est ma femme qui m’encourage à le faire. »
Mais Sandrine Julien affirme avoir également été « built up » par ceux qui lui ont fait du mal, celles qui l’ont persécutée à l’école et par ceux qui ont bafoué ses droits. « J’ai érigé mes murs avec les pierres que les gens m’ont lancées », avoue-t-elle.
Les femmes, poursuit la Creator for a cause, lui ont donné une vision différente du « rôle de la femme » : être forte et douce à la fois, être capable de surmonter les difficultés tout en prenant soin des autres avec tendresse.
« Elles jouaient différents rôles dans leur famille et dans la société, tout en cherchant à créer un monde où chacun est respecté et traité équitablement. Ce sont des femmes qui ont montré aux autres qu’il n’y a pas de limites à ce que l’on peut accomplir et qui m’ont encouragée à poursuivre mes rêves, peu importe mon orientation sexuelle », dit-elle.
Et si elle devait leur être reconnaissante pour une chose en particulier, que serait-ce ?
« Je dois à toutes ces femmes ma passion pour la justice, l’égalité des chances et des opportunités. Je leur dois de m’avoir donné le courage d’exprimer mon orientation sexuelle malgré les discriminations et commentaires désagréables. Je leur dois mon envie de m’améliorer continuellement tout en acceptant mes faiblesses et de ne jamais rendre le mal par le mal », affirme Sandrine Julien.
Elles ont été d’un grand soutien pour son coming out ? « Oui. Toutes. Pour certaines, c’était un peu plus compliqué à accepter, pas par homophobie, mais plus par inquiétude par rapport au regard de la société et aux obstacles probables liés à cela », poursuit Sandrine Julien.
Trouver sa voix
Pour s’affirmer dans divers aspects de sa vie, Sandrine Julien partage qu’il n’y a pas de stratégie unique car chacun a sa propre réalité. « En gros, je dirais, mesdames, votre voix est puissante et précieuse. Ne laissez jamais personne vous faire croire le contraire. Que ce soit dans les grandes salles de réunion ou dans les conversations quotidiennes, vos idées, vos expériences et vos perspectives méritent d’être entendues. »
Aux jeunes femmes qui s’efforcent de s’affirmer dans le monde d’aujourd’hui, elle leur dit « manz ar li ». Les femmes, insiste-t-elle, ne sont pas faibles. « On nous a appris à croire que nous n’avons aucun pouvoir. Nous pouvons désapprendre cela. »
Comment les femmes peuvent-elles mieux se soutenir mutuellement dans leurs vies personnelle et professionnelle ? Les femmes se soutiennent déjà, répond Sandrine Julien. Ce sont les femmes, et pas les hommes, qui gardent les femmes en sécurité, affirme-t-elle. « Nous nous tournons les unes vers les autres quand on nous blesse. Que ce soit consciemment ou inconsciemment, nous comptons sur d’autres femmes pour nous protéger. Le discours selon lequel les hommes protègent les femmes n’est rien de plus qu’un moyen de nous enlever notre autonomie et d’éviter de rendre des comptes à ceux qui représentent un danger pour la reconnaissance des femmes en premier lieu », martèle-t-elle.
Adversité et résilience
On ne peut ignorer les défis auxquels les femmes font face. Ils sont trop nombreux, déclare Sandrine Julien. Elle cite les violences domestique, conjugale, physique, verbale, psychologique... Mais aussi la sous-représentation dans des postes à responsabilité, les abus sur mineures, la maternité précoce, l’objectification des femmes dans les médias et les publicités, le patriarcat, la masculinité toxique... « Le ‘procès’ d’une femme victime de viol commence déjà sur les réseaux : ‘Ki linz li ti mete ?’ ; ‘Kifer li ti deor aswar, linn rode’ ; ‘Linn rant dan loto boug la, ki li ti krwar pou arive ?’… C’est aussi à cause de cela que de nombreuses victimes se taisent », déplore Sandrine Julien. À travers son engagement social, elle a aidé plusieurs ONG à mener des campagnes de sensibilisation auprès du public et des femmes. « Des propositions ont été faites aux autorités, des recherches sur les différentes formes de violence et leurs conséquences, des cellules d’écoute pour les victimes. »
Face à l’adversité, poursuit-elle, la résilience et la force sont des atouts certains. « La résilience permet de rebondir après des épreuves, de trouver des solutions et de se reconstruire. La force intérieure offre, elle, la capacité de se défendre, de prendre des décisions courageuses. »
Son message
« Ah, la Journée internationale des femmes ! La seule journée qui suffit à compenser des siècles d’oppression et d’inégalités. Mais bon, c’est toujours sympa d’avoir une journée où tout le monde fait semblant de se soucier de l’égalité des sexes, non ? Allez, continuons à nous battre pour que chaque jour soit une journée de reconnaissance et de respect pour toutes les femmes, partout dans le monde. »
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