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Reza Uteem : «Ou pa bizin backing pou gagn enn travay»

Le plateau de l’émission « Au Cœur de l’Info » du mardi 20 mai, animée par Murvind Beetun, a réuni Reza Uteem, Eshan Juman, Dev Ramano.

Si l’avocat, Dev Ramano déplore l’absence de garde-fous  pour protéger les travailleurs , le ministre du Travail, Reza Uteem, promet des changements pour faire promouvoir la méritocratie. 

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Ils sont 1 765. Des hommes et des femmes employés par la Local Government Service Commission (LGSC) qui ont appris, en mai, que leur contrat allait prendre fin. . Ce licenciement collectif, qui touche principalement du personnel affecté aux collectivités locales, a provoqué un choc dans l’opinion publique.

Le mardi 20 mai, l’émission Au Cœur de l’Info, présentée par Murvind Beetun, s’est penchée sur cette affaire qui soulève de nombreuses questions, autant humaines que juridiques et politiques. Autour de la table : le ministre du Travail Reza Uteem, le député travailliste Eshan Juman, l’avocat Dev Ramano et l’ancien magistrat Noren Seeburn.

Dès les premières minutes du débat, Dev Ramano a planté le décor en parlant d’un « drame humain ». Pour l’homme de loi, les travailleurs concernés ne devraient pas payer le prix de décisions prises bien au-dessus de leur niveau. Selon lui, même si leur embauche ne respecte pas les procédures établies, cela n’altère pas la nature de leur emploi : ces personnes ont travaillé, ont accompli des tâches quotidiennes, et ne peuvent être traitées comme de simples anomalies administratives. Il déplore l’absence de garde-fous et appelle à une réforme en profondeur des mécanismes de recrutement dans les institutions publiques. Il a également rappelé que ce type de situation n’est pas inédit : en 2005, 2006, 2014, et aujourd’hui encore, l’histoire se répète, frappant systématiquement les plus vulnérables.

Face à cette critique, le ministre Reza Uteem a tenté de rétablir la ligne de conduite du gouvernement. Il a affirmé que son ministère était au courant de la situation et que les travailleurs concernés pourront faire entendre leurs doléances. Selon lui, cette décision n’a aucune motivation politique. Elle découle d’un constat clair d’illégalité des recrutements, validé après consultation avec le State Law Office et l’Attorney General. Pour le ministre, il est temps de rompre avec les pratiques du passé. Il a déclaré que le gouvernement actuel souhaite instaurer une culture de mérite, de transparence et de respect des procédures. Selon ses mots, « ou pa bizin backing pou gagn enn travay ».

Cette position n’a pas manqué de susciter des réactions, notamment envers le député Eshan Juman. En pleine campagne électorale, il avait assuré que personne ne serait licencié parmi les employés municipaux et ceux des conseils de district. Depuis, il a été la cible de critiques, certains lui reprochant d’avoir rompu sa promesse. Interrogé à ce sujet, le député a affirmé ne pas avoir eu connaissance des détails juridiques des contrats en question. Il s’est dit solidaire des travailleurs tout en rappelant que la situation actuelle est l’héritage d’un système mis en place par l’ancien régime. Il a même évoqué une certaine hypocrisie, pointant du doigt d’anciens membres du gouvernement qui, selon lui, tentent aujourd’hui de se dédouaner.

L’ancien magistrat et avocat Noren Seeburn, de son côté, a rappelé que cette situation n’est pas nouvelle dans le paysage politique mauricien. Selon lui, à chaque changement de pouvoir, des cas similaires émergent, car les recrutements sont depuis longtemps instrumentalisés à des fins politiques. Il plaide pour un audit humain des institutions, afin de faire toute la lumière sur la façon dont les embauches ont été effectuées. 

L’émission a également ravivé un autre sujet sensible : les bandes audio connues sous le nom de « Moustass Leaks », qui ont mis en avant les instructions de l’épouse de l’ancien Premier ministre, Kobita Jugnauth, pour ces recrutements. Elle avait soumis une liste de noms  à être soumis à LGSC. 

Pour Dev Ramano, ces enregistrements doivent faire l’objet d’une enquête indépendante. Il a renouvelé son appel pour une commission d’enquête afin de vérifier l’authenticité et la portée de ces propos. Il s’agit, selon lui, d’une étape essentielle pour restaurer la confiance dans les institutions.

À quelques semaines de la fin officielle de leur contrat, les 1 765 travailleurs restent dans l’incertitude. Ils ont reçu un préavis d’un mois, mais aucun plan de transition n’a été annoncé. Pour eux, il ne s’agit pas seulement d’un emploi perdu, mais d’un revenu qui disparaît, d’un avenir compromis et d’une stabilité familiale mise en péril.

 

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